- Quels sont les fondements du soutien apporté par l’UE à l’Algérie en matière de développement local ?
La Communication de 2013 de la Commission européenne intitulé : « Accorder une autonomie accrue aux autorités locales dans les pays partenaires pour une meilleure gouvernance et des résultats plus concrets en matière de développement » reflète l’ambition de l’UE de reconnaitre le plein rôle des autorités locales dans la poursuite d’un développement durable et équitable. Nous traduisons cette ambition par une « approche territoriale au développement local », qui stipule l’importance de soutenir des réformes fondées autant sur une vision stratégique centrale que sur le retour d’expérience des différents territoires. D’ailleurs, l’UE est elle-même une famille de pays et aussi de régions différentes, chacune avec sa spécificité culturelle et sa vocation économique. Cette diversité est l’une des plus grandes richesses de l’expérience européenne, et nous sommes ravis de la partager avec nos partenaires internationaux dans un esprit d’échange et d’apprentissage réciproques.
- Qu'est-ce qui a inspiré le soutien de l'UE au CapDeL, projet pilote de gouvernance communale transparente et de développement local durable ?
Sur des thématiques aussi cruciales, il est important pour l’UE de s’investir dans une coopération concrète. La démocratie participative est une notion qui peut apparaitre très abstraite, elle suscite beaucoup de questionnements : comment l’expliquer en pratique ? Comment faire en sorte que les citoyens et les citoyennes s’y reconnaissent, qu’ils considèrent que cela les regarde ? Que les autorités locales l’intègrent à leurs pratiques quotidiennes ? Les expériences « pilotes » nous permettent justement de tester la notion elle-même, sa capacité de pénétration, et – pourquoi pas ? – ses limites. Dans ce sens, le CapDeL a su créer des espaces d’échanges et d’expérimentation où la démocratie participative se décline par des résultats concrets et tangibles : des plans communaux de développement concertés, des projets associatifs de développement local à impact social et environnemental, des relations de collaboration entre les autorités et les acteurs de la société civile.
- Vous vous êtes récemment déplacée sur le terrain et constaté comment ce programme y est concrètement mis en œuvre. Quelles sont vos impressions ?
De ces visites, je retiens surtout deux éléments : l’implication profonde et très concrète des autorités locales, et l’enthousiasme débordant des associations. J’avais l’impression que toutes les parties avaient souhaité depuis longtemps se rencontrer, échanger et collaborer ensemble. Sauf que, quelque part, personne n’osait se lancer : c’était du jamais vu, du jamais fait. La CapDeL a créé cette occasion qui manquait, a aidé à trouver un langage commun, une familiarité, une confiance, des exemples concrets. Je comprends que le processus a demandé une vision un peu « avant-gardiste » et beaucoup de patience : rien n’a été linéaire, il y a eu des hauts et des bas, des bonds en avant et des retours en arrière. C’est ça l’expérimentation … et c’est ça aussi la démocratie participative ! Je suis persuadée que ce genre d’expérience produit un déclic et un changement profond et durable, surtout chez les jeunes.
- De quelle manière comptez-vous poursuivre ce soutien à cette approche ?
A la demande du Ministère de l’Intérieur, nous avons renouvelé notre partenariat avec le PNUD pour une autre année de vie du CapDeL, jusqu’à fin 2022. Et surtout, nous comptons intégrer les outils méthodologiques produits par le CapDeL dans nos futurs projets de développement local en Algérie.