En cette Journée internationale de la démocratie, je ne suis certainement pas la seule à soulever de nouveau ces vieilles questions – lesquelles semblent, ces derniers mois, s’être complexifiées plus que jamais. Qu'est-ce que la démocratie ? Dans quelle mesure la majorité de la population mondiale peut-elle en bénéficier ? Les institutions et processus démocratiques sont-ils même adaptés au monde d'aujourd'hui ? Les mécanismes démocratiques peuvent-ils entraver un changement inclusif ? Comment les institutions et processus démocratiques devraient-ils s'adapter aux changements du monde actuel ?
Bien sûr, nous disposons de décennies (dans certains cas, de siècles) d'excellentes réflexions et recherches sur la plupart de ces questions, et nous connaissons nombre de réponses. Mais alors que le PNUD se prépare à mettre en œuvre son nouveau plan stratégique quadriennal avec un engagement à renforcer les institutions et les processus démocratiques, il est utile de nous rappeler certains principes de bases, sans se voiler la face à propos de certaines questions difficiles :
Premièrement, nos mécanismes de représentation actuellement établis (élections régulières, partis politiques, parlements) sont nécessaires, mais demeurent insuffisants, pour une société démocratique. D'autres éléments clés sont la participation active des personnes à la politique et à la vie civique avec une certaine mesure de valeurs partagées liées aux responsabilités civiques ; la protection des droits de l'homme de tous les citoyens, y compris les minorités ; et l'application égale des lois à tous. L’indépendance des médias et l'accès à des informations exactes sont essentiels.
Deuxièmement, les attributs d’une gouvernance démocratique (tels que les élections ou les parlements), que la communauté internationale soutient, n'ont pas nécessairement créé un changement sociétaux durables ou apporté de plus grands bénéfices aux populations. Nous devons également veiller à soutenir la culture, l'organisation et les normes politiques, ainsi que l'engagement civique.
Troisièmement, les attentes des citoyens vis-à-vis de leurs démocraties n'ont pas été comblées dans de nombreuses régions. Les procédures démocratiques sans avantages tangibles pour la population dans son ensemble tendent à diminuer le soutien à la démocratie, comme l'ont montré certaines enquêtes de perception publique. De même, la corruption nuit gravement à la démocratie, contribuant dans de nombreux contextes à la régression du développement durable et des droits de l'homme, et soutenant la montée de régimes populistes et parfois oppressifs. Il est donc essentiel de donner la priorité aux mécanismes de lutte contre la corruption dans tous les secteurs.
Quatrièmement, la numérisation modifie profondément le fonctionnement de nos processus politiques, dans toutes les sociétés et à bien des égards, en raison de l'« infodémie » notamment. En effet, 49 % des experts en technologie interrogés récemment dans le cadre d’une étude du Pew Research Center ont convenu du fait que l'utilisation de la technologie affaiblirait la démocratie dans les années à venir. La manière de soumettre le progrès technologique lui-même (y compris l'utilisation de l'intelligence artificielle) à un contrôle démocratique est complexe dans un contexte où le changement est piloté par d'énormes plateformes telles que Facebook et Google.