BIOGAZ : QUAND LE PNUD CONTRIBUE A UN REGARD NOUVEAU SUR LES FEMMES DANS LE SECTEUR DE L’ENERGIE

25 novembre 2023

 

Avec son projet sur le Biogaz, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en Mauritanie s’inscrit dans l’appui au changement du paradigme dans les stéréotypes liés aux genres dans le domaine de l’énergie en finançant une innovation féminine pour lutter contre les changements climatiques. 

Le BIOGAZ source d’énergie propre issue de la biomasse, est aujourd’hui au cœur d’un projet financé par le PBF, un Fond des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix, et mis en œuvre par le PNUD. Ce projet est mis en œuvre par SB Gaz, un start up mauritanien porté par le visage de l’ingénieure en énergies renouvelables et matériaux énergétiques, Aziza Sidi Bouna. Engagée dans la révolution verte en Mauritanie, Aziza fait aujourd’hui de la justice climatique un cheval de bataille qu’elle porte pour faire avancer le pays sur des terrains sur lesquels les figures féminines sont peu nombreuses. 

Poser une autre perspective à ces clichés de la position de la femme dans le secteur de l’énergie renouvelable et propre est le but que le PNUD se donne en accompagnant des starts up comme SB Gaz. Dans cet ordre, le PNUD contribue à la fourniture des solutions pérennes aux problèmes de développement dans le pays en particulier par l’amélioration de l’accès, l’usage et l’innovation à l’énergie par les populations de l’intérieur du pays. 

Le projet biogaz est une solution stratégique pour répondre aux besoins des populations vulnérables dans la région du HODGH El Charghi. Mis en œuvre dans la commune de Bassikounou, le projet a choisi pour cible prioritaire 300 familles qui ont toutes des femmes comme cheffes de famille mais également des jeunes. 

Le projet apporte une solution pérenne à la situation de déforestation causée par la coupe du bois de chauffe par les populations locales. Possédant le deuxième cheptel en Afrique après le Soudan, avec plus de 36 millions de têtes tous cheptels confondus, la Mauritanie est un creuset important en matière de recyclage de la bouse d’animal en énergies renouvelables comme le biogaz afin de lutter contre les changements climatiques. 

Avec son partenaire ADICOR une ONG locale très active dans la région du Hodgh El Charghi, SB Gaz a pu affiner les critères de sélection de ses 300 bénéficiaires. Trois points principaux ont conduit aux choix de ces derniers : 

  • Les familles monoparentales avec des femmes comme cheffes de famille ; 

  • Des familles avec des jeunes diplômés avec une expérience professionnelle mais qui sont sans emplois ; 

  • Des femmes qui font des activités commerciales.

Pour Aziza, les femmes des zones rurales comme Bassikounou sont celles qui gèrent les familles grâce à leurs activités dans le maraîchage, le commerce.

L’énergie qui est pour le moment usitée pour la cuisson des aliments a un impact négatif sur la situation climatique.  Les femmes utilisent les sources fossiles comme le charbon ou le bois de chauffe. Les deux s’obtiennent par la coupure des arbres, ce qui favorise l’avancée inexorable de la désertification. En plus, lors de la collecte du bois, les femmes parcourent des longues distances et courent plusieurs dangers dont les violences sexuelles. Aussi, elles sont exposées directement à l’émission du dioxyde du carbone, ce qui accroît les risques des maladies de voies respiratoires.  

 

En apportant une solution durable comme le Biogaz, le programme des Nations Unies pour le Développement permet ainsi aux femmes de la Willaya du Hodgh El Charghi et plus particulièrement celles de la ville de Bassikounou, d’avoir accès à une source d’énergie propre afin de réduire l’empreinte carbone de ses communautés. Le PNUD s’est donc inscrit comme partenaire pour mettre à disposition une solution viable pour la planète et aux femmes de cette ville. Le gaz produit représente donc une proposition non seulement propre mais aussi un coût concurrentiel par rapport au gaz fossile. En effet selon l’étude du marché fait par SB Gaz, le prix d’une bouteille de 12 kilos de gaz dans le commerce dans la ville de Bassikounou varie entre 350 à 378 MRU, soit à peu près 10 dollars la bouteille. Le projet biogaz, soucieux d’offrir un produit compétitif et à coût abordable propose une bouteille de 12 kilos au prix de 150 à 200 MRU soit à peu près 5 dollars.

L’ingénieure Aziza Bouna, porte cette ambition de faire du pays un espace carbone libre. Ce n’est pas sans défis que cette jeune femme se positionne dans le domaine des énergies renouvelables, un domaine réservé aux hommes. De son constat, les femmes sont d’avantages attendus dans les domaines comme le commerce et non dans ce qu’elle qualifie de « travail pour les hommes » tel que perçu par la société. 

Hormis la pesanteur du regard social, l’ingénieure en énergies renouvelables fait face aux défis du financement dans le secteur de l’entreprenariat féminin. Les préjugés qui semblent peser sur les femmes, peuvent également freiner la volonté de financement de leurs projets surtout s’ils sont orientés vers des domaines techniques comme le sien.

Le projet biogaz bien que regorgeant de nombreux avantages, offre aussi le défis à la formation des jeunes autour de la production. Il s’agit ici de créer une chaîne de valeur qui passe du ramassage de la bouse des vaches à la maintenance de l’usine en passant par la commercialisation des bouteilles de Gaz. 

Le projet est une innovation qui apporte dans la ville de Bassikounou une solution à l’employabilité des femmes et des jeunes. Il permet d’envisager pour la ville, qui a un déficit d’offres en énergies, des possibilités d’avoir de l’électricité pour des besoins des ménages et pour des objectifs de production. Le projet biogaz entend apporter à cette Moughataa un véritable levier de développement.

Comme Aziza Bouna, la Mauritanie dispose de plus en plus de femmes ingénieures actives. Selon elle, bien que le taux ne soit pas encore suffisant, les femmes de plus en plus investissent les secteurs où traditionnellement elles sont souvent peu attendus. Elle salue l’appui du PNUD qui lui a permis de voir son rêve se concrétiser. Elle encourage d’autres jeunes femmes de faire connaitre leurs projets innovants pouvant mettre leur ingéniosité au premier plan des acteurs de l’émergence du pays et de renverser les barrières et stéréotypes basés sur les constructions sociales.