Plaider pour une économie verte

5 avril 2021

PNUD Nigéria

Les pays sont actuellement en train de définir leurs engagements nationaux révisés en matière de climat, connus sous le nom de contributions déterminées au niveau national, dans le contexte de multiples crises historiques : le changement climatique, l'augmentation des inégalités et les répercussions sanitaires et économiques de la COVID-19. Heureusement, il est possible de faire face à ces trois crises en même temps, par une transition juste vers une économie verte. Le PNUD et l'OIT aident les gouvernements à opérer un changement fondé sur des preuves, qui profite à la fois aux personnes et au climat.

Rappelez-vous où vous étiez au tournant de l'année 2020 – qui aurait pu prédire ce qui allait se passer ? Ce qui a d’abord semblé un cas de pneumonie s'est rapidement transformé en une urgence de santé publique mondiale, puis en une véritable crise socio-économique.

Outre les nombreuses vies perdues, plus de 500 millions d'emplois ont été mis en péril par la pandémie de COVID-19, dont au moins 100 millions auront totalement disparu. Ces chiffres ne reflètent pas seulement une crise économique, mais aussi une crise humanitaire. Derrière chaque emploi perdu se cache une personne. Beaucoup d'entre elles sont des femmes, des jeunes et des travailleurs de l'économie informelle déjà vulnérables, qui font souvent vivre des familles entières.

Plaider pour une économie verte

L'année a représenté un défi monumental pour les gouvernements qui ont dû s'efforcer de contenir la propagation du virus compte tenu des retombées économiques, de soutenir les travailleurs et d’assurer la continuité éducative des enfants. Dans le même temps, la crise climatique n'a pas disparu, pas plus que l'écart croissant entre les riches et les pauvres. En fait, ces défis existants ont été amplifiés par la pandémie.

Malgré la morosité ambiante, il y a une bonne nouvelle : en faisant les bons choix, les gouvernements peuvent s'attaquer à toutes ces crises en même temps, en opérant une transition vers des économies vertes à faible intensité de carbone.

Créer des emplois

L'Organisation internationale du travail (OIT) estime que la transition vers une économie verte à faible émission de carbone pourrait créer 60 millions d'emplois dans le monde à l’horizon 2030.

Mais quels sont les compromis attendus ? La prise de décisions informées de la part des gouvernements et des entreprises nécessite des preuves. Nous devons utiliser des données concrètes pour montrer que l'action en faveur du climat et la transition vers une économie verte présentent des avantages considérables, non seulement pour l'environnement, mais aussi pour l'emploi.

Pour ce faire, nous devons mesurer et évaluer les implications environnementales, sociales et économiques des politiques et des investissements climatiques. Cela implique d'examiner les données et de poser les questions suivantes : tout le monde en bénéficiera-t-il de la même manière ? Que signifierait par exemple la construction d'une centrale hydroélectrique ou d'une ferme solaire ? Créera-t-elle des emplois pour les travailleurs urbains qualifiés ou profitera-t-elle aux femmes travaillant dans l'économie informelle ? Les compétences, la main-d'œuvre et la technologie nécessaires à la construction et à la gestion de tels projets sont-elles disponibles dans le pays ? À quoi ressemblerait une transition vers une énergie 100 % renouvelable pour les travailleurs ?

En identifiant les synergies et les compromis entre l'action climatique et les besoins de développement plus larges, les décideurs politiques peuvent renforcer les impacts positifs des paquets de relance et engager des changements systémiques.

À l'aide d'un modèle d'évaluation des emplois verts développé par l'OIT, le programme de soutien aux CDN du PNUD a aidé le Zimbabwe et le Nigéria à quantifier les effets de politiques climatiques et d'économie verte sur la création d'emplois, y compris pour les femmes et les jeunes, en matière de répartition des revenus, de développement des compétences et de croissance économique dans leur contexte.

Le processus a donné des résultats intéressants et instructifs, la modélisation révélant des implications très différentes sur la croissance de l'emploi à moyen et long terme.

 

Au Zimbabwe, sur la douzaine d'investissements climatiques et de scénarios politiques modélisés dans l'énergie, les processus industriels, l'agriculture et la sylviculture, les investissements dans l'agriculture de conservation ont créé jusqu'à 30 000 emplois pour chaque million de dollars investi. Ce chiffre contraste fortement avec les 100 emplois seulement créés pour chaque million investi dans un barrage hydroélectrique et les 25 emplois créés dans le solaire commercial.

Au Nigéria, les politiques vertes présentent des avantages similaires. Quelque 25 000 emplois devraient être créés grâce à des initiatives de transport public, et 12 millions grâce à une augmentation massive des énergies renouvelables. Les politiques liées à l'agriculture et à la forêt se sont avérées avoir le meilleur rapport qualité-prix, et les initiatives d'utilisation rationnelle de l'eau ont semblé créer davantage d'emplois pour les femmes à long terme.

Ces résultats orientent les décideurs politiques du Zimbabwe et du Nigéria, ainsi que d'autres pays, pour comprendre l'impact distributif des politiques et, en fin de compte, choisir celles qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre et apportent des avantages économiques et sociaux considérables.

Les résultats de la modélisation, ainsi que les recommandations politiques sur l'exploitation des possibilités d'emploi et la réalisation d'une transition juste de la main-d'œuvre, seront reflétés dans les CDN des pays et réalisés par les programmes nationaux de l'OIT et du PNUD.

Si on ne le mesure pas, on ne peut pas le gérer

En matière d'élaboration de politiques climatiques et d'investissements connexes, nous devons adopter une approche multidimensionnelle, visant non seulement à réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi à augmenter le PIB, à créer des emplois et à assurer une transition juste et équitable pour tous.

Nous pouvons aider les décideurs politiques à trouver la meilleure voie en fournissant des preuves.

Certains emplois seront perdus au fur et à mesure que nous abandonnerons les combustibles fossiles. Mais beaucoup plus d'emplois seront créés, avec le potentiel d'employer ceux qui étaient auparavant laissés pour compte.

Ce n'est qu'en évaluant les implications socio-économiques d'une transition verte que l'on peut maximiser les opportunités.

Le moment de la transformation est venu.

Pour en savoir plus sur le soutien que le PNUD et l'OIT apportent aux gouvernements pour mesurer les impacts socio-économiques des politiques climatiques et utiliser la modélisation pour guider l'élaboration de politiques fondées sur des preuves, veuillez contacter Sangji Lee à l'adresse sangji.lee@undp.org | Tw: @Sangji_climate

Le programme de soutien aux CDN du PNUD est financé par l'Union européenne et les gouvernements allemand et espagnol en tant que contribution au Partenariat CDN.