Lancement au Bénin du Rapport sur le développement humain 2024

La polarisation politique et la méfiance conduisent à une impasse vis à vis des défis mondiaux

10 mai 2024

Exhibition du rapport sur le développement humain 2024 par les officiels et membres du panel de discussion sur ledit rapport

Crédit photo: PNUD Bénin / Fabrice Thyamou

Cotonou, le 10 mai  2024 :  Le nouveau Rapport sur le développement humain 2024 du Programme des Nations Unies Unies pour le développement (PNUD) intitulé: « Sortir de l’impasse : repenser la coopération dans un monde polarisé » a été lancé ce jour au Novotel Hôtel de Cotonou au Bénin, en présence de M. Alastaire Alinsato, Directeur de Cabinet, Représentant le Ministre du développement et de la Coordination de l’Action gouvernementale, de M. Aoualé Mohamed Abchir, Représentant Résident du PNUD Benin, de M. Benoît Koffi, Représentant Résident de la Banque Mondiale au Bénin, des partenaires techniques et financiers, des universitaires, des acteurs de la société civile, des représentants des ministères sectoriels et du secteur privé. 

Le rapport révèle que les progrès inégaux en matière de développement laissent de côté les plus pauvres, exacerbent les inégalités et alimentent la polarisation politique à l’échelle mondiale. Cette situation conduit à une impasse dangereuse de laquelle nous devons sortir d’urgence au moyen d’une action collective. 

Au cours de la cérémonie de lancement, de riches échanges ont été menés sur les conclusions du rapport par un panel constitué du Directeur de Cabinet du Ministre du Développement et de la Coordination de l’Action Gouvernementale, du Directeur de l’ENEAM, du Doyen de la FASEG, du Représentant résident de la Banque Mondiale et du Représentant Résident du PNUD.

Après avoir fortement baissé en 2020 et 2021, l’indice de développement humain (IDH) devrait en effet atteindre des sommets record en 2023, mais cette progression est très inégale. Les pays riches enregistrent des niveaux de développement humain sans précédent, tandis que la moitié des pays les plus pauvres du monde restent en deçà de leur niveau de progrès d’avant la crise. 

Les inégalités mondiales sont aggravées par une forte concentration économique. Comme l’indique le rapport, près de 40 % des échanges mondiaux de biens sont concentrées dans trois pays ou moins et, en 2021, la capitalisation boursière de chacune des trois plus grandes entreprises technologiques du monde était supérieure au produit intérieur brut (PIB) de plus de 90 % des pays. 

Le rapport indique que les progrès réalisés dans le cadre de l’action collective internationale sont entravés par un « paradoxe démocratique » émergeant : alors que neuf personnes sur dix dans le monde adhèrent à la démocratie, plus de la moitié des personnes interrogées expriment leur soutien à des dirigeants susceptibles de l’ébranler en contournant les règles fondamentales du processus démocratique, comme le montrent les données analysées dans le rapport. La moitié des personnes interrogées dans le monde déclarent n’avoir aucun ou peu de contrôle sur leur vie, et plus des deux tiers estiment qu’elles n’ont que peu d’influence sur les décisions de leur gouvernement. 

La polarisation politique est également une préoccupation croissante qui a des répercussions à l’échelle mondiale. Selon le rapport, cette polarisation, associée à un sentiment d’impuissance, alimente les démarches politiques de repli identitaire, ce qui va à l’encontre de la coopération mondiale dont nous avons besoin pour résoudre les problèmes urgents tels que la décarbonisation de nos économies, l’utilisation inappropriée des technologies numériques et les conflits. Cette situation est particulièrement alarmante à la lumière des températures record de 2023, qui soulignent le besoin immédiat d’une action collective pour faire face à la crise climatique, ou dans le contexte de l’émergence de l’intelligence artificielle comme nouvelle frontière technologique en évolution rapide, qui n’est guère assortie de garde-fous réglementaires, voire pas du tout. 

Le rapport souligne que la démondialisation n’est ni possible ni réaliste dans le monde d’aujourd’hui et que l’interdépendance économique reste forte. Il indique qu’aucune région n’est proche de l’autosuffisance, car toutes dépendent des importations d’autres régions pour 25 % ou plus pour au moins un type de biens et services essentiel. 

Les principaux enseignements et recommandations du rapport ont été présentés par Francis Andrianarison, Economiste principal & Janvier Alofa Economiste national du PNUD Bénin sans oublier les recommandations pour l’Afrique, afin de faire progresser le développement humain durable pour tous.

Le Rapport sur le développement humain 2024 fournit des informations et des recommandations précieuses pour guider les efforts de l'Afrique pour relever les défis et les opportunités d'un monde incertain et pour faire progresser le développement humain durable pour tous.

En se concentrant sur 5 recommandations et priorités clés, l’Afrique peut exploiter ses forces et son potentiel pour « sortir de l’impasse » de la polarisation et construire un avenir plus résilient, plus prospère et plus coopératif.

  1. Renforcer la coopération et l’intégration régionales pour relever les défis transfrontaliers et fournir des biens publics régionaux.

  2. Investir dans l'adaptation au climat et la résilience pour gérer les impacts disproportionnés du changement climatique sur le développement de l'Afrique.

  3. Donner aux jeunes et aux femmes les moyens de stimuler le dividende démographique et la transformation économique de l'Afrique.

  4. Renforcer la gouvernance et les institutions démocratiques pour accroître la légitimité et réduire les lacunes des agences.

  5. Tirer parti de la transformation numérique de l'Afrique pour stimuler l'innovation, l'inclusion et l'intégration régionale.

Autres données essentielles contenues dans le rapport 

  • En 2023, les 38 pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont tous enregistré un indice de développement humain (IDH) plus élevé qu’en 2019. 

  • Parmi les 35 pays les moins avancés (PMA) qui affichaient une baisse de l’IDH en 2020 et/ou 2021, plus de la moitié (18 pays) n’ont pas encore retrouvé leur niveau de développement humain de 2019. 

  • Toutes les régions en développement n’ont pas atteint leurs niveaux d’IDH prévus compte tenu de la tendance observée avant 2019. Il semble que la progression de leur IDH soit plus faible, ce qui laisse présager un recul irréversible des progrès en matière de développement humain. 

  • Les pertes observées en matière de développement humain ont des effets particulièrement visibles en Afghanistan et en Ukraine. L’IDH de l’Afghanistan a reculé de façon impressionnante pour se situer à son niveau d’il y a dix ans, tandis que celui de l’Ukraine a atteint son niveau le plus bas depuis 2004. 
  • Le rapport mentionne des études qui montrent que les pays ayant des gouvernements populistes affichent des taux de croissance du PIB plus faibles que les autres pays. Quinze ans après la prise de fonctions d’un tel gouvernement, le PIB par habitant est inférieur de 10 % à ce qu’il serait dans un scénario non-populiste. 

Pour consulter le rapport complet, rendez-vous sur https://hdr.undp.org/human-development-report-2023-24. 

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Contacts médias 

Au Bénin : Elsie Assogba – Email : elsie.assogba@undp.org