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Pourquoi les crues éclair sont-elles si meurtrières en Afghanistan ?
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Depuis le mois d'avril, des crues éclair ont ravagé l'Afghanistan, faisant au moins 300 morts, des centaines de blessés et près de 9 000 maisons détruites. Des milliers de personnes sont désormais sans abri. Les routes, les ponts, les écoles et les centres de santé de Baghlan, Badakshan, Takhar, Faryab et Ghor ont été détruits.
Une fois de plus, l'Afghanistan est lourdement touché par une catastrophe climatique après les tremblements de terre de l'année dernière à Hérat, les fréquentes tempêtes de sable et la sécheresse qui frappent le plus durement les plus vulnérables, en particulier les femmes et les enfants.
Mais pourquoi ces déluges soudains sont-ils si meurtriers et qu'est-ce qui rend cette catastrophe particulièrement dévastatrice ?
À première vue, la question peut sembler simple, mais la réponse s’avère être un tissu complexe d’éléments liés à la géographie, au changement climatique et à des fragilités socio-économiques, qui créent une crise multiple difficile à démêler. Voici ce qu'il faut en savoir et comment le PNUD tente de réduire son impact.
Géographie et changement climatique, un duo mortel
La topographie unique au monde de l'Afghanistan est par nature propice aux crues éclair. Le pays est caractérisé par un terrain montagneux, où la neige s'accumule pendant l'hiver. Lorsque cette neige fond, ou lorsque de fortes pluies tombent, l'eau dévale ces pentes rocheuses et arides à une vitesse vertigineuse, transformant les ruisseaux en torrents. Ces eaux qui ruissellent à vive allure ne rencontrent que peu ou pas d'obstacles naturels, et terminent leur course en balayant les communautés sans qu’elles aient pu s’y préparer.
Le changement climatique vient aggraver cette vulnérabilité naturelle. L'Afghanistan connaît des conditions météorologiques plus extrêmes, des précipitations irrégulières et une augmentation des températures, ce qui contribue à rendre les inondations plus fréquentes et plus graves. Le pays ne dispose pas de systèmes adéquats de canalisation et de gestion de l'eau, ce qui signifie que les eaux de crue peuvent facilement franchir les berges des rivières et se frayer un chemin jusqu'aux zones peuplées.
Des facteurs de vulnérabilité
Les conditions socio-économiques de la population afghane sont grandement responsables de l’aspect meurtrier des crues éclair. De nombreuses communautés afghanes sont situées près du lit des rivières afin d'exploiter les ressources hydriques, une nécessité dans un pays souffrant d'une pénurie chronique d'eau. Cela signifie que lorsque des crues se produisent, ces communautés sont directement menacées.
La façon dont les maisons sont construites dans ces régions exacerbe souvent le problème. Mal bâties avec des matériaux fragiles comme la boue et le bois, elles résistent difficilement à la force d'une inondation. À cela s'ajoutent les fréquents tremblements de terre. Dans une région sismique, construire des structures résistantes à plusieurs étages n'est pas seulement un défi, c'est souvent impossible. Ainsi, lorsque des inondations se produisent, les maisons s'effondrent, laissant les gens très vulnérables.
Infrastructures et systèmes d’alerte précoce limités
Les limites de l'infrastructure ne concernent pas seulement le logement. Le mauvais état des réseaux routiers rend difficile l'évacuation des personnes et l'acheminement de l'aide à ceux qui en ont besoin. Les systèmes d'alerte précoce sont pratiquement inexistants dans de nombreuses régions du pays, ce qui laisse peu ou pas de temps aux communautés pour se préparer ou évacuer.
La situation est encore aggravée par le manque de financement des programmes d'adaptation. Ces dernières années, le soutien international à ces initiatives cruciales a diminué. Cette réduction du financement a compromis à la fois les secours immédiats et le renforcement de la résilience à long terme, aggravant l'impact de chaque inondation successive.
Les normes culturelles prescrivent souvent aux femmes et aux enfants de rester à la maison, ce qui les rend particulièrement vulnérables en cas de catastrophes. Ils sont généralement les premiers touchés et les enfants les plus jeunes n'ont pas toujours la force de s'enfuir rapidement pour échapper au danger.
Que fait le PNUD ?
Malgré ce sombre scénario, il y a de l'espoir. Le PNUD a mis au point un ensemble d'initiatives visant à apporter des solutions immédiates et à long terme. Mais il y a un mais : le financement est limité compte tenu de l'ampleur du problème.
Le PNUD se concentre également sur la création de moyens de subsistance et d'opportunités pour une résilience à long terme. Les programmes comprennent un soutien financier aux familles afin qu’elles reconstruisent leurs maisons, injectant ainsi des revenus directement dans les économies locales. Et lorsqu'une crise survient, le PNUD déploie rapidement un système de « travail contre rémunération » pour le déblaiement et l'enlèvement des débris. L'amélioration de l'accès routier et des infrastructures reste une priorité, afin de faciliter l'évacuation et la distribution des ressources.
Une autre initiative innovante concerne les cuisines communautaires gérées par des femmes. Ces cuisines sont des entreprises sociales qui offrent une sécurité alimentaire immédiate et génèrent des revenus, ce qui renforce l'autonomie des femmes et favorise la résilience économique. Parallèlement, avec l’ONU et d'autres partenaires, le PNUD construit des abris temporaires pour protéger les familles des conditions climatiques en Afghanistan – des températures élevées, tempêtes de sable ou hivers rigoureux.
Les interventions clés comprennent l'amélioration de la canalisation et des canaux d'irrigation pour gérer le flux d'eau. Des systèmes efficaces de gestion de l'eau peuvent éloigner les eaux de crue des communautés vulnérables, réduisant ainsi les dommages immédiats. À court terme, la mise en place d'abris temporaires, l'évaluation rapide des besoins des zones touchées et la fourniture de ressources pour la reconstruction sont des étapes essentielles.
L'architecture vernaculaire, telle que promue par le PNUD, utilise des matériaux et des techniques de construction traditionnels, comme la brique de terre, la maçonnerie de pierre et le bois, pour créer des maisons résistantes et durables. Ces méthodes résistent naturellement au climat rigoureux de la région et à l'activité sismique ; lorsqu'elles sont appliquées correctement, elles peuvent également être plus résistantes aux crues éclair. En donnant aux artisans locaux les moyens de construire en utilisant ces techniques culturellement approriées et rentables, les communautés peuvent développer des structures plus solides, réduisant ainsi l'impact dévastateur des crues soudaines et des tremblements de terre, tout en préservant le patrimoine culturel et en favorisant la résilience de la communauté.
Les systèmes modernes d'alerte précoce sont essentiels. Grâce à la combinaison de technologies modernes et de connaissances locales, ces systèmes peuvent fournir des alertes au moment opportun, ce qui donne aux gens un temps précieux pour se protéger et évacuer si nécessaire. Pour le PNUD, il est important que ces systèmes d'alerte précoce s'adressent à tous, et en particulier aux plus vulnérables : les femmes, les enfants et les personnes âgées.
Des efforts coordonnés sont nécessaires
La lutte contre les crues éclair et la crise globale du climat en Afghanistan est une tâche complexe qui nécessite des efforts coordonnés, un financement soutenu et une attention portée à la fois à la réponse immédiate et à l'adaptation à long terme. La communauté internationale doit se mobiliser pour apporter un soutien constant, afin de garantir non seulement la survie, mais aussi la résilience et le développement des communautés afghanes. Pour cela, il est essentiel de comprendre les dynamiques complexes en jeu. Grâce aux initiatives mondiales et locales en cours, l'Afghanistan peut aspirer à un avenir où les catastrophes ne seront plus inévitables. Le PNUD est là pour les soutenir.