Sauver Rubura, Gitunda et Gatwenzi des éboulements de terrain, de l’érosion et de la sécheresse

21 novembre 2024
Sauver Rubura, Gitunda et Gatwenzi des éboulements de terrain, de l’érosion et de la sécheresse

Des habitants qui entretiennent des pépinières de plants d'arbres

©UNDP Burundi/Munyana Francine, 2024

Par Aaron NSAVYIMANA

Situées dans la commune de Muhuta de la province Rumonge et aux confins de la rivière Ruzibazi qu’elles surplombent, les trois collines sont caractérisées par de fortes pentes. Egalement, elles sont en commun menacées par l’érosion, le glissement de terrain et la sécheresse à la suite du déboisement excessif que leur fait subir l’œuvre humaine. Leur surexploitation agricole sans mesure d’accompagnement pour leur stabilisation n’augure guère des jours meilleurs pour leur fixité.

Pour sauver ces tertres, le PNUD, à travers le Programme de Microfinancements du Fonds pour l'environnement Mondial (PMF-FEM) a conclu un partenariat avec l’ONG Africa Push Ministry (APM) - Ntambutsa. 

Dans la perspective d’augmenter la production agricole, de lutter contre l’érosion et les glissements de terrain sur ces collines et d’améliorer l’alimentation humaine et du bétail, en collaboration avec les communautés locales, APM sur financement du PMF-FEM, a produit en pépinières 150.000 plants d’arbres agro-forestiers, 5.000 plants de maracuja et 2800 plants d’avocatiers de variété Hass très appréciée par la population en ce moment.  

Ces arbres agro-forestiers, faites de grevillea, calliandra et lessena riches en protéines pour l’alimentation animale seront plantés sur 90 km creusés sur les 3 collines.

Pour minimiser l’impact de la consommation du bois de cuisson, principale cause de la déforestation, grâce aux financements du PMF-FEM, l’APM a lancé la fabrication de 2500 foyers améliorés qui réduisent fortement la quantité de bois utilisé pour la cuisson dans une région où il n’existe quasiment aucun boisement et où la population compte sur des branches  de palmiers ou des tiges de manioc comme source d’énergie pour la cuisson et espérer avoir à manger. Ces foyers offrent également un avantage lié à leur coût de fabrication très abordable et au matériel utilisé qui faciles à trouver localement : le cendre, la terre rouge, les herbes et le sable.

La préparation de pépinières, au nombre de deux, est par ailleurs une   aubaine pour la population locale qui est utilisée comme main d’œuvre pour leur entretien. Cette communauté trouve aussi, en ces pépinières, une source de  solution à son problème de carence de bois dans un proche avenir, surtout que ces plants seront gratuitement distribués à la population environnante. 

Yollande Nimbona, 44 ans, mère de 3 enfants, témoigne qu’avec l’argent gagné à la pépinière elle a pu d’abord couvrir les besoins courants de la famille. « L’argent que je gagne à la pépinière, j’ai amélioré les conditions de vie de ma famille. En plus des besoins courants, comme l’alimentation, j’ai acheté les cahiers et les uniformes pour mes enfants et j’ai augmenté le capital pour la production et vente de bière de banane qui est une de mes activités qui m’aident à gagner ma vie ». Et d’ajouter, « Nous sommes aussi fiers que bientôt notre environnement sera restauré. Comme vous les savez, le bois à une grande importance dans la vie de la personne humaine et comme les plants nous serons distribués gratuitement, nous aurons le bois de chauffe, de construction et d’œuvre à notre disposition sans rien payer. C’est pourquoi nous remercions les promoteurs du projet ».

Jean Bosco Havyarimana, 28 ans, marié, père de 3 enfants aussi, pépiniériste, est heureux de coordonner les travaux d’entretien des deux pépinières qui vont soutenir l’avenir de sa contrée. 

« Le bois, au service de l’homme apporte des avantages énormes ; le bois va nous protéger contre la faim en apportant la pluie qui contribue à lutter contre l’arrivée du désert, en nous procurant le bois d’œuvre, le bois de construction, le bois de chauffage, en nous facilitant la fabrication de pirogues…). », égraine Jean Bosco comme gains. Quant aux avantages tirés des revenus de l’encadrement de la production de plans dans les pépinières, il souligne : « ma famille en bénéficie énormément. J’ai acheté sans problèmes les cahiers, si tu passe chez moi je te montrerai une chèvre que j’ai acheté, et comme les terres se sont amenuisées et que je dispose d’un petit lopin de terre familiale, j’ai loué un terrain pour pouvoir augmenter la production agricole, tout cela fait partie des gains obtenus des pépinières ».

Siridiana Nzeyimana, 42 ans, mariée et mère de 8 enfants, déclare pour sa part qu’elle n’hésite plus à amener le plus jeune à la cuisine parce que depuis qu’elle a un foyer amélioré il n’y a plus de fumée qui était à l’origine de maladies. Elle rapporte qu’avec ce foyer on peut cuire la nourriture avec une quantité congrue de bois. Elle souligne également que le PMF-FEM vient résoudre un problème épineux car il existe des familles qui ne comptent aucun bois sur leurs propriétés alors qu’elles constituent la seule source d’énergie pour préparer la nourriture. Plus inquiétant dit-elle, « elles ne peuvent pas espérer en trouver chez les voisins qui en manquent aussi cruellement ».