Face aux défis majeurs liés à la crise climatique et au développement, l’accès aux énergies renouvelables est devenu vital pour des centaines de millions de sahéliens. Au Sahel, région dotée de potentiels énormes, le PNUD s’est fixé l'objectif ambitieux de permettre à plus de 150 millions de personnes d’accéder à une énergie propre et abordable d'ici 2025. Biogaz, énergie solaire ou hydroélectrique…bien que les besoins demeurent importants, les transformations engagées en Gambie et en Guinée ont commencé à produire des résultats.
Au Sahel une transition vers le renouvelable
8 août 2024
Guinée, terre de l’hydroélectrique
Au milieu d’un décor montagneux serti d’un imposant couvert végétal à travers lequel serpentent de nombreux cours d’eau, les villages isolés de l’ouest de la Guinée, dans la région forestière, semblent évoluer à rebours du temps. Pourtant, sur cette terre à la pluviométrie abondante et regorgeant de ressources naturelles, plusieurs localités sont parvenues à combler la fracture énergétique grâce aux énergies renouvelables.
En Guinée, le taux d’accès au service énergétique est de 18,1%, dont 47,8% en zone urbaine et 2% en zone rurale. La consommation étant concentrée en milieu urbain, les ménages ruraux n’ont presque pas accès à l’énergie.
Dans les villages de Firadou et de Bolodou, séparés l’un de l’autre par une cinquantaine de kilomètres, des centaines d’habitants bénéficient désormais d’électricité sans interruption, grâce à la construction de barrages hydroélectriques.
« Désormais, nous avons des prises de courant chez nous pour charger nos téléphones et utiliser des appareils électroniques. Nous avons de la lumière pour mener nos activités dans la nuit. Nous pouvons même regarder la télévision pour nous informer ou nous divertir » s’enthousiasme un habitant de Firadou. Ici, la centrale électrique mise en place en 2017 et agrandie en 2021 produit 43 KVA d’électricité, et 60 KVA à Bolodou selon la représentation guinéenne du PNUD.
Ces projets d’énergie renouvelables ont été initiés par des jeunes, las d’être déconnectés et voulant rétablir une justice énergétique pour leurs communautés. Des prototypes ont d’abord été fabriqués avec les moyens du bord, et par la suite,le PNUD a accompagné ces initiatives locales et les a fait évoluer.
Une diversification économique nécessaire
« Plutôt que de se limiter à l’accès à l’électricité, nous nous sommes demandé ce qu’on pouvait faire de cette énergie. Grâce au bassin de retenue des barrages hydroélectriques, des sites de pisciculture ont été installés dans le but d’améliorer la sécurité alimentaire des populations. Des petits commerces de vente de boissons ou d’aliments réfrigérés ont également été créés »Mamadou Ciré Camara, chargé du programme environnement et développement durable du PNUD au Guinée
« L’énergie renouvelable crée des emplois pour la jeunesse. Je souhaite que les autorités et les bailleurs continuent de nous accompagner car beaucoup reste à faire. Nous avons les idées mais pas toujours les moyens » avance Fara Santos Kamano, électricien à la centrale hydro électrique de Bolodou.
La Guinée fonde sa stratégie d’accès aux énergies renouvelables et notamment à l’énergie hydraulique dans les zones rurales. Le potentiel hydroélectrique dans la production, le transport, la distribution, l’interconnexion, et la maintenance dans le secteur de l'Énergie est estimé à 6000 Mw pour une énergie annuelle garantie de 19300 Gwh. Progressivement, plusieurs initiatives et investissements relatifs à l’aménagement hydro agricole pour l’irrigation ou la transformation alimentaire seront mis en place. Cela concerne aussi le domaine de l’énergie solaire et du biogaz. Un levier de développement primordial pour le pays, qui entre dans la stratégie globale de réponse au défi climatique.
Une Gambie solaire
Un défi climatique pour lequel la Gambie, plus petit pays d’Afrique continentale, est l’un des meilleurs élèves. Et un exemple pour les autres pays sahéliens.
Déjà autosuffisant en électricité, le pays d’environ 2,6 millions d’habitants s’est lancé dans une vaste campagne de transformation de son parc énergétique. Un super parc photovoltaïque est en construction, destiné à ses besoins domestiques ainsi qu’aux besoins de ses voisins ouest-africains. Il devrait produire 250 MW d’ici à la fin de 2025. Des systèmes tournant à l’énergie solaire dans plus d’un millier d’écoles publiques et d’établissements de santé.
Les initiatives visant à la réussite de la transition énergétique vers le renouvelable sont également portées par la société civile qui y voit un intérêt pour accélérer le développement des communautés. Un changement de mentalités et d’usages qui passe par la sensibilisation et la formation.
La société civile comme détonateur
Dans le village côtier de Kartong au sud-ouest du pays, le projet « Fandema », qui signifie « se servir » en dialecte mandingue, permet à de centaines de jeunes femmes de se former dans les domaines de l’énergie renouvelable comme le photovoltaïque.
« Il y a une grande pauvreté énergétique et cela a un gros impact sur leur vie. Ils ont des difficultés d’accès à l’eau et à l’électricité. Il est essentiel de faire participer les femmes à la transition verte, car cela améliorera leur quotidien ainsi que celui de leurs proches et leur permettra d’avoir plus de temps pour elles » analyse Malang Sambou, président de l’association « Mbolo » qui pilote le projet.
« Entre le fossile et le renouvelable, le choix est clair en terme de bénéfices au niveau local. Si, en Afrique, nous avons moins de dommages et de catastrophes dus à la crise climatique, l'économie n’en serait que meilleure. Si nous sommes capables d'utiliser au mieux l'énergie verte tout en exploitant correctement les ressources, nous construirons une véritable conscience écologique pour les générations futures » conclut-il.
Parmi les anciennes apprenties de Malang, des dizaines travaillent dans des entreprises d’installation de panneaux solaires dans la région. Elles contribuent ainsi à l’amélioration du quotidien de milliers de personnes dans le pays et au développement de l’économie locale.