Ce n’est pas pour rien qu’elles sont connues comme le laboratoire de biodiversité le plus étendu au monde. 

Les îles Galápagos, un groupe de 127 îles et îlots situés à environ 1 000 kilomètres au large de l'Équateur continental, abritent la plus grande concentration d'espèces endémiques de faune et de flore de la planète.

Afin de préserver ce musée biologique à ciel ouvert, dont le caractère unique lui a valu d’être le premier site inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, 97 pour cent de sa superficie ont été désignés comme parc national.

Ce coin retiré et unique affronte pourtant des défis. L'un d'eux est la menace constante de la pollution de l'eau, de l'air et du sol, aggravée par le changement climatique et qui se manifeste, entre autres, par l'accumulation de déchets plastiques et de produits chimiques. Ce problème a des répercussions sur la santé générale des écosystèmes, et affecte à la fois la faune et la flore, ainsi que la vie humaine.

En 2019, Norman Wray, alors Gouverneur de l'archipel, avait alerté : « Nous avons beau nettoyer les côtes, le plastique revient toujours ». Récemment, une analyse a montré que les tortues des Galápagos, qui se distinguent des autres, sont plus susceptibles de consommer des déchets d'origine humaine, tels que le métal, le carton et les matériaux de construction.

Des solutions innovantes sont mises en œuvre. En voici quelques-unes.

En 2022, l'humanité a produit 62 millions de tonnes de déchets technologiques, ce qui équivaut à environ le poids de 107 000 des plus gros avions de ligne. Cependant, moins d'un quart d'entre eux ont été éliminés correctement.

Beaucoup de ces objets peuvent contenir des substances chimiques connues sous le nom de polluants organiques persistants (POP). C'est le cas des mousses isolantes des réfrigérateurs, des batteries ou des téléphones portables.

Les appareils électroniques hors d'usage contiennent souvent des substances telles que le plomb ou le mercure et doivent être éliminés correctement à la fin de leur durée de vie utile afin d'éviter des effets néfastes sur l'environnement et la santé humaine.

Aux Galápagos, compte tenu de l'insularité, ce type de déchets était stocké exclusivement dans des centres de recyclage, sur les îles qui en avaient la capacité. Le manque d'expertise technique et l'absence d'installations adéquates telles que celles disponibles en Équateur continental ont entravé la bonne gestion de ce type de déchets.

Cette situation a pris un tournant en 2022, lorsque, grâce à l'initiative du Programme national de gestion des produits chimiques, 35 tonnes de déchets susceptibles de contenir des produits chimiques toxiques ont été collectées sur les îles de Santa Cruz, San Cristóbal et Isabela.

Lors d'une visite sur l'île de Santa Cruz, Ángela Quishpe, spécialiste des POP, explique qu'ils ont trouvé « des montagnes de matelas et de plastiques rigides, des produits pouvant contenir des agents ignifuges » qui peuvent libérer des éléments toxiques dans l'environnement.

Au début de l'année 2023, dix grands conteneurs ont transporté ces déchets en toute sécurité vers le continent pour qu'ils soient éliminés ou recyclés de manière appropriée, sous la direction de professionnels de l'environnement agréés. Le Programme se concentre actuellement sur l'élaboration d'un plan de gestion régulière de ces déchets, avec pour objectif principal de minimiser leur impact sur l'environnement.

Rien que sur les îles de Santa Cruz, Floreana et San Cristóbal, plus de 95 tonnes de déchets médicaux sont produites chaque année.

Il s'agit notamment de seringues, de médicaments, de gants, de flacons et d'autres déchets produits par les centres de santé, les laboratoires et les installations de recherche et qui nécessitent un traitement spécifique. Un incinérateur a été installé sur l'île de Santa Cruz pour traiter ces matériaux sans avoir à les transférer sur le continent. L’installation dédiée brûle les déchets, les réduisant en matières inorganiques et incombustibles, tout en réduisant considérablement le volume et le poids.

« L'incinérateur atteint une température maximale de 1 300 degrés Celsius, ce qui permet de brûler et d'éliminer complètement tous les gaz toxiques et donc, de les empêcher de se répandre dans le sol, l'eau et l'air », explique Andrés Acosta, l'opérateur responsable de l'incinérateur. Les professionnels comme lui doivent apprendre à identifier, classer et trier correctement les déchets, en plus d'aborder les aspects réglementaires pour garantir la conformité et la sécurité.

« Nous agissons au nom de la santé des familles et de l'environnement », explique Ángel Loor. Comme beaucoup d'autres agriculteurs, il livre les conteneurs de pesticides vides aux magasins où ils les ont achetés pour éviter qu'ils ne libèrent des polluants.

Avant 2021, seuls 5 pour cent de ces conteneurs étaient recyclés aux Galápagos. Après le lancement du Programme et de la mise en œuvre de l'initiative Aliados del Ambiente (Alliés de l'Environnement), 30 pour cent de tous les conteneurs apportés sur les îles ont été collectés chaque année.

Dans le même temps, un travail de sensibilisation et d'engagement en faveur de la protection de l'environnement et du développement durable est en cours. 

Ce travail comprend un cycle de formation pour les agriculteurs, des ateliers pour les enfants et des campagnes de communication.

Une autre action consiste à réduire l'utilisation de pesticides chimiques et à promouvoir des techniques plus durables pour prévenir les parasites, comme l'utilisation de phéromones installées dans des conteneurs qui servent de pièges. Sur l'île de San Cristóbal, l'utilisation de pesticides a ainsi été réduite de près de 50 pour cent dans 63 exploitations.

L'élimination des produits chimiques a également contribué à améliorer la qualité des produits : 

« L'odeur était imprégnée dans la plante qui était aussi tachée. Maintenant, le produit est plus sûr, plus propre et plus sain », explique Daniela Cruz, agricultrice à San Cristóbal.

Tous les agriculteurs des 63 exploitations ont suivi une formation dispensée par le Programme et la Fondation Heifer Ecuador, ce qui leur a permis de générer 53 pour cent de revenus supplémentaires grâce à la vente de leurs produits. Tout cela grâce aux stratégies apprises pour consolider une chaîne de commercialisation locale plus efficace et plus rentable.

Afin de renforcer la sécurité et la souveraineté alimentaires des îles et de soutenir les bonnes pratiques agricoles, un chromatographe en phase gazeuse a été installé à Santa Cruz pour détecter les résidus de pesticides dans les aliments produits dans l'archipel.

Les femmes rurales jouent un rôle crucial dans le développement agricole des îles, de la production aux activités de commercialisation, en passant par la gestion durable des ressources et des déchets. En fait, 55 pour cent des exploitations agricoles participant aux formations sont dirigées par des femmes. 

Leur coopération active contribue de manière significative à la diversification des cultures, à la sécurité alimentaire des familles et à la résilience des communautés.

À l'issue de la formation, 50 de ces femmes leadeurs ont été reconnues comme Botas Violeta (Bottes violettes), une initiative du PNUD Équateur qui vise à sensibiliser à l'importance de l'égalité des sexes. Ces femmes ne font pas seulement progresser l'équité dans la société, elles favorisent également un développement agricole plus vert aux Galápagos.