Les fèces humaines sont un réservoir énorme d’énergie surtout dans les pays en développement. Selon les scientifiques, nous produisons environ 150 grammes de fèces par jour et par personne. Avec une population d’environ 8 millions d’habitants, le Togo en produit en moyenne 12 000 tonnes par an.
Force est de constater que ces déchets fécaux finissent dans le meilleur des cas dans des fosses septiques sinon dans la mer ou dans la nature. Un véritable gâchis, affirment les spécialistes qui pensent que ces matières fécales humaines peuvent être transformées en engrais biologiques pour fertiliser les cultures, servir de combustible, entrer dans la fabrication de ciment, etc…
Une bien meilleure utilisation des excréments humains est la méthanisation pour la production de biogaz ou d’électricité. Le biogaz ainsi obtenu pourrait fournir une quantité de combustible suffisante pour alimenter 150 000 foyers.
Le biogaz est produit par la fermentation de la matière organique animale ou végétale en l’absence d’oxygène
Les avantages de la biométhanisation de la déjection humaine
La méthanisation de la déjection humaine pour l’obtention du biogaz est vantée comme la solution idéale pour, entre autres, les raisons suivantes :
- Le coût de l’installation du biodigesteur et de production de biogaz est théoriquement à la portée des bourses de tous les ménages ;
- Une élimination de la vidange des fosses septiques au moins pour 20 ans, donc un gain conséquent pour ceux qui en font régulièrement la demande ;
- Une production privée d’électricité donc moins de dépendance à la compagnie électrique ; Cette source d’énergie est idéale pour les foyers dans les zones les plus reculées ;
- La production d’engrais biologique à partir du digestat pour l’enrichissement des cultures agricoles donc une production de meilleure qualité nutritive, etc.
Des pays comme le Rwanda et le Burkina Faso ont lancé des projets d’installation de biodigesteurs à production de biogaz pour les ménages qui en font la demande. L’installation est subventionnée par ces Etats qui ont opté pour une solution utilisant la bouse de vache et non les déchets organiques humains.
La biométhanisation règle en amont des problèmes notamment :
- Selon le rapport du Système d’Information Energétique au Togo de 2016, 90,1% des togolais dépendent du bois pour le chauffage. Malheureusement la coupure du bois est source de réchauffement de la planète. La biométhanisation est une solution à prioriser car respectant l’environnement.
- Les déchets extraits des fosses septiques sont la plupart du temps déversés dans la mer ou dans la nature. Déversée dans la mer, ces déchets contiennent de la matière toxique nuisible à la vie marine.
- Les déjections humaines laissées dans la nature sont source d’odeurs nauséabondes qui peuvent rendre certaines personnes malades lorsqu’elles y sont exposées durant des heures mais également appellent les mouches en nombre important.
- La défécation dans la nature propage les agents pathogènes qui sont sources de maladies souvent mortelles.
Les obstacles à la vulgarisation de la biométhanisation de la déjection humaine
Bien que la méthanisation des déchets fécaux soit l’une des solutions pour le développement durable elle n’est pas sans difficulté. Les expériences faites au Togo jusqu’alors ont eu du plomb dans l’aile. Les raisons de cet échec sont entre autres :
- La non-maitrise de la technologie ;
- La pauvreté en matière méthanisante et la quantité faible des excréments humains ;
- Le poids culturel et psychologique. Pour la majorité des togolais, c’est inimaginable l’utilisation des excréments humains sous forme d’énergie.
Les risques liés à la méthanisation des fèces humaines
Le biogaz est essentiellement un mélange de méthane (CH4) et de gaz carbonique (CO2) sans oublier la présence d’impuretés comme de l’eau (H2O), des sulfures d’hydrogène (H2S), du diazote (N2) et des siloxanes. La présence de H2S, de CO2 et d’eau rend le biogaz très corrosif. Ainsi les risques liés à la biométhanisation sont entre autres :
- Les incendies et les explosions ;
- Les risques d’asphyxie ;
- Les risques chimiques et les intoxications au gaz (H2S, NH3) ;
- Les fuites de gaz à haute pression ou de liquide ;
- Les agents pathogènes (les maladies).
La recherche d’une meilleure solution
Au fur et à mesure que je creuse le sujet je m’aperçois que je suis de plus en plus anxieux. Des questions sur la sécurité, la pérennisation, la rentabilité ne cessent de surgir. Je me demande :
- Comment mitiger les risques ci-dessous mentionnés ?
- Comment sécuriser une installation de biométhanisation sur de nombreuses années ?
- Quelle maintenance pour un digesteur à récupération de biogaz ?
- Comment sécuriser les installations abandonnées ou dont seule la fosse est fonctionnelle ?
- Comment détruire efficacement / sans danger une infrastructure de biométhanisation ?
- Comment rentabiliser une installation à biogaz dans les pays en développement ?
- Quels sont les conditions favorables à l’installation d’un biodigesteur ?
- Les solutions aujourd’hui sont-elles optimales ?
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