Il faut un village pour cultiver une culture de la paix
20 septembre 2024
Les pays du golfe de Guinée — Bénin, Côte d'Ivoire, Ghana et Togo — sont confrontés à des défis conséquents pour faire face aux activités des groupes extrémistes violents qui étendent leur influence depuis le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Selon l'Index mondial du terrorisme, les pays du golfe de Guinée — notamment le Bénin et le Togo — ont subi une détérioration significative de la sécurité en raison de l'expansion de l'extrémisme violent en provenance des pays voisins. En 2023, ces deux pays ont enregistré 35 attaques et 90 décès attribués à des groupes extrémistes, marquant pour la première fois plus de 40 décès liés à l'extrémisme violent. En plus, le risque de propagation de l'extrémisme violent vers les régions nord du Ghana constitue un obstacle à la coexistence pacifique dans les communautés rurales frontalières.
Des tendances préoccupantes comme le chômage (des jeunes), l'inégalité économique, la discrimination, la concurrence pour les terres et les ressources naturelles, ainsi que la corruption, ont amené certaines communautés à se sentir marginalisées et exclues. . Les groupes extrémistes exploitent ces frustrations et les conflits locaux pour recruter de nouveaux membres et accroître leur influence, en particulier dans les zones reculées et les communautés rurales frontalières.
Les dialogues menés par la communauté constituent une plateforme essentielle pour renforcer la confiance et favoriser la coexistence pacifique.
Dans les zones éloignées où ces communautés sont particulièrement vulnérables aux menaces extérieures, l'engagement des communautés locales est essentiel pour repérer et signaler aux autorités nationales les signes potentiels de conflit et les vulnérabilités pouvant être exploitées par des groupes extrémistes violents. Plus tôt en 2024, Jonathan, un jeune leader communautaire, a participé à un dialogue organisé par le Conseil régional de la paix du Haut-Est. Lors de ce dialogue, Jonathan et les autres participants ont compris l'importance de leur rôle dans la détection des signes avant-coureurs de conflits et d'extrémisme violent. Jonathan a déclaré : « Nous avons beaucoup appris, notamment sur les causes de l'extrémisme violent et sur ce que nous devrions faire en tant que communauté ».
Le PNUD, à travers le projet « Prévention et Réponse à l'Extrémisme Violent dans le Corridor Atlantique », collabore avec des partenaires locaux dans les quatre pays du golfe de Guinée et au Burkina Faso pour mettre en place des infrastructures locales pour la paix et renforcer les systèmes d'alerte précoce et de réponse rapide (EWER). Dans le cadre de cette initiative, et en accord avec le Nouvel Agenda pour la paix, le PNUD plaide pour une approche inclusive qui mobilise l'ensemble du gouvernement et de la société afin de renforcer la confiance et de prévenir les conflits. Le rapport du PNUD sur les chemins vers l'extrémisme en 2023 a souligné le rôle important des acteurs locaux dans ces communautés. L'étude a révélé que 80 % des répondants faisaient confiance aux leaders religieux et 63 % aux leaders communautaires, tandis que la confiance envers les acteurs étatiques était nettement inférieure, avec 42 % pour le gouvernement national contre 45 % pour le gouvernement local.
Les leaders locaux peuvent avoir un impact significatif sur le terrain.
En tant que médiateurs au sein des comités de paix communautaires ou comme ambassadeurs de la paix dans leurs communautés, des leaders locaux comme Mme DA Marie, une enseignante à l’école publique au Burkina Faso, est à l’avant-garde de la promotion et de la sensibilisation sur l’importance du renforcement de la coexistence pacifique et de la prévention des problèmes qui peuvent conduire à l’extrémisme violent. En tant qu'enseignante, elle utilise son rôle pour sensibiliser ses élèves, notant que « ce cours nous permet de les sensibiliser à la cohésion et à la solidarité ».
Au Ghana, une initiative similaire impliquant des leaders traditionnels et religieux a renforcé la sensibilisation quant aux facteurs de l'extrémisme violent et au rôle essentiel que jouent les leaders locaux. Pognab Akantoan Comfort, une mère reine de la communauté, a déclaré : « Je me sens équipée et prête à éduquer mes sœurs et les jeunes, notamment sur l'extrémisme violent. J'encourage mes consœurs et tous les participants présents à relever ce défi et à veiller à ce que d'autres puissent bénéficier des connaissances acquises. »
Dans les zones difficiles d'accès, le rôle des membres de la communauté est particulièrement important.
Les services de sécurité, qui doivent couvrir de vastes territoires, s'appuient souvent sur les membres de la communauté pour détecter les signes précoces de menace. Des systèmes d'alerte précoce et de réponse rapide localisés sont essentiels pour prévenir l'extrémisme violent, car ils permettent d'identifier les facteurs de vulnérabilité et d'alerter les décideurs sur les risques potentiels de conflit. La collaboration entre les membres de la communauté et le gouvernement est essentielle pour une approche efficace de la prévention des conflits et de l'extrémisme violent. Les dialogues communautaires créent un espace important pour cultiver la confiance et la coopération entre les membres de la communauté et les services de sécurité. Au Togo, le PNUD a collaboré avec le Comité interministériel pour la prévention et la lutte contre l'extrémisme violent (CIPLEV) afin de former son personnel aux compétences nécessaires pour analyser et traiter les données collectées sur le terrain, ce qui a permis de renforcer le système d'alerte précoce et de réponse précoce (EWER) dans le pays.
Alors que le monde célèbre la Journée internationale pour la paix ainsi que le 25e anniversaire de l'adoption par l'Assemblée générale des Nations Unies de la Déclaration et du Programme d'action sur une culture de paix il est important de réfléchir au rôle vital de chaque membre de la communauté dans la prévention des conflits et la promotion d'une culture de paix pour le bénéfice de tous. Reconnaissant le rôle important et le potentiel des communautés en tant qu’agents de paix, le PNUD et ses partenaires (l’Australie, le Danemark, l’Allemagne et la Norvège) dans le cadre du projet « Prévention et Réponse à l'Extrémisme Violent dans le Corridor Atlantique » ont adopté une approche inclusive, et continue ses efforts à renforcer la cohésion sociale, la coexistence pacifique et le renforcement de la résilience des communautés face aux facteurs d’extrémisme violent.