L’impérieuse nécessité de saisir les occasions de « reconstruire en mieux » que nous offre la pandémie de COVID-19 a été un thème récurrent des débats menés lors des Dialogues sur le développement. En pleine dynamique écologique, les solutions qui permettent de développer les énergies propres et durables et de réduire la dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles sont de plus en plus plébiscitées.
Il s’agit là d’une excellente nouvelle pour les plus de 750 millions de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à l’électricité, dont la moitié vivent dans des pays frappés par des conflits. L’accès à l’énergie constitue un élément clé dans l’édification de la paix et, pourtant, la plupart des personnes qui vivent dans des zones de conflit n’ont qu’un accès intermittent à l’électricité, et certaines n’y ont pas accès du tout. Ces populations ont besoin d’une énergie abordable, durable sur le plan environnemental et résiliente face aux conflits et à l’incertitude.
En cette Journée de la Terre 2021, nous constatons que l’amélioration de l’accès à l’énergie dans les contextes de crise est devenue plus urgente et réalisable que jamais auparavant. Le taux d’accès à l’énergie n’augmente pas, car les progrès accomplis dans ce domaine sont pour la plupart contrebalancés par l’accroissement de la population. La COVID-19 a déclenché un choc économique sans précédent, qui a exacerbé les points de vulnérabilité existants. Mais elle offre également une chance de faire un pas de géant dans le développement d’une énergie propre et abordable pour alimenter la relance économique et améliorer la stabilité.
La réduction significative des coûts et l’amélioration de la qualité des technologies d’énergie renouvelable décentralisées – les mini-réseaux solaires et autres solutions hors réseau – permettent de faire converger les solutions bénéfiques pour le climat, les éléments nécessaires à la relance économique en temps de crise et les dispositifs aujourd’hui techniquement possibles.
C’est le coût prohibitif du carburant diesel qui a poussé l’entrepreneuse Iman Hadi à installer une centrale électrique solaire pour fournir aux habitants d’Abs, au Yémen, une énergie propre et abordable. Mme Hadi dirige une équipe de dix femmes, qui font fonctionner le seul mini-réseau solaire géré par des femmes au Yémen. Avec l’appui du PNUD et de l’Union européenne, elle voudrait à terme que ces services d’énergie solaire soient accessibles à 3 060 ménages, ce qui permettrait à ces derniers d’accroître leurs revenus et d’améliorer leurs conditions de vie.
L’histoire de Mme Hadi est remarquable et il est essentiel que les initiatives de ce type se multiplient à l’avenir. De nombreux États touchés par des crises disposent de sources d’énergie renouvelable qui sont loin d’être pleinement exploitées. À elle seule, la région du Sahel enregistre un rayonnement solaire quotidien moyen deux fois supérieur à celui observé en Europe. Cette région recèle donc des possibilités considérables pour les 140 millions de personnes vivant en zone rurale qui n’ont toujours pas accès à l’énergie. En collaboration avec ses partenaires, le PNUD entend intensifier ses interventions en mettant l’accent sur l’accès à une énergie propre à des fins de production et pour les services de base. Au Mali, le PNUD, l’UNICEF, le PAM, l’OMS et l’Université de Sherbrooke s’emploient à renforcer le système de santé du pays en facilitant l’accès à de l’énergie solaire et la mise en place de solutions numériques au sein des centres de soins communautaires. L’exploitation de ces ressources permettrait en outre l’adoption de solutions énergétiques qui contribueraient à la création d’emplois dans le cadre d’une agriculture intelligente face au climat. Néanmoins, les engagements financiers en faveur des solutions hors réseau dans les pays où les populations ont le moins accès à l’énergie demeurent incroyablement bas à 1,1 % des financements totaux consacrés à l’électricité, soit seulement 460 millions de dollars en 2018.
C’est pourquoi, le 24 février 2021, le Groupe g7+ et le Conseil sur la Fragilité des États de l’IGC ont lancé un appel à l’action pour l’accroissement des investissements dans l’énergie au sein des États fragiles. Des dirigeants politiques (d’actuels et d’anciens chefs d’État et de gouvernement), des organisations internationales, dont des organismes de l’ONU tels que le PNUD et la CESAP, des agences multilatérales de développement, des entreprises et des laboratoires d’idées ont signé cet appel. Les signataires, conscients de l’accès insuffisant à l’énergie durable et des sources d’énergie renouvelable inexploitées dans ces pays, exhortent les organismes d’aide, les gouvernements, les entreprises et les institutions de financement du développement à unir leurs forces pour mettre fin à la précarité énergétique dans les pays frappés par des conflits et à ainsi concrétiser l’ODD 7 du Programme 2030.
Dans le cadre de leur vision à long terme du paysage énergétique post-relance, les Partenaires pour des économies vertes inclusives (Partners for Inclusive Green Economies), dont le PNUD fait partie, ont publié une liste de solutions prioritaires pour une relance équitable, verte et synonyme de réels changements. Ils appellent notamment les gouvernements à élaborer et à mettre activement en œuvre des plans nationaux de relance verte, à prendre conscience du rôle important que peut jouer la nature dans la réduction des risques ainsi qu’à renforcer et élargir les mécanismes de protection sociale qui n’excluent personne.
« Comment en sommes-nous arrivés là ? », peut-on lire dans le préambule du texte. « Pourquoi sommes-nous aussi vulnérables ? Et comment pouvons-nous nous relever ? »
Pour les personnes qui vivent dans des contextes de crise sans accès à des sources d’énergie adéquates, sûres, abordables et vertes, il est aujourd’hui urgent de répondre à ces questions. C’est en y apportant des réponses dès maintenant que nous pourrons amplifier les résultats du développement bien au-delà de la pandémie.