Le choc de la crise du COVID-19, à l’image des autres pays de la planète, a considérablement fragilisé l’économie sénégalaise. L’indispensable relance menée par l’Etat et appuyée par les partenaires internationaux, a permis d’entretenir l’espoir d’un avenir plus radieux, en particulier pour la jeunesse. Illustration à Mont-Rolland dans la région de Thiès.
À Mont-Rolland, l’économie se redresse face au COVID
8 août 2024
Un accompagnement sur mesure
Quelque soixante kilomètres séparent Dakar de cette étonnante et atypique commune du Sénégal située dans la région de Thiès, qui concentre à elle seule plus de 12% des ménages agricoles du Sénégal . Au creux d’un vallon, Mont-Rolland, une communauté rurale composée d’une vingtaine de petits villages et d’une quinzaine de hameaux où vivent près de 20 000 personnes.
Comme chaque jour sur la place principale, Mont-Rolland s’anime autour de ses étales de marché et de ses petites boutiques. Parmi les magasins les plus fréquentés de la localité, celui de Charles Mbengue. Ce jeune cordonnier et maroquinier a ouvert sa boutique il y a maintenant cinq ans. Son business prend un coup dur pendant la pandémie, mais sa passion ne s’est pas éteinte…. Charles a bénéficié d’un appui du PNUD dans le cadre du plan de lutte contre la pandémie.
« J’ai pu acheter trois machines…deux machines à coudre et une à bande à finissage. Avant c’était plus dur car je faisais quasiment tout à la main. Je peux à présent faire en trente minutes ce que je faisais en deux heures »Charles Mbengue, cordonnier et maroquinier
« Maintenant que j’ai atteint une petite stabilité, mon ambition est de recruter un ou deux apprentis pour leur permettre de bénéficier d’une formation et d’un métier. Pour le développement, chacun doit agir à son échelle et dans son domaine. C’est ce que j’essaie de faire car je crois en la force des jeunes », conclut-il.
Un large volet dédié à la formation
À Mont-Rolland, où la jeunesse est un maillon essentiel bien que fragile du tissu économique, le plan d’appui a permis de contribuer à la résilience des micros, petites et moyennes entreprises (MPME) vulnérables, en plus des coopératives, des entreprises familiales et des activités génératrices de revenus (AGR) portées par des jeunes et des femmes. Leurs unités de production ont été renforcées et, pour certaines, converties en matériels et produits, tout en encourageant chaque acteur à innover.
Au total, six projets porteurs d’avenir dans des domaines tels que l’artisanat, l’agriculture, la formation et les services ont été accompagnés à hauteur de près de 26 millions de FCFA. Le montant total de l’enveloppe pour l’ensemble des bénéficiaires de la plateforme était de 52 millions de FCFA, soit près de 80 000 EUR, selon le PNUD.
Le centre Anne-Marie Ngoné Faye fait partie des projets choisis en fonction de leur potentiel. La structure offre des formations diverses à une vingtaine de femmes en situation de handicap : couture, transformation de fruits et légumes ou de produits d’hygiène,maraîchage, etc. Pour la présidente Fatou Ciss, la subvention de 2.5 millions FCFA accordée dans le cadre de la plateforme COVID-19 a été une véritable bouffée d’oxygène.
« L’aide nous a permis d’accueillir davantage de jeunes femmes et d’augmenter notre capacité de production., nos apprenties peuvent désormais penser à leur avenir », confie-t-elle pendant que les bénéficiaires s’activent à leurs tâches dans les différentes pièces du bâtiment.
Une autre structure de formation, destinée cette fois aux jeunes femmes exclues du système scolaire classique, le centre de couture Émilie de Villeneuve. Logé chez les sœurs de l’Immaculée Conception, l’appui leur a permis de recruter plus de formatrices comme Marie-Lucienne Ciss, l’enseignante principale du centre de couture.
«Le fait d’avoir des formations solides permet aux jeunes d’exercer un métier. Ce qui permet d’offrir des moyens de subsistance aux familles, de réduire la pauvreté dans notre commune. Plus nous travaillons, plus nous contribuons au développement. J’ai un rôle à jouer pour éveiller cette conscience en tant que grande soeur et enseignante”», avance la jeune femme.
Un esprit de convergence
Les micro, petites et moyennes entreprises qui sont bien souvent portées par le secteur informel représentant lui-même 90% de l’emploi total et plus de 45% du PIB. Parmi les nombreux plans de ripostes mis en place par l’État sénégalais et ses partenaires internationaux, le projet conjoint « Plateforme COVID-19 pour l’appui au secteur productif des groupes vulnérables”, mis en place en 2020 par le PNUD et le Ministère du commerce et des Petites et Moyennes entreprises, a permis de sauvegarder ou de créer des emplois, en particulier dans des zones rurales de l’intérieur du pays. Au total, 30 entreprises sont concernées
À Mont-Rolland, comme dans quatre autres communes concernées, la plateforme COVID-19 s’est appuyée sur le concept de « Communes de convergences ».
« Il s’agit d’un ensemble d’acteurs partageant des objectifs et des intérêts communs ou convergents, intervenant de manière concertée dans une commune, en vue d’accroître l’impact de leurs actions sur le bien-être économique et social des populations, de renforcer la résilience et la cohésion sociale des communautés, par rapport à une situation où ils mèneraient leurs activités isolément »François Samb, volontaire communautaire du PNUD, affecté à la région de Thiès
Pour s’assurer de leur pérennité, les activités sélectionnées sont régulièrement suivies. Et à Mont-Rolland, on ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Pour continuer de renforcer l’économie locale et l’inclusion sociale et territoriale, un projet d’entreprenariat digital comptant une vingtaine de jeunes vient d’être mis en place.