Il nous reste moins de dix ans pour éviter que le changement climatique ne nous mène à la catastrophe : nous devons de toute urgence remédier à notre dépendance à l'égard des combustibles fossiles. Le secteur de l'énergie, largement dominé par les combustibles fossiles, est responsable de 73 % des émissions de gaz à effet de serre. Une transition généralisée et permanente vers une énergie durable est notre seul moyen d'échapper au pire de la crise climatique. Elle est également essentielle pour parvenir à un redressement social et économique post-COVID-19 qui lutte contre les inégalités au lieu de les exacerber.
La transition est une tâche monumentale. Mais les solutions existent et sont déployées à un rythme toujours plus rapide. L'« Année de l'action énergétique » des Nations Unies vise à créer une puissante coalition pour mettre le monde sur la voie de l'énergie durable pour tous et accélérer la transition énergétique. Plus de 20 ministres ont lancé un appel pour galvaniser la volonté politique en faveur de l'énergie durable. Le Dialogue de haut niveau sur l'énergie prévu en septembre sera la première réunion multilatérale de haut niveau consacrée à l'énergie depuis 40 ans, ce qui témoigne de l'importance de ce secteur comme catalyseur. À quelques semaines de la Conférence sur les changements climatiques (COP26) qui se tiendra en novembre à Glasgow, il sera l’occasion de marquer un point déterminant dans la transition énergétique et de jeter les bases d’un changement historique et révolutionnaire en matière de dépendance énergétique mondiale pour la prochaine décennie et au-delà.
Voici ce que nous devons faire pour transformer cet élan en action mondiale.
1. Nous devons continuer à faire évoluer les mentalités en matière d'énergie.
L'ère des combustibles fossiles est révolue. La transition énergétique a commencé. Le « Peoples' Climate Vote » - le plus grand sondage d'opinion jamais réalisé sur les changements climatiques - a montré que la plupart des citoyens du monde souhaitent des politiques climatiques ambitieuses et veulent que les gouvernements investissent dans les énergies renouvelables.
Cependant, les gouvernements continuent de subventionner les combustibles fossiles et manquent des occasions de mener la transition énergétique. Les anciennes thèses selon lesquelles le charbon, le pétrole et le gaz sont les sources d'énergie les moins chères et les plus fiables ne sont tout simplement plus vraies. Les plans de relance COVID-19 sont l'occasion de changer radicalement les investissements dans les énergies propres, mais trop de pays choisissent de maintenir une dépendance néfaste aux combustibles fossiles. Le coût réel des combustibles fossiles est énorme, et leur prix doit le refléter.
Cette question ne peut se limiter aux frontières nationales. Les pays doivent coopérer pour éliminer progressivement les combustibles fossiles par le biais de réformes efficaces et équitables de la tarification de l'énergie. Le PNUD apporte son soutien aux gouvernements pour mettre fin aux subventions aux combustibles fossiles et introduire la tarification du carbone au bénéfice de toutes les communautés. Nous plaidons pour un changement dans la manière dont les décideurs politiques et la communauté internationale du développement envisagent de telles réformes. Nous savons que celles-ci peuvent être menées à bien à condition qu’elles ne fassent pas peser le poids de l'augmentation des prix sur les plus pauvres. Les aspects distributifs de la tarification de l'énergie doivent être mieux compris et être placés au centre de ces réformes.
La dynamique prend de l’ampleur. Le Secrétaire général des Nations Unies a demandé à plusieurs reprises la fixation d'un prix pour le carbone et plus de 40 pays ont désormais adopté des mesures de tarification du carbone. La liste des États, des villes et des administrations infranationales qui publient des plans de transition énergétique augmente chaque jour de façon exponentielle. Le changement est déjà là.
2. Nous devons rassembler la volonté politique pour une transition juste qui comprenne l'accès universel aux énergies propres.
La transition énergétique ne doit laisser personne de côté et doit permette l'accès de tous à une énergie propre. Il est inacceptable que 789 millions de personnes – soit une personne sur dix – n'aient toujours pas d'électricité. Il est inacceptable que 2,8 milliards de personnes ne disposent pas de technologies de cuisson et de combustibles propres. La pollution de l'air intérieur tue 3,8 millions de personnes chaque année. Les énergies renouvelables réparties telles que les mini-réseaux, associées à des modèles d’entreprises du secteur privé qui soutiennent l'utilisation productive de l'énergie, sont des solutions rentables et durables pour fournir un accès fiable dans une grande variété de contextes.
Pour assurer une transition juste, il faut également reconnaître et planifier les pertes d'emplois dans les industries des combustibles fossiles. De tels impacts négatifs potentiels à court terme peuvent et doivent être anticipés et gérés efficacement pour qu'une transition juste porte ses fruits sur le long terme. L'Organisation internationale du travail estime que d'ici 2030, la transition énergétique pourrait entraîner la perte de six millions d'emplois, mais qu'elle en créerait 24 millions. Il ne s'agit là que du bénéfice direct en termes d'emplois. La valeur effective de la transition est bien plus vaste.
Le Dialogue de haut niveau sur l'énergie de cette année stimulera l'ambition et l'action en vue d’atteindre l'accès universel à l'énergie durable. En tant que co-responsable du groupe « Accès à l'énergie » dans le cadre du Dialogue, nous consacrerons le temps dont nous disposons d’ici septembre à mobiliser l'effort mondial nécessaire pour accélérer les objectifs liés à l'énergie. L'un des principaux résultats sera les pactes pour l'énergie, des engagements volontaires de la part des gouvernements, des entreprises et de la société civile pour développer des solutions énergétiques durables. Avec les contributions déterminées au niveau national, ceux-ci permettront une avancée vers la réalisation du Programme 2030.
3. Nous avons besoin d'investissements massifs des secteurs public et privé
La transition énergétique est en grande partie une opportunité d'investissement. Chaque année, les technologies renouvelables sont plus avancées et moins coûteuses. Le prix de l'énergie solaire a chuté de 90 % en 10 ans, et il est désormais moins cher de passer à l'énergie solaire que de construire de nouvelles centrales au charbon dans la plupart des pays. Nous savons comment décarboniser de larges pans de l'économie, y compris les transports, qui représentent la source d'émissions qui connaît la plus forte croissance. Nous savons comment rendre les bâtiments plus efficaces sur le plan énergétique et les villes plus durables. Nous avons maintenant besoin de capitaux initiaux pour mettre ces solutions à l'échelle. Les besoins d'investissement sont énormes ; mais les possibilités de création d'emplois et de revenus le sont tout autant. Selon les prévisions, les voies permettant de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C impliquent des besoins d'investissement annuels moyens d'environ 2 400 milliards de dollars dans le seul système énergétique entre 2016 et 2035. Et investir dans les énergies propres crée près de trois fois plus d'emplois que d'investir dans les combustibles fossiles.
Les gouvernements ne peuvent y parvenir seuls. Le capital commercial est essentiel pour investir à l'échelle et au rythme nécessaires. Grâce à notre approche de réduction des risques politiques, le PNUD aide les pays à mettre en place des politiques et des réglementations qui permettront des investissements à grande échelle dans les énergies propres, traditionnellement considérées comme plus risquées. Nous recherchons des partenariats avec, par exemple, le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) pour des initiatives clés telles que la Promesse climatique, afin de mobiliser toute l'étendue du système des Nations Unies en faveur de l'action climatique. Dans le cadre de la Plateforme d'investissement climatique avec l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), Sustainable Energy for All et le Fonds vert pour le climat, nous catalysons des investissements climatiques à grande échelle qui contribuent à la transition énergétique là où ils ont le plus d'impact.
Cette année, le PNUD et moi-même rejoignons la communauté des Nations unies pour rallier et soutenir les gouvernements et le secteur privé afin de transformer le rythme et l'ampleur de la transition vers une énergie durable. C'est ainsi que se construira notre future économie mondiale, alimentée par des énergies durables. Il s'agit d'une opportunité historique et passionnante. Rejoignez-nous.