La Journée internationale des forêts, le 21 mars, et la Journée mondiale de l'eau, le 22, célèbrent toutes deux les nombreuses façons dont les forêts et l’eau assurent et protègent la vie sur terre. Pourtant, malgré leur proximité sur le calendrier, ces deux journées sont rarement considérées ensemble. Peu de plans nationaux pour la protection de la biodiversité considèrent l'impact des forêts sur l'approvisionnement en eau, et seule une fraction des plans nationaux de gestion des ressources hydriques valorise les écosystèmes forestiers. C'est malheureux, car la nature joue un rôle clé dans la sécurisation de l'eau pour l'avenir.
Une crise globale
Notre taux global de consommation d'eau est insoutenable - nous consommons trois fois plus par habitant qu'il y a un siècle, et la demande augmentera de plus de 50% d'ici 2030, soit 40% au-dessus des ressources en eau douce existant aujourd’hui.
Cette crise a de profondes répercussions sur les villes. Si Le Cap en Afrique du sud a réussi à repousser le «Jour Zéro» du manque d’eau à un futur moins proche, des villes comme São Paulo vivent avec ce risque sans arrêt. D'autres villes comme Bangalore, Beijing, Le Caire, Jakarta, Moscou, Istanbul, Mexico, Londres, Tokyo et Miami, qui comptent ensemble plus de 150 millions de personnes, risquent de faire face à des crises d'approvisionnement en eau d'ici le milieu du siècle. Cette crise affecte de manière disproportionnée les pauvres des zones rurales et urbaines, ainsi que les femmes et les filles, compromettant notre capacité à atteindre les objectifs de développement durable, notamment ceux visant la sécurité alimentaire, l'énergie et la croissance économique.
Des solutions basées sur la nature
Les forêts jouent déjà un rôle clé pour sécuriser l'approvisionnement en eau d’un tiers des plus grandes villes du monde, notamment en régulant le débit, rechargeant les aquifères, empêchant la sédimentation et en filtrant les contaminants.
Un certain nombre de publications mettent en évidence ces solutions naturelles, notamment le nouveau Rapport mondial sur la mise en valeur des ressources hydriques co-signé par le PNUD et lancé cette semaine au Forum mondial de l'eau à Brasília.
Par exemple, la ville de Dar es-Salaam en Tanzanie fait face à des pénuries d'eau récurrentes depuis des décennies, le flux de sa principale source d'eau, la rivière Ruvu, connaissant d'énormes fluctuations saisonnières. Cependant, en améliorant la gestion des terres et en particulier celle du couvert forestier, ces variations pourraient être endiguées. Un partenariat entre le PNUD, la NASA et six universités a cartographié l'étendue du couvert forestier du bassin versant de la Ruvu, et les résultats sont alarmants - environ 10% du couvert forestier a été perdu depuis 1997 et les zones protégées couvrent seulement un quart du bassin versant.
Le PNUD Tanzanie, en partenariat avec le Fonds pour l'environnement mondial et le Ministère tanzanien de l'eau et de l'irrigation, a mis en place un programme de gestion durable des terres dans les bassins versants Ruvu et Zigi. Le programme vise à mettre en œuvre une foresterie et une agriculture durables. Si le projet aboutit, il améliorera la quantité et la qualité de l'eau de 10% d'ici 2020.
Cet exemple pourrait être reproduit dans le monde entier - un rapport récent (anglais) montre que plus de 3 200 villes du monde pourraient améliorer significativement leur sécurité hydrique en mettant en œuvre des solutions naturelles pour l'eau, au bénéfice de plus de 700 millions de personnes, pour un cout de moins de 2 dollars par personne.
Il est temps de prendre des mesures. Les solutions basées sur la nature sont une stratégie éprouvée et peu coûteuse pour sécuriser l'eau. Les Nations Unies se sont engagées à se focaliser sur l'eau pendant une décennie (2018-2028) à partir du 22 mars. Profitons de cette opportunité pour placer fermement les forêts et autres écosystèmes au centre de nos stratégies