LocationsLes femmes mènent le changement pour un Sahel sûr et prospère
27 mars 2023
Baba Sultan Ibrahim, Présidente de l'association des femmes de la sous-préfecture de Limani à Guité, Tchad
Alors que nous commémorons la Journée internationale des femmes ce mois, nous restons particulièrement inspirées par la résilience de celles à l'origine du changement dans les conflits prolongés, qui luttent pour la sécurité, la dignité et le bien-être de leur famille et de leurs communautés.
Chaque jour, dans les régions touchées par les conflits au Burkina Faso, au Cameroun, au Tchad, au Mali, au Niger et au Nigeria, ces femmes jouent un rôle clé dans le rétablissement de la paix et de la sécurité au sein de leurs communautés. Malgré les immenses défis auxquels elles font face, elles gèrent les comités de stabilisation des communautés. Certaines travaillent comme ingénieures, chargées de restaurer les infrastructures détruites par les conflits, telles que les maisons, les écoles, les postes de police, les cliniques, les points d'eau et les étals de marché, et d’autres fournissent à leurs communautés des biens et des services. Ces femmes sont en outre activement engagées dans les processus de prise de décision liés à la reconstruction des communautés et des zones détruites par la violence et les conflits.
Baba Sultan Ibrahim, Présidente de l’Association des Femmes de la Sous-préfecture de Limani, à Guité, au Tchad, a souligné le rôle joué par les femmes dans le rétablissement des moyens de subsistance. Par exemple, la fourniture d'intrants et d'outils pour l'agriculture et la pêche a permis aux agriculteurs et aux pêcheurs, dont 60 % sont des femmes, de gagner leur vie et de subvenir aux besoins de leur famille.
La participation des femmes aux plateformes multifonctionnelles a stimulé leurs capacités à créer des produits innovants et à intégrer des stratégies de vente novatrices. Les équiper de ces outils a non seulement contribué à accroitre leur productivité, mais a aussi renforcé leur sécurité financière, tout en prévenant les violences basées sur le genre.
Avec le soutien de la Facilité régionale de stabilisation du PNUD, l’impact de ces initiatives se reflète sur l'ensemble de la communauté, entraînant une diminution significative des attaques d'insurgés enregistrées à Guité et réduisant le recrutement des enfants dans les groupes armés.
Au Burkina Faso, les femmes contribuent à la restauration des terres dégradées et au nettoyage des espaces publics, y compris les marchés, les écoles et les centres médicaux. L'installation de systèmes solaires, dans le cadre de la programmation, a également un effet tangible sur les possibilités offertes aux femmes. « Nous avions l’habitude de subir de fréquentes coupures d’électricité, ce qui était particulièrement difficile pour les femmes au moment de l’accouchement », déclare Salimata Talata, sage-femme à la maternité de Seytenga, soulignant l'importance des kits solaires pour les établissements médicaux.
« Avec de l’électricité disponible 24h sur 24, nous pouvons désormais fournir des soins continus ».Salimata Talata
Dans l’ensemble, l’installation de milliers de lampadaires solaires dans les six pays permet aux femmes de se sentir plus en sécurité, en particulier la nuit, comme en témoigne l'augmentation de 46 % dans les résultats de l'enquête sur les perceptions en matière de sûreté et de sécurité entre 2020 et 2022.
Les femmes maliennes, quant à elles, se livrent à des activités génératrices de revenus telles que la pisciculture, le traitement des déchets plastiques, le tissage et la teinture. Ayant grandi comme orpheline, Adama Ouloguem, a rejoint un groupe de femmes de sa communauté pour contribuer aux efforts de stabilisation des moyens de subsistance. Se référant à la production et la vente de savons, elle illustre la manière dont les programmes de stabilisation ont contribué à renforcer les capacités entrepreneuriales et les revenus des femmes. Aujourd'hui, Adama est présidente de l'association Bandiagara.
Adama Ouloguem, présentant divers produits de savon à vendre dans la commune de Bandiagara
Marguerite Vadzaye Jeremie, au Cameroon, a retrouvé la stabilité financière et l'indépendance, grâce aux programmes de stabilisation. Après que le conflit a anéanti le projet agricole de sa famille, Marguerite a suivi une formation de tailleur et a reçu l'équipement nécessaire pour lancer sa propre entreprise. Aujourd'hui, âgée de 19 ans et troisième d'une fratrie de sept enfants, elle subvient à ses besoins et à ceux de sa famille. « Aujourd'hui, je gagne assez pour subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille, tout en travaillant pour atteindre mon objectif de devenir une styliste de renom ».
« Je forme également des jeunes filles et des femmes vulnérables afin qu'elles puissent elles aussi gagner leur vie. »Marguerite Vadzaye Jeremie
Marguerite présente avec bonheur l'une de ses créations
Bien que les femmes aient assumé des rôles de leadership essentiels au Sahel, dans le bassin du lac Tchad et dans d'autres régions du monde, elles continuent de faire face à de nombreux défis découlant de normes socioculturelles et d'obstacles structurels profondément enracinés.
Dans les contextes de crise et d'après crise, les femmes sont confrontées à de multiples traumatismes, notamment l'exploitation, la violence perpétrée par des groupes extrémistes et la séparation des familles, qui n’aspirent qu’à rentrer chez elles. Malgré ces difficultés, les femmes continuent de faire preuve d'une force et d'une résilience remarquables pour reconstruire leur vie. Leur participation et leur leadership sont essentiels pour créer un avenir plus sûr et plus prospère.