Les sachets plastiques fins en polyéthylène sont devenus un fléau environnemental en Afrique, où plus de 90 % des immondices sont jetées dans des dépotoirs anarchiques qui sont incinérés en plein air, selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE, 2020). Le phénomène des sachets plastiques, dont la durée de vie est de 400 ans minimum, entraîne une chaîne de problème écologique à savoir qu’ils rendent le sol imperméable et les eaux de ruissellement ne peuvent donc pas s'infiltrer dans le sol, une pollution de l’air troublant souvent la visibilité des personnes, entre autres.
Au Burkina Faso, près de 700 000 tonnes d’ordures ont été produites dans la capitale (Ouagadougou) en 2020, qui compte quelque 3 millions d’habitants (RGHP, 2019). Cette quantité représente trois fois celle produite il y a vingt ans et environ un tiers de ces déchets sont en plastique non dégradable.
Cette importante quantité de déchets présente un danger pour l’environnement et pour les humains d’autant plus que les municipalités et les entreprises privées de nettoyage arrivent à collecter que 50% des déchets en milieu urbain.
Dans le contexte de crise sécuritaire et humanitaire que traverse le Burkina Faso, la recherche d’une approche alternative de gestion des déchets par le recyclage et l’élimination à moindre coût s’avère donc utile et d’une impérieuse nécessité !
Une réflexion menée par l’Association Song Taaba pour le Développement (ASTD) avec l’appui du Laboratoire d’Accélération du PNUD a conduit à une expérimentation portant sur le recyclage des déchets ménagers des villes à travers l’économie circulaire. La problématique s’est posée de la façon suivante : « comment valoriser les déchets ménagers à travers une approche d’économie circulaire dans la ville de Ouagadougou ?».
ASTD, pour la collecte d’ordure, a alors travaillé avec l’Association des Jeunes Femmes Entreprenantes du Burkina (AJEFB) qui assurait déjà le ramassage d’ordures ménagères dans l’Arrondissement N°7 de la ville de Ouagadougou. Les femmes de AJEFB ont recruté d’autres femmes (au total une cinquantaine de femmes impliquées dont 20 femmes PDI), dans le cadre de l’expérimentation. Elles ont animé une campagne de sensibilisation sur le ramassage des ordures, en respectant les normes de tri. Ainsi, les déchets collectés par jour sont déposés sur un site identifié à cet effet au lieu d’être jetés sur les sites anarchiques comme par le passé. Sur ce site, un deuxième tri est opéré pour séparer les déchets organiques et les déchets plastiques.
Les déchets organiques sont passés au compostage avec l’ajout d’autres substances comme la cendre, l’activeur de décomposition et l’eau. Après 30 jours, le résultat de la décomposition est un engrais organique dont les compositions en éléments minéraux ont été confirmées par le Bureau National des Sols (BUNASOL), l’institution nationale en charge de la cartographie des sols et leurs compositions. Cet engrais a par la suite fait l’objet d’un test démonstration sur les cultures maraîchères (choux et oignon) dans la zone de Komsilga (commune périphérique de Ouagadougou) en collaboration avec la Direction Provinciale de l’Agriculture
Il ressort de ce test que l’utilisation de l’engrais organique issu de l’économie circulaire contribue à réduire de 2/3 l’utilisation des engrais chimiques sur les cultures maraîchères.
Quant aux déchets plastiques, ils sont fondus pour être récupérés en vue de la confection de pavés et de planches qui servent pour les tables-bancs des écoles ou des lieux publics. Les sachets en polyéthylène sont aussi utilisés pour avoir des fils qui servent à la confection des sacs de différents formats (Cf. photos jointes).
De cette expérimentation, sur 3000 kg de déchets collectés, il résulte 1500 Kg d’engrais organiques produits, six tables- banc pour écoliers confectionnées, 25 mètres carrés de pavés réalisés et une vingtaine de sacs de plusieurs formats confectionnés !
Photo 6 : pavés issus du recyclage des sachets
Les produits issus des champs maraîchers sont utilisés pour la consommation dans les ménages qui ont employé les sacs confectionnés pour se ravitailler ; la boucle est ainsi bouclée et le processus peut rependre avec la collecte des déchets produits une fois de plus par les ménages suite à la consommation des produits.
Assurément, l’économie circulaire constitue un moyen pour donner du travail à des personnes démunies, de rendre les villes propres et de produire de façon écologique des aliments sains en vue du bien être des consommateurs ouagalais.
L’avenir du monde tiendra par la somme de petites choses, à cet effet ne devrait-on pas dupliquer cette expérience dans toutes les villes à travers les collectivités locales ?