Evaluation économique des coûts et bénéfices de la gestion de l'environnement en Mauritanie
Evaluation économique des coûts et bénéfices de la gestion de l'environnement en Mauritanie
17 mars 2010
Les autorités mauritaniennes ont pris conscience de la richesse des ressources naturelles du pays et de l’importance de la préservation de l’environnement pour sa population et le développement de son économie et ont engagé des actions politiques de protection des ressources naturelles et de l’environnement. Cependant, en raison de la complexité des phénomènes environnementaux, du nombre important d’acteurs concernés et de l’importance des enjeux soulevés, les informations et analyses devant permettre et faciliter la prise de décisions manquent.
La politique environnementale de la Mauritanie est définie par la Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD) et son plan d’action opérationnel : le Programme d’Action National pour l’Environnement (PANE). Ces outils approuvés en 2006 visent, à l’horizon 2015 et en cohérence avec le CSLP, une meilleure intégration de l’environnement et du concept de développement durable dans les politiques sectorielles.
Selon le profil environnemental de la Mauritanie (CE, 2007), La Mauritanie est signataire de plusieurs conventions et accords internationaux et régionaux relatifs à la protection de l’environnement. La mise en oeuvre de la plupart de ces conventions ainsi que leur intégration à la législation et la réglementation nationale demeure toutefois très limitée et peu concertée.
Le pays a également adopté un grand ensemble de textes législatifs en faveur de la protection et la gestion durable de l’environnement et des ressources naturelles [code de l’environnement (2000), décret relatif à l’EIE (2004, révisé 2007)]. Plusieurs autres textes et règlements ont été élaborés pour intégrer les préoccupations environnementales dans les politiques sectorielles et pour impliquer plus largement les populations (code de l’eau, code pastoral, code forestier, réglementation foncière et domaniale, code minier, code des pêches, loi relative à la gestion participative des oasis, etc.). D’autres projets de textes sont en préparation (ex. : code de l’environnement marin).
Selon le profil environnemental de la Mauritanie (CE, 2007), ce cadre réglementaire n’a été que peu mis en application. Le manque de contrôle efficace, la faible harmonisation des textes (particulièrement ceux qui traitent d’une même problématique) et la coordination insuffisante des nombreux intervenants impliqués en ont limité la portée concrète.
L’examen de la mise en oeuvre des politiques sectorielles et des programmes montre que les politiques gouvernementales ont plutôt favorisé le développement économique et n’ont pas suffisamment pris en compte les liens entre l’environnement et la pauvreté. Le rapport souligne aussi la dichotomie qui existe entre les objectifs environnementaux affichés et ceux réalisés. Cette situation se traduit par la persistance de modes d’exploitation peu efficients et non soutenable des
ressources.
À retenir
- Mode de vie : les pauvres sont plus fortement tributaires des services des écosystèmes (ex : approvisionnement en nourriture, eau douce, combustible, eau, air, service culturel, etc.). Par ailleurs, dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, de la foresterie et du tourisme, les populations dépendent plus fortement des attributs environnementaux (climat) et des ressources naturelles (eau, sols, poissons) pour générer leurs revenus. En Mauritanie, près de 50% de la population dépend économiquement de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Leur revenu moyen est estimé à 450 USD/an/personne.
- L’analyse économico-environnementale indique en premier l’importance des dommages environnementaux et des inefficiences ainsi que leur répartition selon les domaines environnementaux (eau, air, sols - forêt - paysage - fonds marins, déchets, énergie et matières, environnement global, biodiversité) et les catégories économiques (santé - qualité de vie, capital naturel, biodiversité). Elle donne de la sorte l’empreinte économico-environnementale des secteurs de l’élevage et de la pêche ainsi que du domaine des ressources hydriques.
- L’analyse a également permis de mettre en évidence la valeur de la ressource en eau pour la production nationale. Cette dernière est estimée par le biais du coût d’opportunité de l’eau, c’està- dire en se référant aux montants qu’il faudrait consacrer si l’on devait trouver de nouvelles ressources en eau pour remplacer les ressources actuellement utilisées. Les analyses économicoenvironnementales prennent comme indicateur de ce coût d’opportunité le coût du dessalement de l’eau de mer (pour un usage domestique, soit entre 1 et 2 USD/m3), il en résulterait une valeur située entre 5% et 10% du PIB mauritanien. Si l’on se réfère non pas au coût du dessalement mais au prix effectif de l’eau en Mauritanie (tarifs de l’eau), le coût d’opportunité de l’eau représente entre 2% et 3% du PIB.