LocationsPour respecter les engagements du Cadre mondial de la biodiversité, l'action locale doit occuper une place centrale
14 mars 2023
Le caoutchouc latex est récolté de manière durable dans des forêts d'hévéas gérées par la communauté dans l'ECA Tuntanaín au Pérou. Ce lauréat du Prix Équateur 2019 utilise les connaissances traditionnelles pour produire des produits destinés au marché mondial.
En décembre dernier, après deux ans de retard, le monde est enfin parvenu à un consensus sur un nouvel accord visant à enrayer la perte de biodiversité. Ce nouveau "Cadre Mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal", qui court jusqu'en 2030, est important pour plusieurs raisons. Tout d'abord, ses 23 objectifs sont d'une grande portée, avec un niveau d'ambition à la mesure de l'ampleur de la crise de la biodiversité. L'objectif 2 prévoit qu'au moins 30 % des terres et des eaux dégradées fassent l'objet d'une forme de restauration active d'ici à 2030, ce qui représente environ un milliard d'hectares de terres. Le cadre prévoit également de faire passer la protection de la nature d'environ 17 % aujourd'hui à 30 % de l'ensemble des terres et des eaux, et ce dans les huit prochaines années.
Deuxièmement, le Cadre vise à mettre en place les types de changements transformationnels nécessaires pour réaliser des progrès significatifs dans l'inversion de la perte de biodiversité. Ces actions systémiques comprennent, entre autres, la création de plans intégrés de développement concernant l'utilisation des terres et de la mer fondés sur des données spatiales de premier ordre, l'intégration des valeurs de la nature dans tout ce que nous faisons, et une augmentation remarquable de la portée et de l'ampleur du financement de la biodiversité.
Troisièmement, le Cadre est novateur dans sa reconnaissance du rôle essentiel des peuples autochtones et des communautés locales dans la réalisation de ces objectifs ambitieux et transformateurs. Les objectifs du Cadre déclarent également que les peuples autochtones et les communautés locales seront des décideurs actifs dans la mise en œuvre des objectifs ; que les territoires autochtones et traditionnels seront reconnus dans les objectifs de protection de la nature ; et que l'utilisation coutumière des ressources naturelles sera protégée. En outre, le Cadre réaffirme qu'il ne diminuera aucun « des droits que les peuples autochtones ont actuellement ou pourraient acquérir à l'avenir ».
Parmi les exemples de réussite du Prix Équateur figurent des dizaines d'organisations protégeant des espèces sauvages essentielles, telles que la Première Nation Łutsël K'é Dene au Canada.
La nécessité de protéger et de restaurer les écosystèmes, de créer des changements transformationnels sur le terrain et de placer les peuples autochtones et les communautés locales au cœur du développement durable n'est pas nouvelle pour l'Initiative Équateur dirigée par le PNUD. Pendant 21 ans, le partenariat a célébré et défendu le rôle central de plus de 270 communautés locales et autochtones lauréates du Prix Équateur. Ces lauréats ont montré au monde entier comment leurs actions et leurs solutions peuvent précisément conduire aux types de transformations nécessaires pour réaliser l'ambitieux Cadre Mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal.
Par exemple, les lauréats de l'année dernière montrent que les solutions nécessaires à la réalisation du Cadre mondial pour la biodiversité existent déjà. L'Associação Rede de Sementes do Xingu a restauré 7 400 ha de forêts dégradées en faisant revivre une pratique traditionnelle de distribution de semences. Au Gabon, OELO a plaidé avec succès pour que le premier plan de gestion durable de la pêche en eau douce soit inscrit dans la législation nationale. Le Mauberema Ecotourism, Nature Conservation, Education, Research & Training Center, qui protège 665 hectares d'un haut lieu de la biodiversité sous la direction de jeunes autochtones, montre comment les connaissances traditionnelles sont nécessaires pour inverser la perte de biodiversité.
Le PNUD a lancé un appel mondial à candidatures pour le cycle 2023 du Prix Équateur. Les nominations sont ouvertes jusqu'au 20 mars 2023. Le cycle du Prix de cette année reflète les éléments clés du Cadre Mondial de la biodiversité. Les initiatives gagnantes seront honorées sous les thèmes suivants :
- Créer un filet de sécurité planétaire : Protéger, restaurer et/ou gérer durablement les écosystèmes pour contribuer à atténuer les émissions de gaz à effet de serre, permettre l'adaptation des communautés aux impacts du changement climatique et/ou la migration des espèces.
- Redéfinir notre relation avec la nature : Placer la nature au cœur des plans et politiques de développement local et sauvegarder les droits des défenseurs de la terre et de l'eau par le biais du plaidoyer et de la promotion de la justice sociale et environnementale.
- Créer une nouvelle économie verte pour la population et la planète : Protéger, restaurer et/ou gérer de manière durable les écosystèmes terrestres, d'eau douce et/ou marins, la biodiversité et la faune et la flore sauvages, afin de soutenir les emplois et les moyens de subsistance, y compris par le biais de micro- et petites entreprises vertes, et la promotion des économies autochtones.
L'action locale des peuples autochtones et des communautés locales du monde entier a contribué à susciter l'ambition des dirigeants mondiaux dans l'historique Cadre Mondial de la biodiversité. Le succès des lauréats du Prix Équateur montre que l'action locale peut être étendue à des régions entières. Les engagements financiers historiques pris dans le Cadre montrent que les dirigeants mondiaux sont prêts à investir des sommes sans précédent dans des solutions prometteuses. Maintenant, alors que tous les regards sont tournés vers la mise en œuvre de ces nouveaux objectifs de biodiversité, il est temps de montrer au monde, une fois de plus, que l'action locale détient les solutions disponibles dont nous avons besoin pour assurer un avenir durable.
Proposez dès aujourd'hui votre candidature pour le Prix Équateur 2023.
