La performance d’un gouvernement a-t-elle un rôle à jouer dans la consolidation de la paix ? Le PNUD en est fermement convaincu. Une bonne gouvernance peut assurer une paix durable en s’attachant à régler les causes profondes des conflits et en veillant à ce que tous les citoyens se sentent équitablement représentés dans leurs besoins ou dans leurs intérêts.
Si les facteurs sous-jacents qui constituent une menace à la paix ne sont pas traités, les tensions risquent de continuer à s’accroître, même si des progrès sont réalisés. Partant de ce constat, le PNUD soutient le renforcement de la gouvernance dans plus de 170 pays en fournissant un soutien intégré aux politiques et aux programmes par le biais d'un financement incitatif, d'une assistance technique, d'évaluations diagnostiques et d'une assurance qualité.
Au Yémen, où 80 % de la population dépend de l'aide humanitaire, le PNUD s'est associé à l'UNICEF, à l'OMS et à la Banque mondiale pour aider à renforcer la résilience des institutions locales afin de rétablir une gouvernance efficace, responsable et inclusive en assurant la prestation de services efficaces et en rétablissant la confiance publique dans les principales institutions de gouvernance, ne laissant personne de côté.
Au Honduras, le PNUD a mis en œuvre une initiative financée à hauteur de 1,7 million de dollars par le Fonds pour la consolidation de la paix, en collaboration avec le Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, en vue de faciliter un dialogue national sur les principales priorités en matière de consolidation de la paix et de promouvoir une cohésion sociale plus inclusive.
Soutenir un gouvernement au niveau national et local permet de poser les bases d'un développement durable à l’échelle d’un pays. Mais comment définir une bonne gouvernance ?
Selon le PNUD, une bonne gouvernance se définit par des systèmes gouvernementaux qui sont compétents, efficaces, inclusifs et transparents. Le PNUD travaille en étroite collaboration avec les gouvernements pour renforcer les institutions publiques, aider à lutter contre la corruption et soutenir une participation inclusive. Ce soutien est particulièrement crucial dans les pays en situation de fragilité, en proie à la violence et aux conflits, où les services de base et la capacité de réaction aux risques sont en déclin et seront difficiles à rétablir à l’issue de la crise traversée.
Au Soudan, le PNUD travaille avec le Royaume-Uni et l'Union européenne pour renforcer les capacités du Bureau exécutif du Premier ministre et des institutions gouvernementales chargées de consolider la paix, d'assurer la reprise économique et de mener la transition pacifique vers une gouvernance démocratique que la jeunesse soudanaise a appelée de ses vœux.
Il existe de nombreux indicateurs pour analyser la performance des gouvernements, tels que l'indice de gouvernance mondiale de la Banque mondiale et l'indice de gouvernance durable de la Fondation Bertelsmann. Par ailleurs, l’indice de transformation de la Fondation Bertelsmann (BTI) est considéré comme l'un des outils d’analyse les plus complets du secteur public, car il est calculé sur la base de trois indicateurs qualitatifs et de trois indicateurs quantitatifs. Il produit un classement des pays en fonction des performances de leurs dirigeants afin de mesurer les succès et les revers par rapport aux critères sélectionnés, notamment la démocratie, la gestion politique fondée sur l'État de droit et une économie de marché socialement responsable.
Parmi les dix pays les moins « performants » du classement BTI 2018 figuraient la Somalie, la Syrie et le Yémen, qui sont victimes de conflits en cours. Quelle est donc le rapport entre conflits et gouvernance ? Lorsqu'on compare l'indice mondial de la paix et le BTI, il est intéressant de constater qu’on retrouve sept mêmes pays dans les deux classements en 2018.
Les pays occupant les dix dernières places du BTI et de l’indice mondial de la paix sont tous en conflit ou l’ont été récemment (à l'exception de la Russie). Cette comparaison montre que qu'il existe une corrélation entre la paix et la gouvernance. Le document thématique récemment publié pour le rapport 2020 du Secrétaire général des Nations Unies sur la consolidation et la pérennisation de la paix établit également ce lien, affirmant que la paix à la fois dépend de la qualité de la gouvernance et influe sur celle-ci.
L'Administrateur du PNUD, Achim Steiner, a également souligné récemment la corrélation entre paix et gouvernance dans ses remarques à la Commission de consolidation de la paix, en insistant sur l'importance d'avancer vers la réalisation de l’ODD 16 pour la paix, la justice et des institutions efficaces et d’offrir des réponses intégrées sur le terrain.
Les conflits peuvent être un obstacle majeur à la bonne gouvernance. Toutefois, en 2018, seulement deux pour cent de l'aide publique au développement dans les contextes fragiles était destinée à la prévention des conflits et à la consolidation de la paix, bien que l'indice mondial de la paix indique un recul de la paix dans le monde au cours de la dernière décennie. Les conflits relèvent clairement de la gouvernance, et un gouvernement peut être une force majeure pour la paix en tant que responsable de l'administration du budget du pays, ainsi que de la gestion de l'aide publique au développement (APD).
Il est évident qu'une mauvaise gouvernance peut contribuer à un conflit – et vice-versa. Une gestion efficace du secteur public est clé dans la prévention des conflits, la consolidation de la paix et bien plus, comme par exemple dans la réponse à la COVID-19 au nom des citoyens. En outre, étant donné que seulement deux pour cent du budget de l'APD sont alloués à la prévention des conflits et à la consolidation de la paix dans les pays fragiles, les donateurs et les organismes d'aide devraient envisager d'investir davantage dans l'amélioration de la gouvernance pour la réalisation des objectifs de développement durable à long terme et pour une paix durable.