La gestion des déchets reste un problème majeur en République du Congo, de façon générale, les municipalités en charge du service manquent de moyens, techniques et financiers, pour en assurer le bon fonctionnement.
En 2017, Selon les informations issues du ministère en charge de l’Environnement, la production journalière des déchets solides à Brazzaville est estimée en moyenne à environ 300 tonnes. Les différents types de déchets produits au Congo peuvent être regroupés ainsi : (i) les ordures ménagères et les déchets assimilés ; (ii) les déchets industriels ; et (iii) les déchets biomédicaux. Sur la base de la recherche effectuée ; le taux d’enlèvement des déchets solides par les services impliqués ((privé, ONG et association, particuliers) est estimé à moins de 5%. La faiblesse des moyens des municipalités laisse alors une large place au secteur informel, plus ou moins organisé et non régulé.
Ce dernier se positionne principalement sur le service de pré-collecte des déchets et sur les filières de récupération ; le service d’enlèvement étant facturé aux ménages et les produis récupérables étant revendus. Le reste des déchets est souvent déposé de façon anarchique dans des dépôts non contrôlés. Cela plus l’accès croissant des populations à des marchés de consommation générant davantage de déchets non-biodégradables et complexes (emballages, plastiques, cannettes, piles, etc.) engendre une prolifération de plus en plus importante de déchets dans les espaces publics affectant ainsi l’écosystème local en termes de diffusion de maladies, de pollution de l’air, des sols et des eaux, d’atteinte à la biodiversité et d’émission de gaz à effet de serre.
Certaines initiatives, majoritairement informelles/non régulées ont pu être identifiées comme des pistes de solution, notamment en termes de recyclage.
Des initiatives pilotées localement par les communautés
En Novembre 2020, l’équipe AccLab du bureau du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) Congo avait visité l’association RECY PLAST, en charge de la gestion d’une décharge installée sur une superficie de 4700m2 au quartier Kombé, dans la banlieue de la capitale Brazzaville, où dix personnes tous membre de l’association évoluent depuis 2019. Après la première impression de chaos, un sens d’organisation fut observé dans leur mode opérateur faisant grandement penser à l’ébauche d’une filière de recyclage. A l’arrivée d’un camion de récupération, les ramasseurs au sein de la décharge s’activent à faire le tri des déchets et les regroupent par catégorie. Les déchets triés sont ensuite passés dans un broyeur pour l’obtention de granulés qui seront mélangés à du gravier, du sable et du ciment pour la production de pavés.
Cette association composée de 10 personnes, Monsieur Stéphane Rozan NTSIKOULOULOU Président de l’association et son équipe composée de 9 personnes soit 7 hommes et 2 femmes donnent une autre vie aux déchets plastiques et de verres en les transformant à la suite de leur récupération. Les Pavés créés sont utilisés pour divers travaux d’aménagements et vendus au prix de 5000 francs CFA ( env.$10USD) par m2 permettant ainsi à l’association de générer un revenu mensuel moyen de 1.000.000 francs CFA ( env $1 818 USD).
Un processus d’expérimentation pour comprendre ce qui marche et ce qui nécessite des améliorations
Compte tenu des potentialités observées lors de la visite du site et en partenariat avec le Bureau de Contrôle de Bâtiment et des Travaux publics, le Acclab Congo a engagé un processus d’expérimentation afin de comprendre ce qui marche et ce qui nécessite des améliorations pour une mise à l’échelle. C’est ainsi, qu’avec l’appui des experts dudit Bureau et le groupement RECY PLAST, un plan d’expérimentation a été conçu et engagé en deux phases. Une première phase s’est déroulée au niveau des ateliers pour la formulation du mélange pour les pavés. Celle-ci permit d’identifier 2 formulations potentielles dans la production de pavés :
- Formulation #1 : 20 kg de gravier plus 20kg de sable plus, 20 kg de plastique broyé et 17 kg de ciment
- Formulation # 2 : 20kg de gravier plus 20kg de sable plus 40 kg de plastique broyé et 17 kg de de ciment
La deuxième étape quant à elle consistait à faire des analyses au laboratoire du Bureau de Contrôle du Bâtiment et des Travaux Publics d’échantillons obtenus de ces 2 formulations afin d’apprécier leur adaptabilité. Deux éléments essentiels notamment furent observé pour la qualification de ces pavés en tant que matériaux de construction : la résistance et le taux d’absorption de ces pavés. Ces analyses de laboratoires, effectuées sur une durée de 28 jours, ont permis de déterminer que (quelle que soit la formule utilisée), (i)Le taux d’absorption de ces pavés varie entre 9,4 et 10%, la valeur normale devant être ≤ 5% et (ii)la résistance est de l’ordre de 1.5% la valeur normale devant être ≥ 3,6. Ces résultats montent bien la nécessité de refaire plusieurs formulations afin de trouver formulation répondant aux normes exigées en la matière.
Enseignements clés de notre travail et les perspectives du laboratoire
Encore considéré comme une option temporaire et moyen de subsistance, ce travail de recyclage informel apparait comme une solution pertinente à l’épineuse question de la gestion durable des déchets plastiques en République du Congo et, gagnerait à être structuré. Une telle initiative pourrait se positionner comme une solution dans la réduction significative des déchets plastique dans nos villes. De ce fait, l’implication de tous les acteurs clés du secteur (secteur privé, autorités municipales, structures des recherches etc.) est indispensable pour une application efficace
Les premiers résultats de ces tests bien que nécessitant encore des améliorations augurent néanmoins de bonnes perspectives et encouragent le laboratoire à poursuivre avec ces expérimentations et le Acclab Congo s envisage également de tester ces pavés sur un segment d’une chaussée de la ville de Brazzaville afin d’apprécier la qualité desdits pavés et documenter les leçons apprises.
Communications PNUD & Acclab