Comment j’ai utilisé le neem comme pesticide bio
7 juin 2023
Dans la cour de notre concession familiale, se trouvait un grand margousier dont on se régalait des fruits abondant pendant une certaine période de l’année. Pendant ces régales il nous arrivait de manger les fruits mûrs jusqu’à la noix et même quelque fois à l’amande.
Mon nom est Tiéman Sangaré. C’est ainsi que j’ai constaté un jour que l’amande de la noix de neem était encore aussi amère que la feuille et que son odeur est très désagréable.
A l’occasion d’une formation de 10 jours à l’endroit d’un groupement de femmes de Bounoubougoula, localité située dans la commune rurale de Soignebougou à environs 20km de SEGOU, pour renforcer leurs capacités en techniques d’entretien des machines et la tenue des documents de gestion.
A cette occasion, j’ai trouvé chez le chef de village où j’avais été logé, un chien qui avait une énorme plaie sur la tête ; Pour se mettre à l’abri des mouches qui l’assaillaient en permanence, l’animal n’avait trouvé comme astuce que se fourré sous les chaises sur lesquelles s’asseyaient les visiteurs, malheureusement, la plaie sanguinolente tâchait habits de ceux-ci, le mammifère était chassé à coup de bâton ou de chaussure dès qu’il s’approchait de quelqu’un.
Sensible à la détresse du chien, je mis quelques jours à réfléchir pour trouver une solution à la souffrance de l’animal.
Devant la salle où se tenait la formation, il s’y trouvait un pied de Neem, avec abondamment fruits mûrs, alors, m’étant souvenu que l’amande de neem possède des vertus étranges, j’ai cueillie un certain nombre de fruits dont j’ai récupéré et écrasé les amandes pour en faire une pâte, ensuite je l’ai appliqué sur la plaie du petit chien.
Dans un premier temps, il a enlevé toute la pâte qui, visiblement le brûlait un peu, mais force est de constater qu’il s’était débarrassé de toutes les mouches. Ce résultat m’a insisté à récidiver l’acte ; pour cette deuxième fois il ne l’a pas enlevé, et pendant tout le reste de la journée, les mouches ne l’ont plus poursuivies.
Ayant renouvelé quotidiennement l’expérience, jusqu’au 4ème jour (la fin de la formation), j’ai constaté en quittant le chien avec beaucoup de regret, que la plaie avait commencé à cicatriser.
J’ai compris pendant cette formation à Bounoubougoula que le neem pouvait servir à éloigner les mouches, donc un répulsif.
C’est ainsi que dès mon retour à Ségou, fort de mon expérience en extraction de beurre de karité, j’ai essayé et réussi à faire la même chose avec les amandes de Neem.
Après un tour sur internet (sous le contrôle d’un ami des eaux et forêts), j’ai appris que le produit s’appelait NEEM, MARGOUSIER, ou AZADIRACHTA – INDICA et qu’il d’origine Indienne et (ou) Birmane. Que son huile est l’un des bios pesticides les plus performants ; Le prix de 30euro/litre m’a donné l’envie d’y consacrer une partie de mon temps et vu que la matière première est disponible sur toute l’étendue du territoire. Autrement dit, on y trouve le margousier un peu partout au Mali. Ainsi, avec le temps et de file à aiguille, j’ai appris beaucoup de choses sur le neem.
- L’Azadirachtine, comment le neem agit par son goût et son odeur.
- La meilleure méthode d’extraction de l’huile afin de maximiser la teneur en éléments actifs.
Ma collaboration avec l’IER (Institut d’Economie Rurale) à la personne de Madame Gamby m’a davantage renseigné sur les vertus du neem.
Des informations recueillies et des expériences pratiquées sur le terrain m’ont conduit à développer cette initiative par l’installation d’une petite unité de transformation des amandes de neem en bio pesticides et fertilisants.
Au départ, ce n’était pas facile parce qu’il fallait tester auprès des paysans pilotes pour apprendre de leur utilisation et améliorer le dosage des produits. Ce qui fut fait auprès d’une dizaine de maraîchers et pour finir les résultats étaient bons et le produit pouvait être vulgarisé.
Dès lors que les résultats étaient bons, nous avons mis en place un système d’approvisionnement qui implique les femmes et les enfants qui viennent fournir les amendes à 200 FCFA/kg à la mini unité de transformation qui s’occupe de la transformation en pesticide répulsif et fertilisant sans aucun mélange avec les produits chimiques.
Les premiers acheteurs furent les paysans dans la zone office du Niger de Niono et une organisation de producteurs en Côte d’Ivoire. Au fur et à mesure, la demande commence à être importante surtout au niveau national.