Niger : répondre à des besoins qui évoluent et se multiplient

Entretien avec la Représentante résidente du PNUD, Nicole Kouassi

14 septembre 2023

Un projet pilote testant un dispositif d'irrigation solaire à distance, à Tahoua et Agadez. Il permet aux agriculteurs d’irriguer leurs jardins à distance et gratuitement via leur téléphones portables.

Photo: PNUD Niger

Au Niger, depuis le changement anticonstitutionnel de gouvernement en juillet, le PNUD appelle à une résolution pacifique de la situation qui prévaut actuellement dans le pays. Plus de 41 % de la population vit dans l’extrême pauvreté et le pays a besoin d’urgence d’une aide au développement. Nous nous sommes entretenus avec la Représentante résidente du PNUD, Nicole Kouassi, sur la situation sur le terrain et sur l’appui du PNUD.


Quels sont les besoins du Niger actuellement ?

Le Niger traverse non seulement une crise humanitaire, mais aussi une crise de développement. Il convient de rappeler que le pays était déjà confronté à de graves défis de développement avant le coup d’État. Le Niger fait face à d’énormes défis climatiques, se heurte à des problèmes de sécurité et au terrorisme, et les niveaux d’éducation et de chômage y sont préoccupants depuis de nombreuses années. L’instabilité actuelle et la montée des tensions, conjuguées à la fermeture des frontières et à la hausse de l’inflation, font peser des risques de régression. Et si nous ne répondons pas aux besoins de développement que nous observons, en particulier l’emploi, les services sociaux de base, la prévention de la radicalisation et la lutte contre l’extrémisme violent, la crise humanitaire prendra une ampleur exponentielle. Nous devons faire de ces besoins une priorité si nous voulons aider les populations locales à faire face à cette crise.

Actuellement, êtes-vous en mesure d’atteindre les populations qui ont besoin d’aide ?

Le PNUD est un partenaire de confiance au niveau communautaire ; nous y sommes présents depuis plus de 45 ans et nous travaillons dans certaines des régions les plus difficiles à atteindre, avec des populations touchées par des conflits. Nous avons pu continuer à apporter notre appui à Dosso, Maradi, Zinder, Diffa, Tillabéri, Tahoua et Niamey.
80% des membres de notre équipe étant du personnel local, nous sommes bien placés pour atteindre les populations et les décideurs locaux et nous travaillons en étroite collaboration avec les organisations communautaires. Notre soutien bénéficie actuellement à environ un million de personnes par an et porte sur les services de base tels que l’eau, la santé et l’éducation, tout en mettant l’accent sur l’énergie, les moyens de subsistance, la prévention des conflits et la consolidation de la paix. 
 

UNDP Niger RR Nicole Kouassi standing behind podium

La Représentante résidente Nicole Kouassi dirige la mission du PNUD visant à aider la population du Niger à créer des opportunités de moyens de subsistance durables et à bénéficier des services de base.

Photo: PNUD Niger

Quel a été l’impact de la crise récente sur les programmes du PNUD ?

Nos programmes étant en place depuis tellement d’années, leur appropriation par les populations locales est forte. Les infrastructures que nous avons réalisées – adductions d’eau, écoles ou centres de santé – appartiennent à la collectivité. Nous travaillons également avec des organisations communautaires dans tout le Niger. Rien ne nous empêche aujourd’hui d’apporter une aide à la stabilisation et au développement tant que nous continuons à avoir le soutien des partenaires financiers du Niger.
Nous réfléchissons aussi à la façon d'adapter certaines de nos activités pour répondre à des besoins qui évoluent et se multiplient. Pour renforcer notre programme en cours sur les moyens de subsistance, nous avons entrepris de concevoir des opérations qui aideraient à garantir à un plus grand nombre de jeunes un accès à des activités génératrices de revenus. Il s’agira notamment de voir comment accroître la disponibilité des produits alimentaires sur les marchés locaux afin d’aider à remédier aux pénuries résultant de la fermeture des frontières et de l’inflation. 

« Le PNUD a construit des écoles et des marchés, mais aussi notamment des centres de santé, en veillant à l’éclairage public par des panneaux solaires. Dans les zones touchées par l’insécurité, dans les régions de Diffa et Tillabéri, le PNUD a aidé plus de 40% des déplacés internes à retourner dans leurs villages reconstruits et sécurisés. »
Nicole Kouassi, Représentante résidente du PNUD au Niger

Sur quoi est-ce que les programmes du PNUD mettent-ils l’accent ?

Notre soutien s’articule autour de trois domaines-clés. Le premier est le renforcement des institutions démocratiques et, ces dernières années, le pays a pu élaborer un solide plan de développement économique et social. Avec l’appui des donateurs, la couverture énergétique a quadruplé à l’échelle nationale, les salaires des agents chargés de fournir des services publics essentiels ont été payés dans les délais et les dotations allouées à des services sociaux tels que l’éducation et la santé ont toutes augmenté. Il est indispensable de protéger ces acquis de développement.

Deuxièmement, nous nous employons à aider les populations à renforcer leur résilience, principalement en soutenant l’obtention de revenus durables. Ces dernières années, nous avons apporté un appui à environ 400 000 personnes à travers notre programme de promotion des moyens de subsistance. Par exemple, le PNUD a travaillé au sein de collectivités pour installer des systèmes d’irrigation solaires et a distribué des semences. Un soutien qui cible particulièrement les femmes et les jeunes. 
 

Woman dressed in blue overalls and facemask, repairs electrical wall device

Le PNUD Niger favorise l'autonomisation des jeunes et la transition économique verte grâce à la formation professionnelle, en particulier pour les femmes.

Photo: PNUD Niger


Nous avons également aidé les populations de la région de Diffa, autour des zones fertiles du lac Tchad, à générer, deux années de suite, plus d’un million de dollars de revenus grâce à la vente de poivrons et de produits de la pêche, ce qui n’était pas possible avant 2021, lorsque la production de poivrons et les activités de pêche n’étaient pas autorisées en raison de l’insécurité dans les zones du lac Tchad et du fleuve Komadougou et dans les alentours.

Enfin, nous travaillons également sur la paix, la stabilisation et la sécurité, en mettant particulièrement l’accent sur les populations vulnérables face à l’extrémisme violent, au terrorisme et aux conflits locaux. De nombreuses personnes ont fui leurs collectivités et le PNUD travaille dans ces villages à aider à sécuriser les collectivités afin que ces personnes y retournent pour reprendre une vie normale. Du point de vue du développement, cela signifiait réaliser les infrastructures dont les populations ont besoin. Le PNUD a construit des écoles et des marchés, mais aussi notamment des centres de santé, en veillant à l’éclairage public par des panneaux solaires. Dans les zones touchées par l’insécurité, dans les régions de Diffa et Tillabéri, le PNUD a aidé plus de 40 % des déplacés internes à retourner dans leurs villages reconstruits et sécurisés.
 

Farmers processing peppers

Le PNUD Niger soutient les communautés de la région de Diffa, autour des zones fertiles du lac Tchad, pour générer des revenus en commercialisant des poivrons et des produits de la pêche.

Photo: PNUD Niger

Pendant combien de temps le PNUD apportera-t-il son aide aux populations au Niger ?

Ce que nous faisons est tellement important pour les populations. Quand je m’interroge sur l’avenir, la réponse se trouve dans travail que nous faisons. Les gens aspirent à une vie meilleure, pour eux-mêmes, pour leurs enfants et pour leurs collectivités. Ils veulent pouvoir générer des revenus durables. Ils veulent vivre dans des collectivités où règne la sécurité avec un accès garanti aux services sociaux de base ; ils ont besoin d’accès à l’eau potable et à l’énergie. C’est tout cela qui donne un sentiment de sécurité.
Ce que les populations veulent et ce dont elles ont besoin, c’est que nous investissions dans le développement, à travers des programmes axés sur les moyens de subsistance et l’accès aux services de base tels que l’éducation, la santé, l’eau et l’énergie, et c’est ainsi que nous pouvons contribuer à pérenniser la paix.