Nouveau rapport des Nations Unies : La guerre a fait reculer le développement à Gaza de 69 ans.

À moins que les restrictions économiques ne soient levées, qu’un processus de relèvement ne soit facilité et que des investissements axés sur le développement ne soient réalisés, l'économie palestinienne pourrait ne pas être en mesure de retrouver son niveau d'avant-guerre et de progresser en comptant uniquement sur l'aide humanitaire.

22 octobre 2024

L'évaluation suggère qu'un plan global de relèvement et de reconstruction, combinant l'aide humanitaire à des investissements stratégiques dans le redressement et la reconstruction, ainsi que la levée des restrictions économiques et la promotion de conditions favorables au relèvement, pourrait contribuer à mettre l'économie palestinienne sur la voie de la relance afin de se réaligner sur les plans de développement palestiniens d'ici à 2034. Mais ce scénario ne peut se réaliser que si les efforts de redressement ne font l’objet d’aucune restriction.

PNUD

Le Caire – Selon les estimations d’une nouvelle évaluation rendue publique aujourd'hui par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l'Asie occidentale (CESAO), en 2024, la part de la population palestinienne vivant dans la pauvreté passera à 74,3 %, soit 4,1 millions de personnes, dont 2,61 millions de nouveaux pauvres.

L'évaluation, intitulée « La guerre de Gaza : impacts socio-économiques prévus sur l'État de Palestine », prédit également que le produit intérieur brut (PIB) se contractera de 35,1 % en 2024 par rapport à un scénario d'absence de guerre, le taux de chômage pouvant atteindre 49,9 %.

La nouvelle évaluation met à jour les conclusions de deux évaluations précédentes publiées en novembre 2023 et mai 2024. Elle examine également l'étendue et la profondeur des privations, en utilisant des indicateurs de la pauvreté multidimensionnelle, et intègre les perspectives de relèvement dans l'État de Palestine après l’instauration d’un cessez-le-feu.

L'évaluation suggère qu'un plan global de relèvement et de reconstruction, combinant l'aide humanitaire à des investissements stratégiques dans le redressement et la reconstruction, ainsi que la levée des restrictions économiques et la promotion de conditions favorables au relèvement, pourrait contribuer à mettre l'économie palestinienne sur la voie de la relance afin de se réaligner sur les plans de développement palestiniens d'ici à 2034. Mais ce scénario ne peut se réaliser que si les efforts de redressement ne font l’objet d’aucune restriction.

« Les projections de cette nouvelle évaluation confirment qu'au milieu des souffrances immédiates et des horribles pertes en vies humaines, une grave crise du développement est en train de se produire – une crise qui compromet l'avenir des Palestiniens pour des générations à venir », a déclaré Achim Steiner, Administrateur du PNUD. « L'évaluation indique que, même si l'aide humanitaire était fournie chaque année, l'économie pourrait ne pas retrouver son niveau d'avant la crise avant au moins une dizaine d’années. Si les conditions sur le terrain le permettent, le peuple palestinien a besoin dès maintenant d'une solide stratégie de relèvement rapide, qui soit intégrée à la phase d'aide humanitaire et pose les fondements d'un relèvement durable. »

L'évaluation envisage trois scénarios de relèvement rapide, une approche qui comprend un large éventail d'actions permettant de répondre rapidement aux besoins immédiats et vitaux, mais de manière à soutenir l'autonomie des communautés et à réduire progressivement leur dépendance totale à l'aide humanitaire, posant ainsi les fondements d'un relèvement durable à plus long terme.

« Nos évaluations servent à tirer la sonnette d'alarme concernant les millions de vies qui sont brisées et les décennies d'efforts de développement qui sont anéanties », a déclaré Rola Dashti, Secrétaire exécutive de la CESAO. « Il est grand temps de mettre fin aux souffrances et aux effusions de sang qui ont englouti notre région. Nous devons nous unir pour trouver une solution durable qui permette à tous les peuples de vivre dans la paix et la dignité, de récolter les fruits du développement durable et de faire respecter le droit international et la justice ».

Les deux premiers scénarios de l'évaluation envisagent un processus de relèvement rapide qui est sujet à des restrictions ou l’absence totale de stratégie de relèvement rapide. Dans ces deux cas de figure, l'interdiction stricte imposée aux travailleurs palestiniens est maintenue, de même que le gel des « taxes douanières » dues à l'Autorité palestinienne (AP).

La seule différence entre ces scénarios est le niveau de l'aide humanitaire allouée pour répondre aux besoins immédiats. En l'absence totale d’activités de relèvement rapide, l'évaluation suppose que le volume de l'aide resterait inchangé par rapport à son niveau actuel. Dans le scénario du relèvement assorti de restrictions, l'aide humanitaire s'élèverait à 280 millions de dollars par an.

Les projections d'impact donnent des résultats presque identiques pour les deux cas de figure – où le relèvement aux niveaux d'avant-guerre prendrait au moins 10 ans, ce qui montre les limites de la dépendance à la seule aide humanitaire pour la reprise économique de l'État de Palestine.

Dans le cadre du scénario où les efforts de relèvement ne font l’objet d’aucune restriction, les limitations imposées aux travailleurs palestiniens sont levées et les recettes douanières retenues sont restituées à l'Autorité palestinienne. En plus des 280 millions de dollars d'aide humanitaire, 290 millions de dollars sont alloués chaque année à l’appui d’initiatives de relèvement. Il en résulterait une augmentation de la productivité de 1 % par an, ce qui permettrait à l'économie de se relever et de remettre le développement palestinien sur les rails. Ce scénario prévoit des améliorations significatives en termes de recul de la pauvreté, avec un plus grand nombre de ménages ayant accès aux services essentiels et une réduction substantielle du taux de chômage, qui devrait tomber à 26 %.

D’autres enseignements importants se dégagent de l'évaluation :

  • D'ici à la fin de 2024, le développement, tel que mesuré par l'indice de développement humain (IDH), pourrait chuter à des niveaux jamais observés depuis 2004, lorsque l’IDH a été calculé pour la première fois pour l’État de Palestine. Toutefois, utilisant la rétropolation linéaire, l'évaluation prédit que :
  • Pour l'État de Palestine, l'IDH descendra à 0,643, un niveau estimé pour l’année 2000, faisant régresser le développement de 24 ans.
  • Pour Gaza, l'IDH devrait tomber à 0,408 - un niveau estimé pour 1955, réduisant à néant plus de 69 ans de progrès.
  • L'IDH de la Cisjordanie devrait se replier à 0,676, soit une perte de 16 années de développement, qui risque de s’aggraver, selon l'évaluation, si les incursions militaires en Cisjordanie s'étendent.
  • L'évaluation montre que la guerre a également fortement exacerbé l'ampleur des privations, telles que mesurées par l'indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM).
  • Pour l'État de Palestine, l'IPM devrait afficher une nette hausse, passant de 10,2 % en 2017 à 30,1 % en 2024. Les dimensions les plus touchées, pour lesquelles tous les indicateurs ont connu une forte dégradation, sont les conditions de logement, l'accès aux services et la sécurité.
  • Les plus fortes augmentations des taux de privation parmi les indicateurs de l'IPM sont observées dans la liberté de circulation, les ressources financières, le chômage, l'accès aux soins de santé et la scolarisation. Le nombre de personnes en situation de pauvreté multidimensionnelle a plus que doublé pendant cette période, passant de 24,1 % à 55,4 %.

Pour télécharger l'évaluation (en anglais), veuillez consulter ce LIEN 

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