Kuuzacomores : Développer une culture d’entreprise numérique aux Comores
10 avril 2023
Madame Naila Abbas et son mari Fahmy Thabit ont saisi les opportunités offertes par la libéralisation des services internet aux Comores pour développer une boutique de vente de produits 100% en ligne.
Naila Abasse est une femme entrepreneure comorienne, mariée avec 2 enfants âgés respectivement de 15 et 17 ans. Après avoir fini ses études de commerce en France, elle est retournée aux Comores et a commencé par travailler à l’UNICEF en tant que responsable des achats et logistique.
En 2004, Mme Naila a décidé de quitter les Nations Unies pour aller ouvrir sa société avec son mari, son associé. Il s’agit de la société Naifa Services et Distribution avec la création d’un supermarché, « Masiwa Supermarket ».
Quinze ans plus tard, le couple a décidé de donner une nouvelle impulsion à son entreprise en lui faisant prendre un virage technologique. Ainsi, www.kuuzacomores.com la première plateforme de vente en ligne 100% comorienne a été créée en 2019.
« Kuuzacomores.com est une marketplace. C’est une plateforme de vente en ligne 100% comorienne car elle a été créée par des comoriens et développée par une société comorienne, l’agence KINU INK ».
Les initiatives numériques font toute la différence
Les changements numériques ont fait une différence encore plus importante pour la société Naifa Services, avec des services innovants comme le service clientèle accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. A partir des réseaux sociaux comme WhatsApp et Facebook, il a été mis en place un service clientèle permanent qui répond aux différentes demandes des clients.
La crise sanitaire de la COVID-19 a permis une croissance rapide de la plateforme de vente en ligne Kuuzacomores, les mesures de restrictions sanitaires et la fermeture des frontières ayant favorisé le recours aux achats en ligne. Le chiffre d'affaires de Kuuza est en augmentation constante depuis 2019. Entre 2021 et 2022 il a été quasiment multiplié par deux.
« Le Covid a permis de développer davantage les achats en ligne sur notre site puisqu'il y avait le confinement. De plus les transferts d'argent de l'étranger vers les Comores étaient interrompus. Donc cela a favorisé les achats en ligne de la diaspora pour leur famille aux Comores, surtout les produits alimentaires » a constaté Mme Naila.
Les perspectives qu’offre le métier du numérique doivent être mis en avant et valorisées pour inciter les femmes à participer davantage dans ce secteur très porteur
Mme Naila est une femme courageuse, combattante et prête à aider les autres femmes comoriennes comme elle à se lancer dans l’entrepreneuriat. Elle fait partie de deux organisations régionales de femmes entrepreneures à savoir l’EFOI (Entreprendre au féminin Océan Indien) et le Réseau des Femmes Entrepreneures qui est une fédération des associations des femmes entrepreneures des Comores qui sont issues de différents secteurs qui sont l’agriculture, l’artisanat, le métier du textile, la pêche, la transformation du poisson, le commerce et les services. Cette fédération est affiliée à une organisation de femmes entrepreneures du Common Market for Eastern and Southern Africa (COMESA).
« A travers ce réseau de femmes entrepreneures nous accompagnons les femmes entrepreneures à bénéficier les opportunités qu’offre la zone de libre-échange continentale Africaine (Zlefacf). Nous intervenons sur différents volets, nous mettons en avant les entreprises de chaque Etat membre du COMESA dont les Comores. Grâce à l’appui du PNUD, nous avons pu faire participer des femmes entrepreneures de notre réseau à des foires régionales que nous organisons chaque année dans chaque Etat membre du COMESA. En 2020 nous avons fait participer une dizaine de femmes entrepreneures à la foire qui s’est tenue au Malawi et en 2022 à une foire qui avait eu lieu en Ouganda ».
Ces femmes ont pu apporter leurs produits et les vendre sur place et valoriser leur savoir-faire. Ces produits ont suscité un grand intérêt des participants à ces foires, par exemple les huiles essentielles d’Ylang Ylang, la vanille, le miel des Comores, le masque de poudre de bois de santal, l’huile de coco, etc par ce que ces produits ne se trouvent pas dans ces pays.
L’association travaille sur 3 aspects importants pour favoriser les échanges économiques à savoir l’amélioration de la connectivité maritime et aérienne, le renforcement des capacités pour que ces produits soient de bonne qualité et réponde aux normes internationales, et le plaidoyer auprès des partenaires.