Ingéniosité des culture Ramli ?
Uniques en Tunisie et dans le monde, ces aménagements agricoles «Culture Ramli» font l’exception de la région. Les Gattayas sont des îlots qui se situent dans la lagune de Sidi Ali El Mekki et les Mlellahs, sont de petites parcelles situées sur les marais en bordure de la lagune de Ghar El Melh. Ces jardins très singuliers qui ont plusieurs appellations ont été créés au 17ème siècle par la diaspora andalouse acculée sur un territoire indigent en terres agricoles. Ils sont irrigués naturellement par l’eau de pluie emmagasinée et surnageant la surface de l’eau de mer à travers les mouvements des marées. Il n’en reste pas moins que ces cultures répondent à des conditions agro-environnementales défavorables : rareté des sols arables et des ressources en eau.
La certification : un maillon indispensable !
C’est dire qu’hérité de génération en génération, ce mode de culture est aujourd’hui menacé. Car même s’il est vivrier, il ne semble pas aussi rentable que les cultures classiques. En effet, ces parcelles peuvent être considérées comme des jardins ou des potagers familiaux privatifs qui satisfont aux besoins familiaux et les subsides sont vendus. De fait, appuyer les acteurs locaux permet de sauvegarder et de pérenniser un espace de polyculture intensive à dominante familiale. Il associe l’arboriculture aux cultures annuelles et les cultures sèches aux cultures irriguées sur les versants sud de Jbel Ennadhour.
Appuyée par le PNUD à travers le projet Résilience côtière et en collaboration avec l’APAL, l’Union Locale de l’Agriculture et de la Pêche à Ghar El Melh, le Ministère de l’Environnement et la FAO, la certification SIPAM des cultures Ramli de Ghar El Melh et de Sidi Ali El Mekki qui est en cours d'obtention permettra de conserver des connaissances et des pratiques traditionnelles locales et précieuses. Également, elle préservera une technologie d'adaptation ingénieuse et des systèmes de gestion des ressources naturelles. Nous comptons parmi ces dernières, le biote, la terre et l'eau, qui ont appuyé des activités agricoles, forestières et / ou halieutiques.
Enfin, la certification SIPAM contribuera à garantir un équilibre social dans la région lié à la gestion des ressources et à la production alimentaire et à maintenir des pratiques coutumières qui assurent une sécurité alimentaire. En effet, les familles des agriculteurs établis durant l’hiver dans le secteur de Bejou, se déplacent et s’établissent vers leurs parcelles littorales cultivées en Ramli durant l’été où elles participent aux travaux agricoles.
Ainsi, le concept SIPAM constitue une réponse au cœur des objectifs du développement durable (ODD 6,13 et 15) et à la Convention sur la diversité biologique (CDB) ainsi que les objectifs stratégiques d’Aichi pour la diversité biologique (2020).
Ce patrimoine naturel et culturel est bel et bien un héritage de l’humanité. Malheureusement, il reste sous-valorisé. Il peut néanmoins constituer des solutions, sur des sites présentant des contextes physiographiques similaires et permettre de faire face au manque de surface cultivable et de ressources en eau, l’un des enjeux majeurs de ce siècle.