Face à l'escalade du conflit en Ukraine cette année, plus de 1 000 organisations de la diaspora ukrainienne ont soutenu des initiatives consistant notamment à faire la collecte de nourriture et de vêtements, à envoyer de l'argent pour acheter des produits de première nécessité ainsi qu'à recueillir des fonds pour reconstruire leur pays. Les envois de fonds vers l'Ukraine ont atteint 18,4 milliards de dollars en 2022, soit plus de trois fois le montant des investissements directs étrangers et surpassent de loin l'APD.

Dans un tout autre contexte, les envois de fonds des amis et des parents à l'étranger ont contribué à réduire la détresse causée par les sécheresses et les pénuries alimentaires.

« Je ne sais pas comment ma famille aurait survécu si mon fils et ma fille n'avaient pas envoyé 450 dollars chaque mois. Nous serions morts s'ils n'étaient pas allés en Europe », a déclaré Halimo Abukar Jama, 57 ans, mère de neuf enfants, qui a vécu la guerre civile en Somalie.

Leurs envois de fonds ont permis de stabiliser la consommation des ménages et ont constitué une forme d'assurance pour les ménages somaliens confrontés à des baisses de revenus et de moyens de subsistance. Avec l'accélération des effets néfastes du changement climatique et de la dégradation de l'environnement, les envois de fonds joueront un rôle croissant dans le soutien des économies et des sociétés touchées par les catastrophes.

Abdirashid Duale est le PDG de Dahabshil, la plus grande société de transfert d'argent d'Afrique.

« Les services de transfert de fonds permettent aux gens de rester en vie en cette période de sécheresse sans précédent, exacerbée par les effets du changement climatique et les conflits. Les personnes qui souffrent de la raréfaction des denrées alimentaires et de la flambée des prix ne pourraient pas survivre sans la générosité de leurs familles et amis à l'étranger », a-t-il déclaré.

Pour soutenir leur famille restée au pays, les migrants ont besoin d'un travail décent, d'être intégrés dans leur communauté d'accueil, d'avoir accès aux services et de bénéficier d'une protection sociale. Il est plus difficile pour les migrants sans papiers ou ceux qui travaillent de manière informelle de bénéficier d'une source de revenus stable qui leur permettra d'envoyer des fonds dans leur pays d'origine. Les mesures visant à fournir des documents aux migrants dans les pays d'accueil et à promouvoir l'accès à un travail décent et à la protection sociale sont essentielles pour favoriser leur intégration socio-économique, mais aussi pour qu'ils puissent soutenir leur famille et leur communauté restées au pays. Les migrants ne peuvent pas contribuer pleinement au développement durable, et celui-ci ne peut être considéré comme tel, s'ils ne sont pas traités avec égalité et inclusion, et si leurs droits ne sont pas pleinement respectés.

L'envoi de fonds peut également être un processus difficile et coûteux. Le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, dans son Objectif 20, appelle la communauté mondiale à « rendre les envois de fonds plus rapides, plus sûrs et moins coûteux pour favoriser l'inclusion financière des migrants ». Les Objectifs de développement durable (ODD), adoptés en 2015 dans le cadre du Programme 2030 des Nations Unies pour le développement durable, comportent une cible visant à réduire le coût des transferts de fonds. Cependant, en 2021, le coût moyen d'envoi de 200 dollars est resté supérieur à 6 %, soit deux fois plus que l'objectif, qui est de 3 %.

Au Venezuela, par exemple, les transferts de fonds ont été vitaux pour les familles pauvres. « On ne peut pas cacher la réalité que vit le pays en ce moment. La plupart des envois de fonds servent à acheter de la nourriture, à payer des services, à acheter du gaz de cuisson et des médicaments », explique Carlos, un Vénézuélien travaillant dans le bâtiment à San Martin, en Colombie. En raison de l'absence de structures officielles, Carlos doit payer une commission de 20 % pour envoyer des fonds par des voies informelles. Cet argent, qui serait vital pour réduire la pauvreté dans son pays, profite avant tout aux intermédiaires.

L'absence de structures officielles est également un problème grave en Afghanistan. Avec 5,9 millions d'Afghans à l'extérieur du pays et 97 % de la population risquant de basculer sous le seuil de pauvreté à l'intérieur du pays, les envois de fonds aident une famille en difficulté sur dix à survivre. Cependant, après la prise du pouvoir par les Talibans en août 2021, les États-Unis ont gelé 7 milliards de dollars de réserves détenues par la banque centrale afghane, tandis que le Fonds monétaire international (FMI) suspendait son système de financement. La crise de liquidité du pays a mis un grand désordre dans le système bancaire et financier et les transferts de fonds dans un état précaire.

« La plupart des envois de fonds servent à acheter de la nourriture, à payer des services, à acheter du gaz pour cuisiner et des médicaments, » - Carlos, travailleur migrant.