Alain Nzambe coordonne les comités locaux de développement dans le secteur de Bakumu Mandombe, territoire d’Ubundu sur la RN3, au PK 29. Il se projette déjà à la fin du projet PIREDD Oriental. « La fin du projet s’approche. Nous devons pérenniser les acquis ; encadrer les comités locaux de développement. Nous devons nous organiser car nous avons bénéficié des fournitures de bureau mais nous ne savons pas où les installer. Les comités locaux de développement sont éparpillés et nous ne disposons pas de moyen de déplacement. » Il a le regard tourné vers le projet.
Alain Nzambe a opté pour la culture de cacao et des palmiers à huile. Une partie de plantules des cacaoyers ont été transplantées sur 2 hectares. Il comprend les visées du projet « j’ai opté pour la culture pérenne afin de réduire la pression sur la forêt. Le cacao est rentable, sa culture se répand dans la Tshopo. Il se vend à l’exportation et je compte en tirer profit pour ma famille. J’ai aussi des palmiers à huile qui sont dans les germoirs. C’est une source locale sûre de revenu sur le marché de Kisangani. Je compte accroitre mes revenus avec les palmiers nains qui produisent très jeunes et beaucoup de régime de noix de palme. Je dispose déjà d’une unité artisanale d’extraction d’huile de palme. »
Des bénéficiaires du projet PIREDD Oriental dans les provinces de la Tshopo et du Bas Uélé s’approprient du zonage participatif des terroirs dans le cadre des comités locaux de développement (CLD) dans le secteur de Bakumu-Mandombe, territoire d’Ubundu, province de la Tshopo ainsi que dans le village de Bopale, secteur Mobati, territoire de Buta dans le Bas Uélé. PIREDD Oriental dans la gouvernance des ressources naturelles et pour stabiliser la déforestation et la dégradation forestière ainsi que l’amélioration les revenus des communautés locales a mis en place un plan de promotion des pratiques durables en agriculture vivrière et pérenne.
Sagesse Nziavake, coordonnatrice scientifique de Tropenbos RD Congo, un de six ONGs d’exécution du projet dans la Tshopo, explique : « Nous mettons en œuvre 6 volets du PIRRED Oriental en accompagnant les bénéficiaires dans l’agriculture durable. Nous soutenons l’agroforesterie et les cultures pérennes comme le cacaoyer, le palmier à huile et le caféier. Nous avons déjà 600 ha de cacaoyers transplantés, en y ajoutant ceux qui sont les germoirs, nous approchons les 900 ha. Notre objectif est d’atteindre 1800 ha de cacaoyers et 2000 ha de palmiers à huile. » Elle affirme que les demandes explosent en ce qui concerne les palmiers à huile et les cacaoyers avec comme conséquence le vol des plantules dans les germoirs.
L’implication de la femme est effective à Bopale
Bopale, village du secteur Mobati, territoire de Buta, province de Bas Uélé compte 172 ménages dont 569 femmes ; 465 hommes ; 136 filles ; 112 garçons selon des relevés des services de la santé. Bopale dispose déjà de son plan simple d’aménagement du territoire, PSAT, qui traduit un projet d’aménagement et d’utilisation des terres et des ressources naturelles à l’échelle du terroir. Il a été élaboré de manière participative avec des représentants des différents groupes socioéconomiques de la communauté de Bopale avec l’appui du Partenaire Local d’Exécution (KMDA/Juristrale/ et les services techniques de l’Administration publique.
A Bopale, c’est une femme qui a conduit l’équipe de zonage dans la forêt pour indiquer les rivières à protéger car des hommes y faisaient la pêche avec des produits toxiques asphyxiant les poissons afin de les ramasser. Cette pratique a conduit à tuer des alevins. Le poisson s’est raréfié dans le village. Les villageois ont convenu de prohiber cette forme de pêche pour recourir aux nasses, à la pêche à la ligne autres procédés qui permettent la régénération des espèces.
Les habitants bénéficient déjà des retombées de la protection de la forêt. Ils commencent déjà ra ramasser les escargots dans la forêt. Ces gastéropodes se raréfiaient déjà dans la contrée avec la forte pression de l’homme. C’est un signe que la biodiversité se reconstitue. Les villages se concentre sur l’agriculture. « Nous ramassons déjà en quantité des escargots dans la forêt. C’est un bon signe. C’est une des conséquences de la conservation d’une partie de notre forêt » explique une femme qui exhibe fièrement un panier d’escargots.
Le couple Henriette Bokata et Chadrac Ngelema ont deux hectares de cacaoyers. Sur le même espace pousse également le riz et les bananiers. Ils disposent également d’un germoir des palmiers à huile. Le couple mise sur la nouvelle variété des palmiers nains. « L’huile de palme est une source de revenu sur le marché local. La forêt dégradée qui entoure le village offre des espaces pour la culture pérenne », explique Chadrac.
Le terroir de Bopale après le zonage est divisée en cinq parties. La zone comprenant la forêt de Mambalu, 126 ha, est affectée à la récolte des Produits Forêts Non Ligneux (PFNL). Les PFNL les plus prélevées sont les feuilles du Gilbertiodendon deweivrei, les feuilles de marantacées et les chenilles. Ces feuilles servent à couvrir les cases des villageois.
La zone de conservation, 768 ha, correspond aux forêts à Gilbertiodendon deweivrei et forêts mixtes a été choisie en raison de la forte concentration de la biodiversité. La vision pour cette zone est de promouvoir la conservation de la biodiversité et l’écotourisme dans le futur. Cette zone constitue aussi une zone de reproduction des plusieurs espèces animales.
La zone dédiée à l’exploitation artisanale du bois, 199 ha, est une forêt est riche en espèces ligneuses et la communauté souhaite signer un contrat d’exploitation dans le futur incluant le versement d’une compensation pour la réalisation des projets communautaires.
La zone de chasse, 913 ha, renferme une grande diversité d’espèces animales, on y chasse, l’antilope rouge, l’antilope bleu, le singe, potamochère, le singe et le petit gibier.
La zone agricole, 2 614 ha, est affectée principalement à l’agriculture ; la pêche, la chasse et à la récolte des produits forestiers non ligneux (PFNL) y sont aussi pratiquées dans une moindre mesure. Cette zone correspond aux complexes ruraux qui sont relativement proches du village et offrent un sol fertile pour l’agriculture. Elles constituent le bassin traditionnel de production agricole du terroir, où sont cultivés principalement le riz, arachide, manioc, de façon secondaire le maïs et la patate douce.
Marc Ngwanza