En 1972, la publication révolutionnaire du Club de Rome, Les limites de la croissance, prévoyait que la croissance démographique incontrôlée, associée à une consommation de ressources toujours plus importante, finirait par poser un risque existentiel pour l'humanité. Il y a 50 ans, le monde savait déjà où notre trajectoire se dirigeait : vers une urgence planétaire. Nous devons de toute urgence nous engager sur des voies permettant d'éviter de franchir les points de basculement en matière de climat, de biodiversité et de santé.
Accroître les ambitions en matière de protection et de restauration de la nature afin de garantir un filet de sécurité planétaire pour l'humanité.
La session d'ouverture du Hub Nature for Life présente une voix unifiée de dizaines de gouvernements de la Coalition de la haute ambition, du l'Engagement des dirigeants pour la nature et de la Alliance mondiale des océans, qui appellent tous à des objectifs audacieux de protection d'au moins 30 % de la planète d'ici 2030. De la même manière, les leaders présents à l'événement appellent à accélérer la restauration d'un milliard d'hectares d'ici à 2030. La réalisation de ces objectifs contribuera à créer un filet de sécurité planétaire pour l'humanité.
Aligner les financements des secteurs public et privé
Les financements des secteurs public et privé servent souvent à accélérer la perte de biodiversité. Par exemple, près de 90 % des subventions et des avantages fiscaux agricoles sont destinés à des activités qui peuvent nuire à la nature. La réaffectation de ces financements pour favoriser une transition juste et régénératrice représente une opportunité de 470 milliards de dollars. En outre, alors que la valeur totale des actifs d'investissement mondiaux sous gestion dépasse les 100 000 milliards de dollars, il ne coûterait que 400 milliards de dollars par an pour nettoyer les océans du monde, étendre les zones protégées à 30 % de la planète et restaurer un milliard d'hectares de terres dégradées. La création de structures financières permettant de réorienter les subventions et les avantages fiscaux agricoles et de réorienter les capitaux privés est l'une des tâches les plus urgentes de cette décennie, comme l'a souligné le Partenariat pour l'urgence planétaire avant le sommet des dirigeants du G7.
Alignement des pratiques commerciales
Pendant trop longtemps, notre marché n'a pas tenu compte des valeurs de la nature. Les entreprises ont eu le champ libre pour réaliser des profits au détriment de la nature, et l'ère d'une économie aveugle à la nature touche rapidement à sa fin. Le lancement officiel, ce mois-ci, du Groupe de travail sur les divulgations d’informations financières liées à la nature (TNFD) (en anglais) est le signe que les entreprises seront bientôt tenues responsables de leurs impacts sur la nature et qu'elles devront aligner leurs pratiques pour minimiser ces impacts si elles veulent rester compétitives.
Réimaginer la nature du développement en plaçant la nature au cœur du développement
Si les modèles économiques et de développement ne parviennent pas à nous aider à prospérer dans l'Anthropocène, comment devons-nous réimaginer la nature même du développement ? Le Rapport mondial sur le développement humain 2020 du PNUD constitue un point de départ clair : nous devons changer la façon dont nous mesurons les progrès en tenant compte des impacts sur l'environnement. Le lancement du UN Biodiversity Lab, dans lequel les pays élaborent leur propre « Carte de l'espoir » spatiale, montre une voie similaire : les gouvernements placent la nature au cœur de leurs objectifs en matière de développement durable, de climat et de biodiversité.