Gestion des risques catastrophe : Le PNUD lance l’étude diagnostique sur l’assurance inclusive et le financement des risques aux Comores
21 mars 2024
Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a organisé un atelier sur l’étude diagnostique liée à l’assurance inclusive et le financement des risques aux Comores. Il s’agit d’une étape cruciale pour introduire l'IRFF et discuter avec les parties prenantes sur les mécanismes permettant de renforcer la couverture assurantielle et les capacités financières du pays face aux catastrophes de tout genre.
Pour se prémunir contre les catastrophes liées au changement climatique, l'Union des Comores conçoit des mesures proactives pour renforcer sa résilience économique et sociale. A ce titre, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en collaboration avec le bureau d'études Milliman a organisé un atelier de lancement sur l’étude diagnostique sur l’assurance inclusive et le financement des risques aux Comores. Cet atelier a réuni les parties prenantes clés à l’instar de la direction générale de la sécurité civile, les institutions financières, les représentants du gouvernement, du secteur privé, la société civile dans le cadre de la mise en œuvre des solutions innovantes pour financer les risques et l'assurance dans le pays.
Le constat a été fait, les Comores sont parmi les pays les plus vulnérables aux catastrophes naturelles et au changement climatique ayant un impact négatif sur son développement et aggravant les vulnérabilités existantes. Ainsi les cyclones tropicaux, inondations et glissements de terrain et les éruptions volcaniques de ces dernières années compromettent gravement la croissance et entraînent d'énormes pertes financières et humaines. A titre d’exemple, le cyclone Kenneth d'avril 2019 a affecté 345.131 personnes, dont plus de 185 000 sévèrement, détruisant des infrastructures cruciales et laissant des communautés entières précaires. En avril 2012, les inondations, glissements de terrain et éboulements ont touché environ 64.987 personnes soit 9% de la population, causant d'importants dégâts matériels et mobilisant d'importantes ressources pour la reconstruction, induisant un recul économique.
Face à ces réalités, le gouvernement comorien a dû mobiliser des ressources substantielles pour répondre aux besoins immédiats de reconstruction, entraînant un recul économique considérable. Ainsi le financement du risque et l’assurance émergent comme des solutions cruciales pour les Comores. D’où l’idée de lancer cette initiative majeure cherchant à adresser ces enjeux cruciaux aux cotés de partenaires stratégiques.
Présente, la représentante adjointe du PNUD Vera Hakim a rassuré que le mécanisme d’assurance et de financement des risques (IRFF) va fournir des solutions de protection innovantes dans 50 pays en développement d’ici 2025. Actuellement, le mécanisme est opérationnel dans 34 pays. « Nous soutenons le développement des produits et services d’assurance innovants destinés aux personnes et communautés vulnérables, tout en investissant également dans la transformation à long terme des marchés de l’assurance. Le travail du Fonds va au-delà de l'offre et de la demande d'assurance. Il examine les législations, le développement des capacités réglementaires et institutionnelles et investit dans le plaidoyer, la formation et l’éducation. Également, l'IRFF, adopte une approche inclusive qui met en avant l'égalité des sexes dans le renforcement de la résilience. En réduisant les obstacles structurels et en favorisant l'autonomisation individuelle, l'IRFF s'engage à promouvoir l'égalité des genres à travers ses politiques et ses solutions de financement des risques et d'assurance. Cette approche est fondée sur la reconnaissance du fait que les femmes sont souvent les plus touchées par les risques de catastrophes et de changement climatique. En intégrant une perspective de genre dans ses initiatives, l'IRFF vise à créer des systèmes plus équitables et inclusifs, contribuant ainsi à une meilleure gestion des risques et à la construction de communautés plus résilientes », devait-elle souligner.
De son côté, le directeur général de la sécurité civile fait savoir que les événements de ces dernières années nous rappellent l’importance de renforcer notre capacité à anticiper, prévenir et gérer les risques de catastrophes naturelles. Il a saisi de l’occasion pour annoncer que l’Union des Comores a souscrit à l'African Risk Capacity pour une assurance paramétrique contre les cyclones tropicaux. Cette souscription, d'un montant de 500 000 dollars avec une limite de couverture de 11 519 700 dollars, témoigne de notre engagement à protéger nos populations et nos infrastructures contre les aléas climatiques. C’est le lieu de remercier le ministre des finances pour son engagement personnel dans ce projet.
Et dans le souci de renforcer la prise en charge de cette problématique, le secteur s’est doté d’une politique nationale, de plan de contingence, et de plan sectoriel et de nombreuses actions ont été entreprises dans le cadre de divers projets afin de renforcer les capacités techniques, matérielles, financières et de promouvoir la visibilité du secteur sur le plan national et sous-régional. Et en dépit de tous ces efforts engagés, ce secteur reste confronté à certains défis de taille dont ceux portant sur les mécanismes de financement en cas de catastrophe. « C’est ainsi que l'étude diagnostique que nous lançons aujourd'hui est une étape cruciale dans notre démarche. Elle nous permettra de mieux comprendre les risques auxquels nous sommes confrontés et d'identifier les solutions les plus efficaces pour y faire face. En travaillant ensemble, je suis convaincu que nous pourrons surmonter ces défis et protéger nos communautés », a renchéris le colonel Abdallah Rafik.
Dans son mot d’ouverture, la secrétaire générale du ministère des finances, Sitti Salim a expliqué qu’au fil des ans, notre nation a dû faire face à des défis majeurs en matière de gestion des risques de catastrophes naturelles, soulignant ainsi l’impérieuse nécessité de renforcer notre capacité à anticiper, prévenir et gérer ces risques. Aujourd’hui, nous nous réunissons avec détermination pour élaborer des solutions novatrices et efficaces qui protégeront nos communautés vulnérables et assureront une reprise rapide après une catastrophe », a-t-elle lancé.
L’expert, chargé d’appui régional Afrique Pap Talla a précisé lors de son intervention qu’il s’agit d’un mécanisme d’assurance et de financement des risques, qui va permettre de réunir tous les différents acteurs publics et privés ainsi que la société civile qui travaille de près ou de loin sur les questions d’assurance et d’inclusion financière et de protection des populations vulnérables que ce soit d’un point de vue technique, financier, régulatoire ou organisationnel. « L’idée est de réunir tous les acteurs clés, de présenter le travail que nous effectuons, de souligner les problèmes identifiés aux Comores et les potentielles solutions et lancer les bases du travail qui sera fait dans les prochains mois et qui aboutira à un plan action pour travailler sur la gestion des risques et catastrophes aux Comores », a-t-il avancé.
Cet atelier a également permis d’aborder la question de la dette. Il a été constaté qu’en l’absence d’un mécanisme d’assurance et de financement des risques, l’Etat se trouve dans l’obligation de s’endetter en cas de crise, ou de répercuter le coût de la catastrophe sur les ressources fiscales. L’idée est de travailler avec les sociétés d’assurance pour identifier des solutions liées aux besoins.
Cette rencontre sera suivie d’une série de consultations régulières permettant d’approfondir l’analyse des défis et l’identification des solutions prioritaires qui seront reflétés dans le diagnostic final. Cela alimentera le plan d’action dans ce secteur pour les prochaines années. Le PNUD à travers l’IRFF et grâce à un financement de la coopération allemande s’engage à soutenir les Comores dans la réalisation des Objectifs de Développement Durable en mettant l’accent sur la protection de la population et des écosystèmes vulnérables.