L'ISRA, le PNUD et l'ADEPME pionniers de la culture et de la transformation du blé à Saint-Louis
OUI, IL EST POSSIBLE DE CULTIVER DU BLÉ AU SÉNÉGAL ET D’EN DÉVELOPPER LA CHAINE DE VALEUR
3 mai 2023
À moins de sept ans de l’échéance de l'Agenda 2030 des ODD et à douze ans de celle du Plan Sénégal Émergent (PSE) 2035, le Sénégal a réalisé des progrès louables dans l'atteinte des ODD, notamment dans les domaines de l'éducation, de la santé, des infrastructures de transport, du numérique et de l'accès à internet. L'insécurité alimentaire extrême, qui s'est améliorée en passant de 25 % en 2017 à 15,6 % en 2018, a reculé à 16,7 % en 2019 et à 25 % en 2020, aggravée par les effets de la pandémie COVID-19. Dans le même temps, la malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans a augmenté de 7,8% à 8,1% en 2019.
L'Institut Sénégalais des Recherches Agricoles (ISRA) expérimente depuis des années la culture du blé au Sénégal et a identifié et homologué huit variétés de blé (tendre et dur) résistantes au climat, dont certaines proviennent d'Égypte. En temps normal, le blé prospère à des températures plus fraîches. Il est donc opportun que le PNUD, en tant qu'intégrateur des ODD de l'ONU et dans sa quête de développement, ait approché l'ISRA pour un partenariat visant à piloter la culture du blé afin d'aider à réduire l'insécurité alimentaire, le chômage des jeunes et l'inégalité entre les sexes. L’appui du PNUD a consisté essentiellement :
- Au renforcement de capacités de 35 femmes et de conseillers agricoles, techniciens, des producteurs et des stagiaires/étudiants au cours de 3 sessions de formation en boulangerie-pâtisserie, en bonnes pratiques agricoles (BPA) et en transformation des grains de blé.
L’objectif de l’atelier GAP était de renforcer les capacités des conseillers agricoles et des producteurs pilotes sur les bonnes pratiques de production afin de stimuler le processus d’adoption de la culture par les producteurs situés dans différentes régions du pays.
L’objectif global de la formation à la transformation du blé était de promouvoir la culture du blé et ses produits par la transformation. L’objectif est de renforcer les capacités des femmes dans le but de mettre en place des unités efficaces de transformation du blé dans différentes localités de la région pour mettre sur le marché des produits de qualité qui répondent à la demande des consommateurs.
- A l’achat d’équipements : motopompes, moulins et kits pâtissiers (robots pâtissiers et mixeurs) , ce qui augmente la productivité et ajoute de la valeur.
Ces efforts ont donc favorisé l'adoption locale de la culture du blé, son introduction dans les habitudes culinaires locales, mais aussi un engouement croissant des producteurs pour cette culture. La préparation du sol commence dès le mois d'octobre et le blé est cultivé de novembre à mars. Le blé est cultivé, récolté et transformé en farine utilisée dans la consommation quotidienne de pain, de mets consommés le soir comme le couscous, le thiakry, et également en remplacement du riz dans le populaire quotidien de thiep. Comme l'a déclaré M. Aladji Djibril Diouf, Chef administratif de l’Ecole des Métiers de la Farine, le pain fabriqué à partir du blé produit localement a un goût encore meilleur que le blé importé. En effet, le blé est enrichi et mélangé à d'autres céréales produites localement, telles que le maïs et le riz, ainsi qu'à d'autres produits, et transformé en repas nutritifs pour les nourrissons, contribuant ainsi à résoudre le problème de la malnutrition chronique et son impact sur le développement cognitif des enfants, les futurs dirigeants.
Selon le Dr Amadou Tidiane Sall, sélectionneur et point focal du projet SDG Fund au niveau de l’ISRA, le blé cultivé au Sénégal est cinq fois plus nutritif que le riz importé.
Le 28 avril 2023, la Direction Régionale du Développement Régional (DRDR) de Saint-Louis, sous la tutelle du Gouverneur et des représentants de l'ISRA, du PNUD, du Bureau du Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies au Sénégal (RCO) et de l'ADEPME ont organisé une cérémonie de clôture et de remise d’attestations de suivi des formations et d’équipements, respectivement aux bénéficiaires des formations et aux sélectionnés à l’issue d’une Due Diligence. Mme Maimouna Diop, présidente d’un GIE de producteurs et transformatrices, a déclaré:
“ la culture du blé crée de la nourriture pour ma famille, et l'argent qui aurait été dépensé pour la nourriture est utilisé pour d'autres dépenses du ménage. En outre, une autre source de revenus est créée, ce qui me donne plus de latitude pour compléter les revenus de mon mari et répondre aux besoins de ma famille en matière de santé, d'éducation et autres’’.
A présent que le projet pilote a été considéré comme un succès par toutes les parties prenantes, le défi consiste à une mise à l’échelle dans d'autres régions et à améliorer l'accès aux marchés. “ Nous devrons créer l'organisation et la structure de la production, de la transformation et de la commercialisation du blé afin de rendre le produit rentable", a déclaré le Dr Omar Ndao Faye, Directeur de l'ISRA de Saint-Louis.
D'un point de vue macroéconomique, la réduction des importations améliore la balance commerciale et atténue la pression sur le taux de change. Elle réduit également la dépendance à l'égard du blé importé et la vulnérabilité aux chocs extérieurs et aux effets inflationnistes qui en découlent.
Les ressources financières pour cette initiative sont mobilisées par le PNUD à partir du Fonds des Nations Unies pour les ODD, par l'intermédiaire du Bureau du Coordonnateur Résident (RCO). Le PNUD continuera à travailler en étroite collaboration avec le RCO pour mobiliser d'autres agences des Nations unies telles que la FAO, le PAM, ONU Femmes, l'UNICEF, le FNUAP et d'autres, ainsi que des partenaires multilatéraux et bilatéraux non onusiens, afin d'intensifier les efforts et de traiter l'insécurité alimentaire, le chômage des jeunes et les inégalités entre les sexes et les inégalités spatiales.