Mettre la santé mentale au premier plan de la réponse aux crises.
« Nos cœurs et nos esprits ont besoin d'être en paix. »
9 mai 2022
« Toute ma vie, j'ai vécu dans le conflit, j'ai entendu des coups de feu la nuit. Craindre pour la sécurité de mes amis et de ma famille était presque normal pour moi ».
Charmaine Mae est née dans la ville de Marawi, à Mindanao, aux Philippines.
En tant que bâtisseuse de paix et travailleuse communautaire, elle a consacré sa vie à aider et à guérir les autres.
Mais comme le conflit dans lequel est baignait était devenu « normal », il lui a fallu du temps pour réaliser que le travail devait commencer par elle-même.
« Parler de la santé mentale est souvent tabou. Je devais m'assurer de travailler sur mon propre traumatisme afin de pouvoir aider d'autres personnes ayant vécu des expériences similaires », dit-elle.
Les crises prolongées et les conflits violents ont des conséquences dévastatrices sur les individus et leurs communautés. Et la violence engendre trop souvent la violence. Comme l'a écrit le poète W. H. Auden : « Ceux à qui on fait le mal / Font le mal en retour ».
C'est un concept que Charmaine vit au quotidien.
« Je suis une bâtisseuse de paix, et pour construire la paix, nous devons comprendre ce qui se passe dans la tête des survivants, des militaires et même des combattants rebelles. Nous ne sommes peut-être pas toujours d'accord, mais la résolution des conflits à l’intérieur de nous peut aider à résoudre les conflits autour de nous », dit-elle.
Si la santé mentale et le soutien psychosocial font de plus en plus partie de la réponse aux crises, ils ne sont pas encore intégrés dans le processus de prévention des conflits et de consolidation de la paix.
Le PNUD veut changer cela.
Notre note d'orientation sur l'intégration de la santé mentale et du soutien psychosocial dans la consolidation de la paix (en anglais) propose une approche structurée pour aider les artisans de la paix à faire leur travail plus efficacement et dans un contexte qui reflète leur réalité quotidienne.
Le PNUD est convaincu que la résolution des conflits en nous peut aider à résoudre les conflits autour de nous. Les conflits ne nuisent pas seulement à notre corps, ils nuisent aussi à notre esprit. Ils peuvent naturellement nous rendre insensibles, moins compatissants, méfiants à l'égard des autres, anxieux et déprimés. Pour commencer à guérir, nous devons d'abord reconnaître ces cicatrices intérieures.
Et, comme Charmaine et ses collègues l'ont constaté, ce processus doit être inclusif et adapté à la spécificité des contextes locaux.
« Lorsque j'ai rencontré Nathera, une autre bâtisseuse de paix de ma ville, elle m'a enseigné l'importance de rendre le bien-être mental accessible aux communautés avec lesquelles nous travaillons. Elle m'a dit : « J'ai commencé à en parler souvent. Ils sont devenus plus ouverts au soutien psychosocial après que j'aie essayé de le relier à des idées et des histoires familières de notre culture et de notre foi ». Aujourd'hui, je m'inspire d'elle dans mon propre travail pour soutenir la voix et les droits des femmes et des filles dans la construction de la paix ».
Elle préconise de travailler avec les communautés locales afin que les programmes répondent à leurs besoins et à leurs croyances, qu'ils leur appartiennent et qu'ils ne dépendent pas d'un soutien extérieur.
Elle prend en compte les besoins en matière de santé mentale des travailleurs comme Charmaine, qui se battent sur deux fronts – protéger leur propre santé mentale tout en aidant les autres.
Elle vise à mettre fin à la stigmatisation de ceux qui souffrent de problèmes de santé mentale, leur permettant ainsi de se faire soigner et de contribuer eux-mêmes à la paix.
« Tant de fois ai-je constaté à quel point la santé mentale, le soutien psychosocial et la consolidation de la paix sont indissociables, et que nos cœurs et nos esprits doivent être en paix. Nathera et moi sommes deux des plus de 100 praticiens qui ont façonné la note d'orientation du PNUD, aidant les artisans de la paix comme moi à intégrer la santé mentale et le soutien psychosocial dans leur travail, à promouvoir le bien-être mental et à construire une paix durable », dit Charmaine.