Autonomisation et lutte contre les VBG
Le programme conjoint JAD jette les bases de la pérennisation de la lutte contre les VBG au Kasai central
4 mai 2023
Dans la lutte contre les viols, les mariages forcés et autres types de violences basées sur le genre, le major Emmanuel Badibanga est l’homme respecté à Kananga. Son unité : l’escadron de la protection de la protection de l’enfant et de la prévention des violences sexuelles pour la ville de Kananga, est composé de 117 policiers dont 17 femmes parmi lesquelles 4 officiers de police judiciaire (OPJ). Avec l’appui du Programme conjoint Justice, l’autonomisation et la dignité des femmes et filles en République démocratique du Congo (JAD) en mis en œuvre par le PNUD, l’UNFPA, le BCNUDH et le Ministère du Genre, famille et enfants de la RDC, 30 membres de son escadron ont été formés sur les techniques d’enquêtes dans le domaine des violences sexuelles et basées sur le genre dont 4 femmes, ce qu’il trouve insignifiant face à l’ampleur de la tâche notamment l’audition des mineures.
Au terme du programme JAD, le major Emmanuel Badibanga fait le point. Il indique que le viol d’enfants est le cas d’infraction courante. « En 2022, l’escadron a traité plus au moins 662 cas de violences basées sur le genre. De ces cas, nous avons épinglé 308 cas de viols d’enfants et 7 cas de viols sur majeures dont 3 par les hommes en uniforme et 4 par les civils. Depuis 2020, avec le programme JAD, nous avons mis en place les comités alerte gérés par la Division provinciale du genre. Nous recevons des alertes sur les viols d’enfants qui viennent de nos partenaires formés et membres des clubs genre dans les 27 quartiers de la ville de Kananga. Ces alertes aboutissent aux enquêtes. Nous sommes le socle de la chaine pénale. Nous récupérons le bourreau pour enclencher la procédure judiciaire, » affirme l’officier de la police. Il explique que l’implantation de cette unité à Kananga est motivée par le nombre de cas de viols et violences basées sur le genre observés.
« Nous faisons la prévention en partant des enquêtes judiciaires mixtes organisées par le programme JAD. Nous recevons des survivantes à Kananga qui viennent parfois de 50 ou 60 km. La police documente ces dossiers avec, nous allons à la rencontre des victimes avec le procureur de la République et ses substituts dans les quartiers suburbains où aucun procureur de la République n’est passé. Récemment, à Dilembwe, à 60 km, dans la périphérie de Kananga, la police a travaillé avec le parquet et le barreau sous la supervision d’une magistrate sur les dossiers documentés par la police. A l’issue des arrestations, des écoutes, des auditions ; la magistrate a sensibilisé la population locale sur les VBG. La population était satisfaite, » précise le major Badibanga.
Ces sensibilisations rapprochent les victimes, les survivantes et leurs proches de la police. « C’est un acquis que nous cherchons à pérenniser avec les partenaires de terrain. Nous avons inséré des chefs coutumiers qui sont des conservateurs des us et coutumes. Nous travaillons avec les chefs des groupements qui ont été formés. Les chefs coutumiers savent maintenant qu’ils n’ont aucune compétence sur les dossiers des violences sexuelles et celles basées sur le genre. Notre compétence territoriale va maintenant au-delà du Tribunal de grande instance de Kananga. Nous recevons des survivantes qui viennent de partout parce qu’ils ont suivi des émissions de sensibilisation à la radio. L’escadron a une émission de sensibilisation d’une heure et demie à la radio nationale tous les mercredis, » déclare fièrement le commandant de l’escadron. Cette synergie, renforcée par le programme JAD, suscite la confiance de la population. Dans les locaux, de la police, une dizaine des mineures étaient venues déposées sur les violences subies particulièrement le viol.
L’escadron est aussi en première ligne dans la lutte contre les mariages forcés et des mariages des mineures. Ces cas sont dénoncés par des membres des clubs genre implantés des quartiers de Kananga. En 2022, la police a enregistré 17 cas dénoncés des mariages des mineures. Elle a documenté une quarantaine de cas perpétrés dans la communauté qui avaient trouvé une solution à l’amiable. « Nous avons bénéficié de l’apport des clubs genre qui ont reporté ces cas gardés secrets. Nous avons découvert des mariages déjà conclus. Les filles mineures avaient rejoint leurs conjoints. Tous ces mariages ont été dissous parce qu’ils étaient délictueux. Nous avons même poursuivi en justice des personnes qui avaient contracté ce mariage notamment des hommes car les demoiselles étaient encore mineures. Quelques cas ont été portés devant l’autorité judiciaire et certains ont fait la prison. Nous protégeons nos sources d’information afin d’éviter des représailles dans la communauté, » rapporte le major Badibanga.
A Tshimbulu, 125 Km de Kananga dans le territoire de Dibaya, les cas de viols sont encore nombreux. « Sur dix cas référés à la justice à Tshimbulu, 6 se rapportent au viols » soutient le président du Tribunal de grande instance de Tshimbulu. Le territoire était le bastion de la rébellion de Kamwina Nsapu. « Malgré la fin des violences armées, la jeune fille et la femme subissent encore des violences dans leurs corps, » déclare Angélique Kapinga Ilunga, présidente du mécanisme communautaire de sensibilisation à Tshimbulu. « Les grossesses et les mariages précoces sont les fils conducteurs de la sensibilisation auprès des jeunes du territoire de Dibaya. Les écoles et les églises demeurent les portes d’entrée de la sensibilisation de la lutte contre les VGB. Près de 700 enfants et adultes sont sensibilisés par mois sur les VGB ainsi que sur la masculinité positive,» rapporte Angélique Kapinga.
A Tshimbulu, à 125 Km de Kananga dans le territoire de Dibaya, les cas de viols sont encore nombreux. « Sur dix cas référés à la justice à Tshimbulu, 6 se rapportent au viols » soutient le président du Tribunal de grande instance de Tshimbulu Jean Felix Mukand. Le territoire était le bastion de la rébellion de Kamwina Nsapu.
« Malgré la fin des violences armées, la jeune fille et la femme subissent encore des violences dans leurs corps, » déclare Angélique Kapinga Ilunga, présidente du mécanisme communautaire de sensibilisation à Tshimbulu. « Les grossesses et les mariages précoces sont les fils conducteurs de la sensibilisation auprès des jeunes du territoire de Dibaya. Les écoles et les églises demeurent les portes d’entrée de la sensibilisation de la lutte contre les VGB. Près de 700 enfants et adultes sont sensibilisés par mois sur les VGB et sur la masculinité positive. Nous avons privilégié les écoles parce que nous constatons qu’à chaque rentrée scolaire, il y a des filles qui ne reprennent pas le chemin de l’école suite aux grossesses. Des acceptent d’aider leurs femmes dans les tâches ménagères ou d’accompagner les filles pour puiser de l’eau, » rapporte Angélique Kapinga.
JAD a soutenu l’organisation des audiences foraines, à la grande satisfaction de la police car de tous les cas traités ont été documentés par elle et transmis à l’officier du ministère et fixés à l’audience. « Cela a permis le renforcement de l’interaction au niveau de la chaine pénale. L’expérience de JAD a été utile pour la police. Il faut la renforcer et la pérenniser. C'est à notre portée. Malgré la fin du programme JAD, nous remarquons que des cas de dénonciations augmentent toujours suite à la sensibilisation de toutes les couches de la société qui se fait à la radio et dans les quartiers. La population fait confiance à la police ce qui n’existait pas avant le programme JAD surtout avec l’avènement de la rébellion de Kamwina Nsapu. Nous partageons nos numéros de téléphone lors de chanque séance de sensibilisation. Des gens appellent pour déposer leurs plaintes ou dénoncer des cas d’abus, » affirme le major Badibanga.