En Mauritanie, le pari gagnant des énergies renouvelables

La Mauritanie, pays particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique, est bien déterminée à limiter ses émissions de gaz à effet de serre. Symbole de cette volonté, de plus en plus de jeunes ont décidé de devenir acteurs de changement en entreprenant dans les énergies renouvelables. Parc solaire, biogaz, protection des abeilles, trois projets gérés par des jeunes témoignent entre autres des opportunités que constituent les ressources naturelles du pays.

9 août 2024
water next to the ocean

Mauritanie

Photo: UNDP WACA

Par Mansour Ndiaye, Représentant résident, PNUD Mauritanie

Dans le sud de la Mauritanie, les zones urbaines et périurbaines sont les lieux où se concentre l’immense majorité de ses 5 millions d’habitants. Les effets du réchauffement climatique se font moins ressentir dans la capitale Nouakchott que dans les autres villes. Pourtant, de plus en plus de jeunes vivant dans la capitale sont conscients de ces enjeux.  

En effet, en Mauritanie, soleil et vent font bon ménage, donnant au pays les atouts nécessaires pour mettre en place la transition énergétique démarrée depuis près de dix ans.

A Toujounine, la relève des énergies vertes

En banlieue de la ville, dans le parc solaire à grande échelle de Toujounine, Zaied Hamadi observe l’immense champ de 156 000 panneaux se dressant devant lui. Des panneaux solaires capables de produire 50 mégawatts d’électricité verte. En 2022, la plus grande centrale solaire du pays alimentait déjà plus de 12% de la ville de Nouakchott selon Zaied, jeune chef de la centrale. Une énergie dont le coût de production est inférieur à la production d’énergie fossile et donc plus abordable pour les ménages.  De quoi rendre fier Zaied, chargé de la gestion de l’infrastructure.

« À travers mon travail, je participe à cette transition pour faire face aux effets du changement climatique » affirme-t-il.

Une grande partie des gaz à effet de serre polluant la Terre et piégeant la chaleur du soleil provient de l’énergie fossile, source d’électricité et de chaleur. Dans ce parc comme ailleurs, un kilogramme d’électricité solaire produite équivaut à 700 grammes d’émission de CO2.

« La clé est l’utilisation des énergies renouvelables pour limiter le CO2 dégagé par les centrales fossiles. Cela peut avoir un effet sur tout un pays et même partout dans le monde, si on le fait sérieusement », explique le jeune chef de centrale. Et d’ajouter. « Ici en Mauritanie, nous avons une grande capacité solaire. L’inconvénient c’est qu’on ne peut produire qu’en journée. Il faut donc, soit faire du stockage, soit faire marcher le parc éolien. Mais le stockage reste pour l’instant trop cher ».

Selon Zaied, en favorisant de nombreux projets à énergie verte comme son parc éolien, le pays est parvenu, en 2022, à un mix énergétique dont les énergies renouvelables représentent au total 30%.

À Nouakchott, le défi de la biomasse pour un gaz propre et local

Bâtir un solide réseau interconnecté à travers le pays constitue un autre défi pour la Mauritanie . De quoi donner des idées à une autre jeune entrepreneure de Nouakchott. Aziza Sidi Bouna est ingénieure spécialisée dans le domaine des biomasses. Elle collecte les déchets d’animaux qu’elle se procure à la ferme, chez elle ou encore à l’abattoir, afin de les transformer en gaz méthane à l’aide d’un  bio digesteur. Une source d’énergie verte pour les activités domestiques du quotidien telles que la cuisson de la nourriture.

« 1 kilogramme de bouse de vache permet la production de l’équivalent d’une à deux heures de cuisson », explique Aziza.

L’autre gain de ce processus est l’obtention d’un engrais bio permettant de meilleurs rendements agricoles. Les déchets d’animaux représentent une ressource inépuisable,  en plus d’être une source d’énergie locale propre, circulaire et moins coûteuse.

« La transition énergétique c’est la vie. C’est plus qu’important pour lutter contre le changement climatique et nous l’avons bien compris. En plus d’une nécessité, cette transition représente une opportunité et tout le monde sera gagnant à l’avenir »
Aziza Sidi Bouna, Ingénieure en énergies renouvelables

Pour le moment, Aziza fabrique des prototypes, des mini-kits bio digesteurs utilisables dans les foyers. Mais après avoir brillamment mis en place un projet pilote communautaire dans le camp de réfugiés de Bassikounou en Mauritanie, elle aura bientôt la capacité de produire du gaz propre à l’échelle d’une ville de la taille de Nouakchott.

Le climat, un bien pour la protection de l’environnement et l’économie locale

Dans l’atelier où il conçoit son miel, le jeune apiculteur Oumar Diallo participe lui aussi à la protection de l’environnement, notamment avec ses 80 ruches installées depuis deux ans.

« Les abeilles contribuent à 80% à la pollinisation dans le monde, et donc nous permettent de survivre sur terre en contribuant directement à la sécurité alimentaire », déclare Oumar.

Mais les abeilles sont elles aussi menacées par les effets du changement climatique qui les  empêchent  de jouer leur rôle,  ce qui inquiète l’apiculteur, également chercheur dans le domaine des énergies renouvelables.

« À mon niveau, j’utilise les énergies de manière raisonnée et raisonnable. C’est vrai qu’en tant que jeunes, nous sommes, plus que personne, responsables de réaliser cette transition pour le climat, car nous sommes la génération consciente. Et les autorités doivent tout faire pour nous accompagner et promouvoir ces modèles », remarque le jeune homme.

S’il reste encore beaucoup de travail, plusieurs motifs d’espoir sont déjà palpables. Et Zaied, le chef de la centrale solaire, de conclure : « Si on arrive dans le futur à utiliser au moins 70% des énergies renouvelables, cela va changer beaucoup de choses dans nos pays.»