L’élevage : une source de revenus pour les ménages vulnérables
28 novembre 2024
Les effets néfastes des changements climatiques affectent les conditions de vie des ménages ruraux, qui pour la plupart du temps mènent comme activité principale l’agriculture. Avec l’appui du Projet de Renforcement de la Résilience des Communautés Agricoles des Zones Frontalières exposées aux effets néfastes des changements climatiques (PRRéCAZ), plusieurs jeunes gens et jeunes femmes issus de ménages vulnérables dans les communes de Djougou, Ouaké et Copargo font l’élevage des volailles et de petits ruminants pour assurer leurs moyens de subsistance et accroître leurs revenus.
Lakirou Sidi est un jeune de 26 ans résidant à Sinassingou dans la commune de Djougou. Il a dû abandonner l’école en classe de 5ème, faute de moyens de ses parents pour assurer sa scolarité. « Lorsque j’ai abandonné l’école, je suis parti au Nigeria travailler comme ouvrier agricole. Après 4 ans, je suis rentré et me suis marié en 2019. Tout l’argent économisé s’est volatilisé en un laps de temps. N’ayant pas appris un métier, il m’était difficile de trouver un emploi. J’ai décidé d’entreprendre quelque chose en faisant l’aviculture. C’est alors que j’ai été sélectionné pour recevoir une formation en technique de conduite d’élevage par PRRéCAZ. Aujourd’hui, je suis fier de disposer d’un poulailler moderne avec un cheptel non négligeable. À tout moment, je peux vendre une partie de la volaille pour satisfaire les besoins de ma famille », déclare Lakirou.
A Pabégou, dans la commune de Copargo, Modibo Yacoubou a aussi bénéficié de l’appui de PRRéCAZ, à travers des formations en technique d’élevage et de la construction d’un poulailler avec des matériels et équipements (brouettes, mangeoires, abreuvoirs, fût de stockage d’eau, râteaux, pelles avec manches, etc.).
« J’ai été formé sur comment gérer une entreprise, faire la culture des asticots pour nourrir la volaille. Je dispose de 120 pintades et de 200 poulets dans mon poulailler. Avant, j’enregistrais un taux de mortalité de 69%. Mais depuis que j’ai été formé par PRRéCAZ, la mortalité de mon cheptel a baissé et est d’environ 18% », raconte- t -il. Modibo compte faire le déstockage pendant les fêtes de fin d’année et pour le ramadan.
Au Bénin, beaucoup de jeunes, par manque d’opportunités au niveau local, migrent vers les grandes villes ou vers les pays voisins notamment le Nigeria à la recherche du mieux-être.
Dans le cadre de la mise en place des modèles intégrés de production basés sur les chaînes de valeur, le projet a appuyé dix (10) éleveurs/éleveuses de petits ruminants. A cet effet, dix (10) bergeries ont été construites par les ménages vulnérables bénéficiaires, avec l’appui technique du PRRéCAZ qui a mis à leur disposition des kits d’animaux (27 ovins et 04 caprins). Chaque bénéficiaire a mis en place autour de sa bergerie une parcelle fourragère pour réduire les coûts de l’alimentation de son cheptel. Les déjections animales sont valorisées pour la fabrication du compost au moyen d’une compostière installée à proximité des bergeries ; une façon de mieux gérer les déchets, afin de réduire l’utilisation des engrais chimiques, qui appauvrissent au fil du temps les sols et d’améliorer le rendement des cultures.
Par ailleurs, des poulaillers ont été construits au profit de six (6) jeunes aviculteurs dont deux (02) femmes avec la mise à disposition de kits d’élevage, des matériels et équipements (brouettes, mangeoires, abreuvoirs, fût de stockage d’eau, râteaux, pelles avec manches, etc.) et l’installation de parcelles fourragères pour l’alimentation de la volaille et du bétail. Pour assurer l’accompagnement technique des bénéficiaires, le projet travaille en synergie d’actions avec l’ONG belge Vétérinaires Sans Frontières (VSF).
"Ce projet est en train d’apporter un grand changement dans mon village. Je suis très content de voir les jeunes s’adonner à des activités génératrices de revenus comme l’élevage. Avec ces activités, ils ne sont plus désœuvrés et portés vers l’exode rural ".Dagoun Issa Sidi, Chef du village de Sinassingou
Lancé en mars 2023, le PRRéCAZ a pour objectif général de renforcer les capacités de résilience des communautés des zones frontalières béninoises, face aux effets néfastes des changements climatiques en vue d’une protection des moyens de subsistance et de la réduction de la pauvreté. Il est appuyé par le Gouvernement du Bénin, le Royaume de Belgique et le PNUD et intervient dans les communes de Copargo, Ouaké, Djougou et Malanville.
A ce jour, les réalisations du projet ont pu toucher plus de 15.909 personnes :
- 6272 jeunes hommes, 4217 jeunes femmes et 66 personnes handicapées ont été formés sur le système intégré de production et le fonctionnement des clusters agricoles ;
- 3444 membres de 14 clusters agricoles appuyés en matériels et équipements agricoles (des tracteurs, des motoculteurs, des batteuses-vanneuses, des motopompes, des décortiqueuses, des semoirs, des kits d’étuvage, des tricycles, des moulins à grain de soja, et bien d’autres) pour améliorer leur productivité ;
- 506 acteurs formés (dont 158 femmes et 21 handicapés) sur les pratiques agroécologiques ;
- 6 solutions de résilience aux changements climatiques promues : (i) Utilisation des semences paysannes ou locales tolérantes et à cycle court, (ii) Push-Pull, (iii) Test du sol, (iv) Labour minimum, (v) Fabrication de compost liquide, (vi) Approche de recheptellisation à travers la mise à disposition de kits d’animaux et construction de poulaillers au profit des éleveurs pour la valorisation des déjections animales et autres déchets biodégradables au moyen de compostières ;
- 125 ha (50 ha d’anacardiers greffés et 75 ha de Gmélina arborea) de terres reboisées dans les communes de Djougou (Té-foungou), Copargo (Kamaha), Ouaké (Kim-Kim) et Malanville (Wanda) pour accroître la productivité des terres, le stockage du CO2, etc. ;
- 30 ha de parcelles fourragères (pois d’angole, mucuna, panicum, bracharia) mis en place pour la sédentarisation des éleveurs et la réduction des conflits agro-pastoraux dans les communes d’intervention du PRRéCAZ au profit de 76 campements peuhls ;
- 1141 personnes (chefs villages, des sages, des leaders religieux) dont 661 femmes et 11 personnes handicapées ont été formées sur la thématique "genre" (promotion de la masculinité positive, impact des violences basées sur le genre sur le développement rural et la sécurité alimentaire, etc.