Les personnes vulnérables atteintes de tuberculose dans le monde se trouvent dans un grand besoin de tests, de traitements et de soins de qualité.
Selon le partenariat « Halte à la tuberculose », les perturbations des services de lutte contre la tuberculose liées à la COVID-19 ont anéanti près de 12 années de progrès dans la lutte contre cette maladie infectieuse mortelle. Les groupes marginalisés, tels que les réfugiés et les populations mobiles ne disposant que d’un accès limité aux soins de santé, subissent de plein fouet ces crises qui se chevauchent.
Le PNUD, en partenariat avec le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, et avec le soutien de partenaires clés tels que l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et les programmes nationaux de lutte contre la tuberculose en Afghanistan, en Iran et au Pakistan, s'efforce de répondre à la menace urgente de la tuberculose et de supprimer les obstacles aux soins et à la prévention parmi les réfugiés afghans, les rapatriés et les populations mobiles dans ces pays. Ces efforts sont coordonnés par une subvention régionale qui profite aux populations dans le besoin.
La subvention permet de tirer de précieux enseignements s’agissant de maintenir les progrès dans la lutte contre la tuberculose pendant l’épidémie de COVID-19 et au-delà, lesquels pourraient grandement contribuer à ce que le monde se concentre de nouveau sur la réalisation des objectifs du Plan mondial pour éliminer la tuberculose 2018-2022, et de la cible de l'Objectif de développement durable visant à mettre fin à la tuberculose d'ici 2030.
1. L'engagement communautaire est plus qu'important - il est indispensable
Avant tout, l'engagement communautaire permet de créer le climat de confiance nécessaire pour prodiguer des soins et dispenser une éducation efficace dans le domaine. Pour atteindre les populations migrantes qui vivent dans la crainte d’être identifiées, arrêtées et expulsées, il est primordial d'obtenir leur confiance.
Les agents de santé ont constaté qu’en Iran, par exemple, les populations migrantes dissimulent souvent leur identité ou leurs coordonnées pour se protéger, ce pour quoi les dépistages et le suivi doivent être effectués par des personnes de confiance. Il était donc important que les établissements de santé susceptibles de prendre en charge les communautés de migrants soient gérés en étroite coordination avec les ONG locales.
C'est aussi pour cette raison qu'au Pakistan, les réunions avec les populations mobiles afghanes, auxquelles ont participé les anciens des villages, les érudits religieux et d'autres chefs de communauté, ont joué un rôle essentiel dans la sensibilisation à la tuberculose, ce qui a permis d'augmenter les chances que les personnes cherchent à bénéficier de services de santé et de soins. Les ONG dirigées par la communauté, comme les centres Sehatmand Zindagi, apportent une contribution essentielle à ces efforts.
2. Les services et les systèmes gagnent en efficacité lorsqu'ils viennent à la rencontre des populations
Lorsque les personnes à risque ou vivant avec la tuberculose ont cessé d'accéder aux soins afin de ne pas contracter la COVID-19, la recherche active de cas s’est imposée comme stratégie de diagnostic nécessaire et efficace.
En Iran, au Pakistan et en Afghanistan, il était essentiel de doter les agents de santé de confiance des outils nécessaires pour effectuer des dépistages à domicile afin de détecter les cas à un stade précoce et de prévenir les maladies graves. Le déploiement de camionnettes mobiles et d’appareils de radiographie dans les communautés a également facilité le dépistage des populations migrantes, en particulier des femmes qui peuvent être confrontées à des obstacles sociaux et économiques supplémentaires pour accéder aux soins.
Grâce à cette subvention, le PNUD et ses partenaires ont pu étendre cette approche, en mobilisant des outils de dépistage de la maladie et des médecins dans les villages locaux, où les femmes, les enfants et les personnes âgées sont venus en grand nombre pour se faire soigner. Cette stratégie mobile a connu un tel succès que d'autres provinces vont bientôt déployer des programmes similaires dans tout le pays.
3. L’amélioration des diagnostics et la durabilité des programmes nécessitent d’accroître le financement
Pour mettre fin à la tuberculose, il faudra également augmenter le financement afin de garantir que les bons outils et les ressources adéquates sont accessibles à ceux qui en ont besoin.
Les radiographies thoraciques, qui ont été rendues plus largement disponibles grâce à cette subvention, se sont avérées essentielles pour diagnostiquer les premiers stades de la tuberculose qui n'auraient pas été détectés autrement. Dans la ville iranienne de Mashad, trois fois plus de cas de tuberculose ont été identifiés chez les personnes dont le test était pourtant négatif, par rapport à l'année précédente.
Il est clair que ces types de diagnostics sont très efficaces. Ils sont également coûteux ; leur transposition à l'échelle nationale exige que les gouvernements et les partenaires augmentent les ressources engagées pour combattre et éliminer la tuberculose.
4. Les stratégies multipays sont efficaces pour répondre à des problématiques transfrontalières
Les solutions multipays et régionales peuvent aider les pays à lutter contre la tuberculose dans les populations mobiles, en complétant le rôle clé que jouent les programmes nationaux de lutte contre la tuberculose.
Le PNUD et d'autres organisations multilatérales, avec l'appui de ces programmes nationaux de lutte contre la tuberculose et de la société civile, peuvent soutenir la collaboration transfrontalière pour des solutions à plus long terme en matière de tuberculose – cette subvention, à elle seule, a conduit à l'élaboration d'une politique régionale de lutte contre la tuberculose, à l'harmonisation des directives en la matière et au développement d’une plateforme numérique régionale. Ces solutions régionales contribuent à faciliter une coordination efficace entre les programmes nationaux de lutte contre la tuberculose afin de garantir la continuité du traitement pour les populations migrantes et le renforcement des capacités des pays afin de diagnostiquer et de traiter efficacement la maladie.
Se concentrer de nouveau sur l'élimination de la tuberculose d'ici 2030 nécessite des efforts et des investissements importants. Ensemble, ces quatre enseignements peuvent éclairer les décisions sur la meilleure façon de concevoir des systèmes capables de fournir des soins efficaces aux communautés de migrants là où elles se trouvent et lorsqu’elles en ont besoin, pendant les crises et au-delà.
Il faut agir maintenant. Nous ne mettrons fin à cette maladie ancienne et mortelle que si nous éliminons les obstacles aux soins et à la prévention qui privent les plus vulnérables des services vitaux dont ils ont besoin.