Appui à la gouvernance locale dans les communes de Bol et de Laï au Tchad : Une approche participative

La participation active de la population à la gestion de la chose communale est un gage d’efficacité des interventions.

20 avril 2020

L’initiative vise notamment à accroître la participation des femmes et des jeunes dans la gestion des communes. Jour de marché à Bol, province du Lac Tchad. Photo par PNUD Tchad / Aurélia Rusek

 

« Nous n’avons pas besoin d’argent ; nous avons plutôt besoin d’un appui qui nous permettra de générer des revenus à long terme », affirme un conseiller municipal de la mairie de Bol.

« Si vous voulez travailler avec nous [… les femmes], dotez-nous directement des moyens nécessaires sans passer par la Mairie. Sinon, considérez que vous ne nous avez pas aidées », exprime une participante lors de la rencontre avec la plateforme des organisations féminines à la mairie de Bol.

Une même commune, Bol, déchirée par des années de violence et de précarité socioéconomique ; deux visions distinctes quant aux solutions à prendre. Ces témoignages illustrent toute la complexité du développement local dans les communes du Tchad.

La ville de Laï, dans la province de la Tandjilé, à l’instar de la région du Lac Tchad, regorge de potentialités économiques. Photo par PNUD Tchad / Etienne Darveau

 

Une géographie et des contextes différents, des réalités similaires.

Chef-lieu de la province du Lac, la commune de Bol est exposée à une insécurité croissante et un sous-développement chronique, tandis qu’à Laï, l’enclavement de la zone constitue le principal obstacle à son développement. Outre la diversité ethnique et linguistique de ces deux communes, les similarités dans la précarité du développement local nous amènent à poser un constat bien défini : une gestion participative renforcée stimulera la création d’opportunités économiques chez les souches les plus vulnérables.

Car au-delà des facteurs macro-économiques, le décalage perceptible entre les autorités communales, les organisations de la société civile et les populations est un frein additionnel au développement local. Plusieurs raisons expliquent ce fossé, à commencer par les moyens matériels et financiers restreints des administrations, les capacités limitées des élus et la forte prévalence des hommes âgés dans les instances de décision.

 

Dans ces conditions, comment bâtir le contrat social entre les populations et les administrations locales ?

Le PNUD au Tchad initie actuellement un projet d’appui à la gouvernance locale à travers la participation active des communautés dans la gestion des collectivités locales, notamment les communes. Mis en œuvre à Bol et à Laï, dans les provinces du Lac et de la Tandjilé-Est, l’objectif est de mettre en place un nouveau mécanisme de participation citoyenne dans la gestion politique, économique et sociale des communes ciblées afin d’impulser une nouvelle dynamique de développement local.

En catalysant les initiatives exécutées par l’État tchadien et ses partenaires, l’ambition est de contribuer à une transformation structurelle de la vie communale par la gestion participative des citoyens aux politiques de développement. La participation active de la population à la gestion de la chose communale est un gage d’efficacité des interventions.

Au cours de missions exploratoires effectuées à Bol et à Laï en mars 2020, le PNUD a rencontré les acteurs clés à même d’insuffler un développement durable, c’est-à-dire les autorités provinciales, communales et traditionnelles, les organisations de la société civile, les confessions religieuses, les radios locales et les associations de producteurs, de pêcheurs et d’éleveurs.

Ces échanges ont permis de mieux saisir les contraintes, les besoins et les attentes des groupes représentés. La priorisation des interventions durant la première phase, prévue jusqu’en décembre 2020, intègre leurs recommandations et vise la mutualisation des retombées dans la communauté, selon une approche intégrée, inclusive et multisectorielle.

Une rencontre a été réalisée avec la plateforme des organisations féminines à Bol, province du Lac Tchad. Photo par PNUD Tchad

 

Par où commencer ?

Les actions prioritaires interviendront sur trois fronts : la structuration des communes à travers l’amélioration de la gouvernance, l’accès aux services de base et la revitalisation des activités économiques.

Pour accroître l’efficacité et la redevabilité des autorités communales, le PNUD renforcera les capacités techniques du personnel et fournira un appui matériel, par exemple l’aménagement des locaux et le matériel informatique. La mise en place et la consolidation des cadres de concertation avec les acteurs de la vie communale favoriseront la budgétisation participative et l’implication active des femmes et des jeunes aux instances de décision.

« Maintenant que nous savons que nous les jeunes, nous pouvons aussi être consultés par la Mairie, il est nécessaire de trouver le moyen de sensibiliser tous les jeunes pour susciter leur intérêt dans la gestion de la commune », opinion exprimée lors de la rencontre avec la Coordination des Associations des Jeunes à la Mairie de Bol.

Renforcer le dialogue intergénérationnel est l’un des objectifs sous-jacents du projet. Photo par PNUD Tchad / Aurélia Rusek.

Le projet accompagnera les administrations locales afin d’accroître l’offre de services de base pouvant générer des ressources pour la commune, en ciblant a priori l’assainissement et l’accès à l’électricité. Conformément aux besoins exprimés par les leaders des associations de jeunes et de femmes, des formations pratiques et des dons en équipements sont envisagés pour stimuler les activités génératrices de revenus, principalement dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche.

Cet ensemble de solutions intervient au sein d’un processus développemental plus large, qui permettra à terme de bâtir des économies locales diversifiées et la résilience des communautés aux chocs d’ordre économique, social ou environnemental.