Par Aaron Nsavyimana
Bujumbura – Le Comité de pilotage chargé du suivi du Rapport sur le développement humain 2018 du Burundi, élaboré par une équipe d’experts indépendants, a validé le projet intérimaire qui lui a été soumis et donné ses orientations pour finaliser l’élaboration dudit rapport. Le PNUD qui finance l’élaboration de ce rapport participait aux discussions en tant que membre du Comité de pilotage.
Confiée au Centre universitaire de recherche sur le développement économique et social (CURDES), la rédaction de ce rapport, qui a pour thématique « Cohésion sociale, dividendes démographiques et développement », répond aux priorités, enjeux et défis du pays, et repose sur les piliers qui se retrouvent au cœur de la Vision Burundi 2025, des Objectifs de développement durable (ODD) et du Plan national de développement (PND) du Burundi lancé en août dernier par le Chef de l’État.
La rédaction de ce rapport intervient au moment où le pays occupe une position peu enviable dans le classement en matière de développement humain. Il témoigne de la dégradation des conditions de vie de la population découlant des différents cycles de violence, notamment la guerre de 1993-2003, qui a influencé négativement la croissance du PIB, la diminuant de 140 dollars. Cela a eu pour conséquence de réduire le bien-être des burundais et burundaises qui a baissé de près de la moitié en raison du conflit. En référence le PIB de 1993 était estimé à environ 300 dollars par habitant.
Le rapport s’inspire d’un sondage qui révèle que la cohésion sociale, synonyme de relations harmonieuses entre membres de la société, de cohabitation pacifique et d’esprit de solidarité au sein de la communauté, est très forte au Burundi. Il souligne néanmoins que l’individualisme, les discriminations et la pauvreté sont les trois facteurs qui fragilisent cette même cohésion sociale, sans compter le chômage et les conflits fonciers.
Le rapport place en première ligne les pouvoirs publics, l’État central et l’administration publique comme principaux garants de la cohésion sociale. Ils sont ainsi invités à assurer à tous, et en priorité, une éducation de qualité, la possibilité d’occuper un emploi et d’avoir un revenu ; la promotion de l’emploi des jeunes ; ainsi que la possibilité de se faire soigner.
Le sondage alerte les pouvoirs publics sur la forte densité de la population qui, associée à un taux de fécondité qui demeure élevé, pèse lourdement sur la société, et constitue un véritable défi. Le fait est que la population burundaise est aujourd’hui constituée à 50% de jeunes de moins de 15 ans. Les conclusions du sondage proposent la mise en œuvre de politiques orientées vers la promotion de la santé infantile et maternelle, l’accès des femmes et des jeunes à l’éducation et à l’emploi, afin de surmonter les défis démographiques et répondre à l’objectif principal inscrit au tableau de la Vision Burundi 2025 de ramener le taux de croissance de la population de 2,5 % à 2 % à l’horizon 2025. C’est à ce prix que le Burundi pourra espérer améliorer ses indicateurs de développement humain, qui à leur tour favoriseront le retour à la croissance inclusive, conclut le sondage.
Le directeur pays du PNUD, M. Alfredo Teixeira, s’est réjoui du fait que le thème de ce rapport réponde à l’esprit et à la lettre de l’agenda des ODD en prenant en compte les besoins spécifiques de certains groupes sociaux, tels que les femmes, les vulnérables, les personnes vivant avec un handicap et les groupes marginaux, pour ne laisser personne derrière.
Il a assuré de l’engagement du PNUD à poursuivre son soutien au processus d’élaboration du RNDH au Burundi dans le strict respect de ses principes fondamentaux. Le document, une fois validé, servira d’instrument de référence pour le pays. Selon, Alfredo Teixeira, il sera aussi un outil essentiel d’alimentation du Plan national de développement (PND) qui prend en compte les avancées enregistrées par le pays dans les problématiques de pauvreté, de préservation de l’environnement, du genre, d’équité, d’égalité et de justice sociale. Celle-ci étant la base d’un développement durable endogène. Le Directeur pays souhaite que les conclusions de ce comité aident tous les acteurs du pays à opérer à l’avenir de meilleurs choix en matière de politiques de promotion du développement humain durable au Burundi. Il n’a pas caché son sentiment de satisfaction quant au respect des principes fondamentaux d’appropriation nationale et d’approche participative et inclusive de l’élaboration du RNDH, dont le comité de pilotage qui regroupe des représentants de tous les secteurs de la vie : Parlement, Gouvernement, chercheurs, secteurs public et privé et société civile.
La présidente du Comité de pilotage, Mme Denise Sinankwa, Conseillère principale chargée des questions économiques à la présidence de la République du Burundi, a souligné qu’il ne peut y avoir de développement durable sans respect des individus, de leurs libertés de choix, de résolution des questions prioritaires de santé, d’éducation, de revenus, de dignité et de participation qui mobilisent la communauté. De ce fait, le développement des richesses financières et matérielles, s’il n’intègre pas la dimension humaine, est incomplet pour ne pas dire erroné, a-t-elle ajouté.
Denise Sinankwa a indiqué que le Burundi s’est joint à la communauté internationale, depuis 1995, pour réaliser l’objectif fondamental prôné par le PNUD depuis 1990, qui est d’assurer le bien être humain. Selon elle, depuis cette date, les questions de qualité de de vie, des services sociaux, de l’éducation pour les jeunes et l’alphabétisation des adultes et du genre sont venus s’ajouter aux aspects économiques pour être pris en compte dans l’évaluation des indicateurs de développement humain.
Après avoir listé quelques avancées déjà atteintes par le Burundi pour intégrer la dimension humaine dans les politiques et programmes du pays, particulièrement la réduction des taux de mortalité infantile et maternelle et l’augmentation du taux de scolarité au travers de mécanismes de gratuité des soins et de de l’enseignement, la présidente du Comité de pilotage est revenue sur les grands défis que le Burundi doit affronter pour atteindre le développement durable de sa population. Elle épingle la satisfaction des besoins fondamentaux de la majorité de la population (emploi, santé, éducation), l’intégration du genre aux politiques pour sauvegarder la cohésion sociale et le redoublement d’efforts afin que le taux de croissance économique s’accélère dans des proportions rassurantes, tout en poursuivant les efforts pour améliorer le bien-être du citoyen burundais. Sur le répertoire des défis figure également l’épineuse question de la mobilisation des ressources.
Les participants ont beaucoup apprécié la méthodologie de rédaction du rapport intérimaire qui en la confiant à une équipe indépendante a produit un document scientifique de lobbying et de plaidoyer sur un thème d’intérêt et d’actualité sur le Burundi. « Ce document scientifique inspirera les causes de développement et alimentera le débat intellectuel », a pour sa part précisé, M. Ernest Bamou, Économiste principal au PNUD Burundi.