Leurs terres couvrent jusqu'à 50 % de la surface terrestre, 33 % de la surface forestière intacte, et stockent une majorité de la biodiversité sur Terre. Ils assurent la conservation et la gestion de près d'un quart de la surface de la planète, riche en biodiversité et en carbone. Ces terres fournissent des services écosystémiques essentiels, comme l'eau, la nourriture, le carburant, la séquestration du carbone, l'atténuation des risques, le bois, les produits forestiers non ligneux, la faune et le tourisme.
Pourtant, 19 % de ces groupes vivent dans une extrême pauvreté. Ils sont confrontés au déplacement et à la dépossession, à l'exclusion dans la prise de décision, à une violence constante et à l'intimidation. Souvent, ils sont invisibles pour leurs gouvernements. Ils ne bénéficient pas de droits d'occupation ni d’une protection juridique.
Les peuples autochtones et les communautés locales sont les gardiens essentiels des écosystèmes naturels qu’il nous reste. Ils sont les gardiens de la nature et les champions des solutions fondées sur la nature. Pourtant, ils comptent parmi les plus vulnérables et ceux qui subissent le plus durement les effets du changement climatique.
Il est évident que nous devons transformer la relation entre les hommes et la nature et construire un filet de sécurité planétaire fondé sur la nature pour l'humanité. Mais comment y parvenir ?
Ne cherchez pas plus loin : les peuples autochtones et les communautés locales ont déjà les solutions. Il n'existe pas de voie viable vers un climat sûr, des écosystèmes sains et la réalisation des objectifs de développement durable sans la reconnaissance des droits des peuples autochtones et les communautés locales, et sans le soutien de leurs modes de vie. Nous devons écouter leurs voix et suivre leurs modèles pour un avenir durable.
Lors de la récente session d'ouverture de l’événement Nature for Life du PNUD, Vicky Tauli-Corpuz, ancien Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, a déclaré : « Investir dans les droits des peuples autochtones et dans leur gardiennage du territoire est l'une des stratégies les plus importantes, et les plus négligées, pour faire face aux menaces existentielles du changement climatique et de la perte de biodiversité ». Au cours de l'événement, neuf organisations se sont engagées à verser 5 milliards de dollars au cours des dix prochaines années pour soutenir la création, l'expansion, la gestion et la surveillance des aires protégées et conservées de la terre, des eaux intérieures et de la mer, en travaillant avec les peuples autochtones, les communautés locales, la société civile et les gouvernements.
C'est un signe prometteur de la sensibilisation accrue des gouvernements et du secteur privé au rôle des peuples autochtones et des communautés locales et à l'action locale pour le climat et la nature.
Les lauréats 2021 du Prix Équateur du PNUD, qui seront célébrés le 4 octobre dans le cadre de l’événement Nature for Life, illustrent la manière dont les peuples autochtones et les communautés locales opèrent déjà les transformations essentielles dont nous avons besoin en matière d'alimentation, de climat et d'économie :
Ils défendent des solutions pour gérer des systèmes alimentaires durables.
· Les femmes autochtones Kábata Könana du Costa Rica promeuvent l'utilisation de pratiques et de connaissances traditionnelles pour la sécurité alimentaire et maintiennent divers stocks de semences autochtones, tout en sauvegardant 400 000 hectares de forêt tropicale.
· Une organisation locale au Kirghizstan promeut la transition de l'agriculture dans les communautés rurales et de montagne vers une production exclusivement biologique dans une approche au niveau du paysage.
· Une coalition de syndicats agricoles et de groupes d'agriculteurs au Niger a amélioré la sécurité alimentaire de plus de 5 000 membres grâce au développement participatif de variétés, à la production et à la commercialisation de diverses variétés de cultures, et a reverdi 22 000 hectares de terres.
Ils renforcent la résilience climatique pour les personnes et la planète.
· 638 communautés de la réserve de biosphère de Sierra Gorda au Mexique font la promotion d’une économie positive en termes de carbone grâce au développement d'un programme infranational d’« empreinte carbone » qui rémunère les propriétaires fonciers pour protéger les forêts.
· Une organisation locale dans les Ghâts occidentaux de l'Inde restaure les zones humides, les forêts et les mangroves par le biais de la restauration et de la conservation communautaires et de la promotion de l'entrepreneuriat local.
· Le peuple Kichwa de Sarayaku, en Équateur, défend le concept de Kawsak Sacha (« Forêt vivante ») en tant que nouvelle catégorie d’aire protégée sous la direction des autochtones et poursuit un mode de vie durable qui défend les droits de la nature.
Ils sont le fer de lance d'une nouvelle économie respectueuse de la nature.
· Un groupe de jeunes femmes et hommes en Bolivie améliore les opportunités économiques pour les jeunes, ralentissant la migration vers les villes, en reboisant et en gérant de manière durable les produits forestiers non ligneux.
· Un réseau communautaire dans l'écorégion du Cerrado au Brésil travaille avec des petits exploitants selon une méthode « d'agriculteur à agriculteur » pour cultiver et traiter durablement des fruits, des plantes et des graines, améliorant ainsi les moyens de subsistance locaux de 26 000 personnes.
· Une entreprise communautaire au Cameroun aide les communautés autochtones entourant un parc national à cultiver du cacao et d'autres fruits, créant ainsi des centaines d'emplois pour les femmes.
· Une coopérative dirigée par des autochtones dans le sud de l'Inde soutient l'entreprenariat vert, en transformant et en commercialisant une gamme variée de produits forestiers récoltés de manière durable, ce qui permet aux membres d'obtenir des prix avantageux pour leurs produits.