Le Páramo, ressource en eau, source de vie
Les communautés du Fondo de Páramos Tungurahua y Lucha contra la Pobreza face au changement climatique et à la pandémie de COVID-19

Dans les Andes de l’Équateur, du Pérou, de la Colombie et du Venezuela, le Páramo, c’est la vie. Situé au-dessus de la limite des arbres mais en dessous de la limite des neiges, cet écosystème de haute altitude est une source d’eau vitale pour des personnes comme Rosa Elena Mazaquiza et sa communauté.
« C’est grâce à la protection du Páramo que, pendant cette pandémie, nous pouvons garantir que chaque foyer de Tungurahua — tant au sein de la communauté que dans les principales villes — puisse se procurer et utiliser le liquide le plus vital : l’eau. » — Rosa Elena Mazaquiza, , présidente du Mouvement des Kichwas et des paysans de Tungurahua.
Dans la Province équatorienne de Tungurahua, plus de 90 % de l’eau provient de l’écosystème du Páramo. Agissant comme un réservoir des eaux de pluie, de la brume et des ruissellements glaciaires, il stocke cette eau et la libère lentement dans les zones basses.
De nombreuses communautés dépendent du bon fonctionnement de cet écosystème.

Malheureusement, le Páramo est menacé par la déforestation, le surpâturage, et les activités économiques non durables comme l’expansion agricole, l’exploitation minière, les brûlis, la gestion inadéquate de l’eau et la croissance urbaine.
Le changement climatique entraîne aussi une diminution des précipitations, réduisant la capacité des sols du Páramo à stocker l’eau. Cette situation rend le rationnement nécessaire et compromet les moyens de subsistance.
La crise de COVID-19 met encore davantage en évidence à quel point le mode d’utilisation des sols affecte leur capacité à fournir des services essentiels tels que l’eau, alors que les épiceries connaissent des pénuries de produits alimentaires, et que les villageois se tournent vers leurs propres potagers.
« En cette période de crise, la vie en ville et à la campagne dépend entièrement du travail et de la production alimentaire des communautés locales. » — Rosa Elena Jerez Mazaquiza.

Face aux pénuries d’eau, les gouvernements municipaux en Équateur manifestent un intérêt croissant pour la protection de ces écosystèmes.
Le Fondo de Páramos Tungurahua y Lucha Contra la Pobreza (Fonds pour les Páramos de Tungurahua et la lutte contre la pauvreté) est un modèle de partenariat public-privé, visant à protéger le Páramo. Créé en collaboration avec les Mouvements autochtones unis de Tungurahua, les collectivités locales et provinciales et des entreprises privées, son objectif est de mettre en commun les ressources financières et d’investir dans la gestion durable.
Le Fonds a recueilli 2 188 497 dollars destinés à la conservation et la restauration de plus de 4 000 hectares, ainsi qu’à l’amélioration de la sécurité de l’eau dans les bassins des rivières Ambato et Pastaza. Grâce à ses programmes de moyens de subsistance alternatifs, il a permis d’accroitre de 30 % les revenus des bénéficiaires. Son programme d’éducation environnementale a touché plus de 7 600 enfants. Ses activités bénéficient à environ 400 000 personnes, et sont toutes élaborées et menées en partenariat avec les peuples autochtones et les communautés locales.

Ce partenariat montre son efficacité face à la pandémie. Oscar Leonardo Rojas Bustamante, secrétaire technique du Fonds, explique que « les communautés collaborent volontairement avec les collectivités locales pour poursuivre les activités de conservation au profit du bien-être du Páramo, tout en aidant à gérer l’urgence en appuyant les opérations de désinfection et en distribuant des kits alimentaires à la population”.
« Même si nous ne sommes pas responsables de la crise, nous avons la responsabilité d’en sortir et nous n’y arriverons pas seuls. Nous devons tous partager cette responsabilité au sein des communautés autochtones et locales dans ce contexte de crise. A cette fin, nous travaillons de concert avec les collectivités locales et provinciales pour garantir l’approvisionnement en eau et en vivres pour tous, limiter les déplacements d’une communauté à l’autre, mais aussi vers et depuis les villes, et développer des programmes d’éducation environnementale en ligne, notamment un guide de bonnes pratiques sanitaires et le bon usage des plantes médicinales », dit-il.

En reconnaissance du travail remarquable qu’il a accompli, le groupe s’est vu décerner le Prix Équateur 2019 dans la catégorie adaptation au changement climatique.
« Pour nous, peuples autochtones et communautés locales, les connaissances traditionnelles renforcent notre capacité à devenir plus résilients. Les pratiques utilisées dans le passé étaient, et sont encore, intrinsèquement durables. Ce qui est insoutenable aujourd’hui, ce n’est pas le changement climatique en soi, mais le rythme de ce changement. Et ce dont nous avons besoin à présent, c’est d’un changement du climat politique », a déclaré Rosa Elena Jerez Mazaquiza, en recevant le prix.
Prendre soin du Páramo, c’est assurer la prospérité de la vie humaine. Rosa et sa communauté montrent l’exemple.
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Auteur: Anna Giulia Medri, Analyste principale en Gestion de programmes, Initiative Équateur, PNUD