Le crowdfunding ou financement collaboratif permet aux porteurs de projets de trouver des financements auprès d’épargnants à travers des plateformes digitales. Cet outil de financement, développé en 2008 dans un contexte de crises économique et financière, offre 3 modes de financement : le don, le prêt et l’investissement. En 2020, le montant global collecté par le crowdfunding a atteint 34 milliards de dollars. Le montant global collecté est très inégalement réparti, l’Amérique du Nord concentre 50% des fonds levés lorsque le continent Africain ne représente que 0,07%...
Le potentiel très faiblement exploité de ce mode de financement représente aujourd’hui une énorme opportunité au Maroc pour les autoentrepreneurs, startups et associations.
L’adoption récente par le Parlement, le 10 février 2021, du projet de loi n°15-18 relatif au financement participatif vient à point nommé et devrait permettre de voir l’écosystème du crowdfunding se développer avec notamment la création des premières Plateformes de financement Collaboratif (PFC).
Maintenant que la loi est passée, on s’attend au développement de ce nouveau mode de financement prometteur en termes d'accès au financement. Toutefois, il persiste un scepticisme concernant l'acceptation des particuliers de faire des dons sur des plateformes en ligne. En effet, les habitudes des marocains en matière de paiement en ligne, demeurent encore des freins d’où notamment le développement de méthodes de paiement alternatives « Pay on Delivery ». Mais récemment, la crise sanitaire a fait évoluer le comportement du consommateur marocain vis-à-vis des achats en ligne permettant un fort développement du e-commerce. Toutefois, le crowdfunding est un mécanisme qui nécessite d’être vulgarisé auprès des organisations de la société civile (OSC) comme outil novateur pour la mobilisation de fonds.
L’absence d’une loi régissant le crowdfunding au Maroc n’a pas empêché la naissance d’acteurs qui ont fait preuve d’innovation et de créativité pour permettre le financement de projets d’entrepreneurs et d’associations. En effet, la Smala & Co a organisé des campagnes sur des plateformes de crowdfunding françaises au profit d’acteurs marocains, avant de suspendre son activité, en attendant, dit-elle « la mise en place d’un cadre légal propice à l’exercice du crowdfunding ». La plateforme Wuluj a quant à elle parié sur le concept de prévente qui permet au porteur de projet de cumuler des commandes et la somme d’argent suffisante pour produire et livrer ses contributeurs. Enfin, Cotizi s’est orienté sur les campagnes de collecte de dons qui sont autorisées pour les associations d’utilité publique.
Dans ce contexte, l’Accelerator Lab Morocco a eu l’opportunité d’expérimenter le financement participatif en déployant «Tadamon Crowdfunding Academy », un programme de formation interactif qui permet aux OSC d'acquérir les connaissances et les compétences nécessaires pour préparer et mener à bien une campagne de crowdfunding.
Cette initiative doit permettre en premier lieu d’aider les OSC à lever des fonds pour leurs projets mais aussi permettre au PNUD Maroc de tester la capacité du crowdfunding à devenir un outil de collecte de fonds efficace et populaire pour les OSC et plus largement pour les startups et PME au Maroc. Dans cette continuité, l’expérimentation menée par le PNUD Maroc vise à évaluer la capacité du crowdfunding à combler le chaînon manquant de l'écosystème d'investissement local.
Concrètement, un appel à projets a été lancé afin de repérer des projets d’OSC « finançables » par le crowdfunding. Les projets les plus adaptés ont été sélectionnés pour participer à cette académie qui se déroule en parallèle dans 4 pays : l’Indonésie, le Liban, le Kazakhstan et le Maroc. Les différents modules de l’accompagnement portent notamment sur la stratégie à déployer, l’objectif financier à atteindre, la mobilisation des ressources, le « storytelling », la communication (presse, réseaux sociaux, supports, vidéo, etc.).
Les OSC qui bénéficient de cette académie sont aussi accompagnées par des mentors et experts afin de maximiser leurs chances de faire de leur campagne de crowdfunding un succès. En l’absence du déploiement des plateformes et conformément au cadre légal, les OSC devront utiliser les mêmes leviers que les plateformes comme Smala & Co, Wuluj et Cotizi.
Fort de ses nouvelles compétences en matière de financement participatif, le PNUD Maroc prévoit de lancer sa propre campagne de crowdfunding et prouver que ce levier peut offrir une nouvelle alternative au financement des projets des OSC, startups et PME.
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Par Omar Agodim, Head of Experimentation au sein de l'unité de l'Accelerator Lab du PNUD Maroc, omar.agodim@undp.org