Du 27 au 29 Novembre dernier, une formation sur les principes de la microfinance islamique a été prodiguée à quelques acteurs majeurs de la finance à Djibouti.
Cette formation s’est tenue dans le cadre du projet de « Renforcement de la résilience économique des PME vulnérables » financé par le Gouvernement djiboutien avec l’appui de la Banque Islamique de Développement (BID) et mis en œuvre par le PNUD.
L’objectif de ce projet est d’appuyer le gouvernement djiboutien, par le biais de la Banque Centrale de Djibouti, dans le développement et la vulgarisation de la finance islamique en général et la microfinance islamique en particulier. La finance islamique a vu le jour en 2006 et représente environ 20 % de l'ensemble des actifs bancaires du pays. Cependant, une grande partie de la population reste encore très peu bancarisée, parfois en raison de croyances religieuses. Selon la base de données Findex 2011 de la Banque Mondiale, le pourcentage d'adultes qui n'ont pas de compte dans une banque ou un autre type d'institution financière officielle pour des raisons religieuses est de 22%. Ce chiffre indique donc qu'il existe une demande potentielle à Djibouti pour des produits et services financiers islamiques. Le développement de la finance islamique pourrait ainsi devenir un mécanisme d’inclusion financière d’une large part de la société djiboutienne.
Parmi les bénéficiaires de la formation menée par le Dr. Muniruddeen Lallmahamood et M. Nabil Kesraoui, deux experts internationaux en finance inclusive et finance islamique, on peut citer des employés de Salaam Bank, de Saba African Bank, de l’East Africa Bank, de la Caisse Populaire d’Epargne et de Crédit (CPEC), de la Banque Centrale de Djibouti et du Centre pour le Leadership et l’entreprenariat (CLE).
Cette formation, inédite jusqu’alors à Djibouti, avait pour objectif d’inciter les institutions de la place à se tourner vers la microfinance islamique, un outil de financement non traditionnel ayant déjà fait ses preuves dans de nombreux pays. Pour ce faire, l’expertise de la plateforme mondiale de finance islamique et d'investissement d'impact (GIFIIP), créée par la BID et le Centre international d'Istanbul pour le développement du secteur privé (IICPSD) du PNUD en 2016, a été sollicitée.
Afin de positionner la finance islamique comme un catalyseur clé des ODD, le GIFIIP a développé ce «Programme de formation en microfinance islamique» visant à aider les institutions financières à renforcer leurs capacités, en vue de saisir de nouvelles opportunités d'investissement dans le domaine du développement durable. L’objectif étant, dans le cadre du projet mis en œuvre par le PNUD, de développer des solutions de financement plus adaptées aux situations des PME djiboutiennes.
Le programme de la formation s’est attaché à expliquer les concepts clés et les développements récents de la microfinance et de la finance islamiques. Une attention particulière a été portée au financement des PME par le biais de la microfinance islamique. En plus des connaissances théoriques partagées avec les participants, la formation a été l’occasion de passer en revue des études de cas et des problèmes liés à la pratique de la microfinance islamique auxquels les participants pourraient faire face à Djibouti.
Au total, 8 modules ont composé cette formation, permettant ainsi aux bénéficiaires d’aborder divers aspects de la finance islamique tels que les outils d’atténuation des risques et de mesure des performances, les contrats et transactions, les règlementations et la gouvernance, etc. Sur les thématiques de la règlementation et la gouvernance, les interventions des représentants de la Banque de Centrale de Djibouti ont été particulièrement appréciées et ont permis de rappeler les cadres légaux fixés à destination des opérateurs, en particulier en matière de finance digitale. La digitalisation des processus bancaires, en tant que moyen innovant permettant l’inclusion financière des populations laissées en marge du système économique, a également fait l’objet de nombreux échanges et études de cas.
A l’issue de la formation, les participants ont affirmé avoir pris la mesure de l’impact qu’auront sur leurs activités la mise en service d’outils financiers nouveaux basés sur les principes de la finance islamique. Afin de continuer à accompagner le gouvernement et les institutions financières sur la voie de la finance islamique, le PNUD va appuyer chaque étape de la mise en service des nouveaux produits financiers que proposeront les banques impliquées. Ainsi, la formation des agents bancaires chargés de diffuser les offres de microfinance sera appuyée par le PNUD, de même que l’appropriation desdites offres par les PME et autres bénéficiaires. Du point de vue institutionnel, le CLE bénéficiera également d’un renforcement de ses capacités pour l’appuyer dans sa mission de supervision du déploiement des offres de microfinance islamique.
FOCUS
Qu’est-ce que la finance islamique ?
La finance islamique est basée sur les principes de la Charia, dont la caractéristique financière la plus importante, à côté de la finalité matérielle, l’activité l’investissement et l’interdiction d’exploitation contractuelle, est l’interdiction de donner ou de recevoir un taux de rendement fixe ou prédéterminé sur une transaction financière. Ceci découle des principes selon lesquels l’argent n’a pas de valeur intrinsèque et que les risques doivent être partagés par les deux parties. La finance islamique associe le taux d’intérêt à l’usure (riba). Mais cette interprétation diverge selon les coutumes des différentes communautés et pays.
Le principe des transactions islamiques est qu’un cycle financier doit correspondre à un cycle productif de biens ou de services. Le partage des risques, des pertes et des profits par le client et la banque islamique prévaut. Toutes les modalités de la transaction doivent être spécifiées dans un contrat, connu des deux parties, en toute transparence.
Sur le marché de la finance islamique se côtoient banques islamiques et enseignes bancaires occidentales, soit à travers des filiales, des guichets islamiques ou des produits financiers islamiques (voir par exemple HSBC ou Barclays). Il existe aussi un indice Dow Jones du marché islamique.
La finance islamique en quelques chiffres :
- 500,5 milliards d’actifs
- environ 250 organismes de placements collectifs islamiques
- environ 600 institutions financières islamiques, dont plus de la moitié des banques
- croissance de l’industrie 15% à 20% par an
Source : https://www.findevgateway.org/fr/guide/2009/12/finance-et-microfinance-islamiques