Vers une ouverture de données publiques (Open Data) pour faciliter la création de services applicatifs innovants
12 avril 2021
Du 06 au 09 Avril 2021, le Laboratoire d’Accélération (Lab) du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) au Mali a mené une mission d’exploration du Système Statistique National. Cette mission a consisté en une série d’entretiens avec les acteurs clés qui participent activement à la collecte, à l’analyse, et à l’interprétation de données statistiques. Nos discussions, devrais-je les appeler, se sont limités avec les institutions du secteur public qui jouent un rôle de coordination dans le système d’offre et de demande de l’information sur les activités sectorielles du Mali.
En adoptant une pensée systémique, nous avons recueillis les défis et opportunités d’innovation dans le système auprès de l’Institut National de la Statistique (INSTAT) et des onze Cellules de Planification et de Statistique (CPS).
Dans ce billet de blog, nous nous intéresserons à l’ouverture de données (Open Data) du secteur de la culture comme cas d’analyse spécifique en matière de production et d’utilisation de données statistiques.
Le Système Statistique National (SSN) :
Comme tout système, le SSN est composé de plusieurs unités interconnectés qui collectent, analysent, interprètent et diffusent les données issues de différents secteurs économiques, sociales et culturelles du Mali. Au niveau public, ces données sont utilisées par les départements ministériels et les partenaires techniques et financiers dans le cadre de la formulation de politiques et projets de développement, du renseignement des indicateurs de développement du Cadre Stratégique pour la Relance Économique et le Développement Durable (CREDD) ou des Objectifs de Développement Durable (ODD).
Ces données permettent de faire un diagnostic de la situation actuelle du pays et de se projeter dans le futur à partir de la situation de référence.
Le rôle de coordination de ces activités de production d’informations statistiques est assuré par l’INSTAT. Les CPS, points de levier du système, collectent, interprètent, et communiquent les données sectorielles. Ils participent également au suivi-évaluation et à la formulation de projets et programmes au niveau sectoriel.
La CPS : point de levier du système
Créée le 27 février 2007 par la loi No 07-020, la CPS « assure, en rapport avec les services techniques concernés, la mission de planification et d’information statistique dans les domaines couverts par le secteur » (Article 2 de la Loi 07-020).
Dans cet important rôle de collecte des informations sur ce qui se passe dans chaque secteur (développement rural, mines et énergie, éducation, culture et jeunesse, etc.), la CPS est un point de levier capital dans les efforts d’innovation dans le secteur public.
Les données culturelles : à quelles fins ?
Lorsque nous parlons de données culturelles, à quoi faisons nous référence exactement ?
Chaque année, la CPS Culture (et Jeunesse) produit et diffuse un annuaire statistique du secteur afin de « fournir aux politiques sectorielles et aux acteurs de développement des outils d’aide à la prise de décisions et de cadrage des actions ». Cet annuaire comporte les informations sur l’héritage culturel et naturel, les arts de la scène et festivités, les arts visuels, l’artisanat et le tourisme, les livres et presse, l’audiovisuel et médias interactifs, l’éducation/formation sur la culture
Il faut noter que les catégories ci-dessus ne sont pas exhaustives selon la CPS Culture (et Jeunesse). En effet, des travaux d’études sont en cours par la DNAC sur la viabilisation et la classification des évènements culturels. Les résultats de ces études devraient permettre de prendre en compte les catégories culturelles manquantes ainsi que celles de l’ère du digital en matière d’acteurs et d’actions culturelles.
La digitalisation et l’ouverture des données publiques culturelles
L’ouverture des données publiques (ou « Open data » en anglais) désigne une dynamique favorisant l'accès gratuit aux données publiques, permettant leur libre reproduction, redistribution, modification et réutilisation par un tiers, y compris à des fins commerciales.
Une telle ouverture, à travers une plateforme digitale par exemple, apporte de nombreux bénéfices tels que la transparence de la vie publique, le soutien à l’innovation économique et sociale, le développement de l’attractivité des territoires, le rayonnement du Mali à l’étranger, etc. L’ouverture des données constitue en outre une opportunité en matière de démocratisation culturelle et de transmission des savoirs en démultipliant les usages, favorisant ainsi la diffusion de la culture au plus grand nombre de personnes ou d'organisation.
Les données numérisées des institutions culturelles peuvent être réutilisées pour développer, entre autres, des contenus d'apprentissage et éducatifs, des documentaires, des animations et des outils de conception.
Pour que les données collectées par la CPS Culture puisse contribuer pleinement au grand public, il est nécessaire que les données soient digitalisées, stockées et visualisées dans une plateforme Open Data.
La dynamique d’ouverture de données existe déjà dans le système avec l’Association Malienne de la Statistique (AMSTAT) comme tête de fil. En termes d’actions concrètes pouvant aboutir à une ouverture de données publiques culturelles (et autres types de données), nous comptons organiser un forum sur les données ouvertes en partenariat avec l’AMSTAT et l’INSTAT. Ce forum permettra de nourrir un élan d’ouverture des données publiques.
Conclusion :
Utilisées à bon escient, les données culturelles peuvent apporter plus de clarté dans la mise en œuvre des politiques et stratégies culturelles du Gouvernement.
Afin de pouvoir collecter, analyser, et interpréter les données issues du secteur de la culture, il est nécessaire qu’il y ait plus de collaboration entre la CPS Culture et les opérateurs culturels.
Au-delà de la CPS culture, il est primordial que le SSN se modernise, innove, pour jouir des nouvelles sources et types de données provenant des plateformes digitales et techniques d’analyses. Pour cela, il devra pouvoir surmonter les défis en matière de ressources humaines, de capacité technologique, et de visibilité, auxquels il fait face.