Contexte et justification

La région du Sahel fait face à une crise qui s'approfondit en raison du changement climatique et des défis sécuritaires. Cette région abrite environ 350 millions d'habitants et, malgré d'importantes ressources naturelles (par exemple, dans les secteurs minier et énergétique, entre autres), 80 % de sa population vit avec moins de 2 $ par jour, la plupart des pays de la région figurant parmi les moins développés du monde. La région a été significativement affectée par les impacts du changement climatique. Trois pays du Sahel, le Tchad, le Niger et le Mali, figurent parmi les sept pays les plus vulnérables au changement climatique. On s'attend à ce que la région du Sahel subisse des augmentations de température 1,5 fois supérieures à la moyenne mondiale. En effet, la région a été identifiée comme l'un des points de basculement du monde si la température moyenne globale de la surface augmente de 3 °C au-dessus des niveaux préindustriels. Selon le GIEC, la plupart des scénarios climatiques indiquent que les températures dans le Sahel augmenteront d'au moins 2 °C à court terme (2021-2040). La région est sujette à des sécheresses récurrentes, à la dégradation des terres et à des schémas de précipitations erratiques, avec de graves conséquences pour l'agriculture et contribuant à l'insécurité et au déplacement des ressources alimentaires et en eau.

Les défis liés au climat s'entremêlent avec une situation sécuritaire complexe marquée par des conflits, des crises politiques, un extrémisme violent et du terrorisme, et des affrontements pour le contrôle des ressources. Le Sahel a également été marqué par l'instabilité politique, avec des coups d'État survenus au Mali, au Burkina Faso et au Niger, entre autres, soulevant des questions de légitimité et de responsabilité gouvernementales. La situation est rendue plus difficile par les sanctions contre certains des gouvernements militaires et l'implication de groupes de mercenaires étrangers, qui sapent l'état de droit. Les impacts climatiques sont cruciaux pour comprendre la crise multidimensionnelle complexe dans le Sahel et fournissent une lentille essentielle pour interpréter les causes profondes des insécurités, souvent sous-estimées. La prolifération des conflits due aux impacts climatiques est déjà visible. Elle est susceptible d'augmenter alors que le changement climatique exacerbe les causes d'insécurité et de vulnérabilité, y compris l'accès et la gestion des ressources naturelles, la détérioration des moyens de subsistance et la mobilité (le déplacement des personnes causé par l'interaction du changement climatique et du conflit, ainsi que leur capacité à se déplacer à des fins de résilience face aux fluctuations saisonnières et autres chocs et facteurs de stress), entre autres.

Les efforts vers la stabilisation ont été multifacettes et visent à aborder les défis complexes de l'insécurité et du terrorisme, y compris la gestion des dimensions transfrontalières. L'approche de stabilisation du PNUD s'est concentrée sur la reconstruction de la confiance entre les communautés et les autorités légitimes dans les zones affectées par le conflit, le rétablissement d'un sentiment de normalité, permettant un retour sûr, prévenant le déplacement prolongé, brisant la dépendance aux cycles humanitaires prolongés et jetant les bases pour la récupération, la paix et le développement, et fournissant des interventions civiles localisées, intégrées et limitées dans le temps pour renforcer la sécurité, réhabiliter l'infrastructure sociale et productive et fournir un soutien au revenu avec rapidité et à grande échelle. Comme la stabilisation est fondamentale, les interventions dans les lieux ciblés sont de courte durée (18 mois) et suivent une approche échelonnée, de nouveaux lieux de stabilisation étant ajoutés après la fin de la période définie. Une fois la mise en œuvre commencée, la courte période d'intervention dans chaque lieu exige la conception d'une stratégie de transition (déjà en phase de conception), se concentrant sur le gouvernement et d'autres acteurs de la paix et du développement reprenant le soutien requis, y compris le maintien de la sécurité, le maintien de l'infrastructure réhabilitée et la fourniture de services publics. Il est essentiel d'évaluer la volonté des acteurs nationaux et infranationaux de fournir le soutien nécessaire, et la stratégie de transition devrait renforcer leurs capacités si nécessaire.

Objectifs et approche

L'atelier régional proposé réunira des experts en sécurité climatique, résilience climatique et aux catastrophes, mobilité humaine, gouvernance/consolidation de la paix et stabilisation. L'objectif global de l'atelier est de déballer les liens entre la sécurité climatique et la stabilisation. En particulier, il se concentre sur l'analyse et la compréhension de la manière dont les impacts du changement climatique affectent la situation sécuritaire dans une région spécifique et comment des initiatives intégrées de sécurité climatique et de stabilisation peuvent, par des actions et activités claires et concrètes, être entreprises pour créer des co-bénéfices paix-climat.

Pour atteindre cet objectif, les experts examineront les interventions de stabilisation vis-à-vis de la sécurité climatique, exploreront les opportunités pour une coordination plus forte entre les deux initiatives et proposeront des interventions programmatiques concrètes bénéficiant à la situation de stabilisation et de sécurité climatique de la région.

L'atelier intégrera des présentations, du brainstorming collectif et du travail en groupe. Les présentations, discussions et sessions proposées aideront à identifier les points d'entrée et à formuler des priorités claires qui peuvent constituer la base d'une offre programmatique. Un accent particulier sera mis sur le tirage des bonnes pratiques du programme de stabilisation, en particulier concernant l'opération à grande vitesse et échelle, reconnaissant que les interventions devraient avoir un impact maximum.

En déballant le lien et en définissant un ensemble de réponses programmatiques possibles, l'atelier proposera une approche qui aborde les défis dans le Sahel, qui aura le potentiel d'être répliquée dans d'autres régions.

Résultats attendus clés

L'événement sera un atelier en personne de deux jours à Somone, Sénégal, et les principaux résultats attendus de l'exercice sont :

• La discussion et le développement de voies pour intégrer la programmation de la sécurité climatique et de la stabilisation.
• Collecter des contributions qui informeront le développement d'une note conceptuelle définissant les liens entre la sécurité climatique et la stabilisation, la théorie du changement et les points d'entrée programmatiques.
• Renforcement des partenariats entre les principaux acteurs régionaux, travaillant sur les efforts de sécurité climatique et de stabilisation, y compris les partenaires de développement potentiels.