Réalisation des infrastructures de paix au Mali : un meilleur moyen de réunir les communautés autour des projets socio-collectifs fédérateurs

19 août 2024
a group of people standing in the dirt

Réhabilitation de la mare de Guégnébé, cercle de Nara.

@AZHAR

La paix, c’est la seule bataille qui vaille d’être menée. Dixit Albert Camus

Plus d’une décennie après l’avènement de la crise multidimensionnelle qui a affectée le Mali en 2012, le Mali a démarré un long processus de reconstruction et réconciliation nationale à la suite de la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation issus du processus d’Alger en 2015[1].

Malgré la mise en place des nombreux dispositifs pour la paix et la réconciliation, le pays reste confronté à de nombreux défis avec l’apparition de nouvelles menaces asymétriques tels que le phénomène de la radicalisation, de l’extrémisme violent et l’instrumentalisation des conflits communautaires qui entravent la paix et la stabilité. Cette situation a eu un impact très grave sur la population malienne qui jadis vivait en harmonie à travers des mécanismes traditionnels, religieuses et communautaires de résolution de conflit comme le « Synankouya » ou « cousinage à plaisanterie », le « Siguikafo » ou « Dialogue ».

Afin d’accompagner les efforts mis en œuvre par le Gouvernement malien pour surmonter ces nombreux défis, le PNUD en partenariat avec d’autres agences des nations-unies ; ONU Femmes et ONUDC[2], ont développé le Programme d’appui à la Stabilisation du Mali à travers le renforcement de l’État de Droit (PROSMED) dans le cadre du centre global de coordination des activités relatives à l’état de droit dans les contextes post-conflit et de crise. Il s’inscrit dans le cadre du nouveau programme pays du PNUD Mali (CPD), de la Note Stratégique d’ONU Femmes et du Cadre de Coopération des Nations Unies pour le Développement Durable au Mali 2020-24 (UNSDCF).

 « D’ici 2024, les populations vivent dans un Etat de droit, un environnement de paix et de redevabilité grâce à des institutions publiques fortes, des médias et une société civile exerçant leurs rôles et responsabilités pour une gouvernance efficace et inclusive » et « D’ici 2024, les populations sont résilientes face aux conflits, vivent réconciliées et en harmonie dans un environnement de paix, sécurisé et respectueux des Droits de l’Homme et des traditions culturelles positives ». 

Problème Solving :

Dans le but de fournir un appui aux populations maliennes et d’améliorer leur résilience face aux dynamiques de conflits et de leur permettre de vivre dans un environnement sécurisé et respectueux de l’Etat de droit, Le PROSMED avec ces partenaires AMEDD et AZHAR, ont développé l’initiative « Action concertée autour d’une gestion durable du foncier agricole à travers la redynamisation des commissions foncières communales et villageoises dans les régions de centre, nord et sud du Mali). Ce projet se base sur des solutions innovantes et contextuellement efficaces pour une gestion durable et apaisée du foncier agricole afin que les populations soient moins vulnérables aux dynamiques de conflit, à l’insécurité environnementale et vivent dans un environnement plus favorable à un développement inclusif.

L’un des volets de ce projet appui La réalisation des infrastructures de paix qui est un élément essentiel pour favoriser la stabilité et la résilience dans les communautés fragiles ou touchées par des conflits.

Rôle des infrastructures dans promotion de la paix :

Les infrastructures de paix jouent un rôle primordial dans la protection des communautés contre les crises socio-économiques et environnementales qui peuvent engendrer des conflits ou de l’instabilité car elles impliquent la participation active des citoyens et habitants dans leurs réalisations.

Ce sont des édifices communautaires souvent source de tensions dont la réhabilitation ou réalisation permet d’instaurer la culture la paix.

Chaque infrastructure de paix réalisée est le fruit des rencontres d’échanges avec les Commissions Foncières (CoFos[3]) qui identifient les besoins de réalisation d’infrastructure pouvant créer ou renforcer la paix et la cohésion sociale à l’échelle villageoise ou communale.  Une fois, les besoins identifiés, les types de projet socio-collectifs fédérateurs sont sélectionnés sur la base des critères définis de façon collégiale afin de résoudre ou désamorcer durablement des conflits identifiés récurrents de ces zones.

« le parc de vaccination nous a permis de réduire les tensions autour de la vaccination des animaux. Dans l’ancien parc les tensions étaient courantes. » chef de village de Groumera »

Le projet a appuyé la réalisation de 16 infrastructures de paix dans ces localités d’intervention. L’impact de la réalisation de ces infrastructures est inestimable pour les communautés qui en ont bénéficié, car elles favorisent le développement et une gestion concertée entre les acteurs de la communauté, notamment dans la commune de Groumera (cercle de Diéma, région de Kayes) où l’équipement d’un forage dans le village de Salaka a permis de désamorcer des conflits communautaires autour de l’utilisation du point d’eau. En outre le réaménagement de périmètre maraichers de 2ha avec un forage pour les femmes dans le village de Dougouba, commune de Markala a largement contribué .au renforcement de la cohésion entre les femmes et à atténuer la pression autour des ressources naturelles.


 


[1] COMMUNIQUE DU CONSEIL DES MINISTRES DU MERCREDI 27 MARS 2024 – Koulouba

[2] Le programme était mis en œuvre en partenariat avec la MINUSMA jusqu’à la fin de son mandat le 30 juin 2023. L’entrée d’ONUDC dans le programme a été actée dans le cadre du COPIL du PROSMED du 15 décembre 2023

[3] Le PNUD appuie la redynamisation des commissions foncières pour contribuer à une gestion apaisée et durable du foncier agricole | Programme De Développement Des Nations Unies (undp.org)