1,1 milliard de personnes vivent en situation de pauvreté multidimensionnelle, parmi lesquelles près de 500 millions survivent dans des contextes de conflit

De nouvelles recherches menées par le PNUD et l'Oxford Poverty and Human Development Initiative (OPHI) révèlent que les taux de pauvreté sont près de trois fois plus élevés dans les pays touchés par un conflit.

17 octobre 2024

Le rapport comprend une étude de cas approfondie sur l’Afghanistan, où 5,3 millions de personnes supplémentaires sont tombées dans la pauvreté multidimensionnelle au cours de la période agitée comprise entre 2015/16 et 2022/23.

PNUD Afghanistan

New York - Selon la dernière actualisation de l’indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM) dans le monde publiée aujourd’hui, 455 millions de personnes pauvres vivent dans des pays exposés à des conflits violents qui rendent difficile toute avancée sur le front de la pauvreté, quand ils ne réduisent pas à néant des acquis durement obtenus dans ce domaine.

Publié conjointement par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’Initiative Oxford Pauvreté et Développement Humain (OPHI) − basée à l’Université d’Oxford −, le rapport de cette année présente les résultats d’une étude statistique originale de la pauvreté multidimensionnelle portant sur 112 pays et 6,3 milliards de personnes, ainsi qu’une analyse fine de la relation entre conflit et pauvreté. Il comprend de nouvelles données d'enquête pour 20 pays.

L’édition 2024 du rapport de l’IPM révèle ainsi que 1,1 milliard de personnes dans le monde vivent dans une extrême pauvreté et que 455 millions (soit 40 % des pauvres dans le monde) vivent dans des pays en proie à la guerre, fragilisés ou peu paisibles, selon au moins un ou plusieurs des trois ensembles de données largement utilisés dans des contextes de conflit. 

En raison d’un manque de données, la pauvreté multidimensionnelle exprimée par l’IPM dans le monde est mesurée sur une période de dix ans afin de pouvoir comparer les niveaux de pauvreté et l’évolution du phénomène à l’échelle mondiale. Dans ce nouveau rapport, les données sur la pauvreté par pays ont été mises en correspondance avec la situation de conflit ou de fragilité des pays à l’époque afin de produire de nouvelles informations sur les recoupements entre les conflits et la pauvreté. La difficulté de collecter des données dans les pays touchés par un conflit conduisent probablement à une sous-estimation de la pauvreté multidimensionnelle dans ces pays, mais les données disponibles laissent encore entrevoir l’incidence catastrophique des conflits sur la réduction de la pauvreté. 

« Avec l’intensification et la multiplication des conflits ces dernières années, le nombre de victimes atteint de nouveaux sommets, provoquant le déplacement de millions de personnes et perturbant largement les vies et les moyens de subsistance », a déclaré l’Administrateur du PNUD, Achim Steiner. « Notre nouvelle étude montre que sur les 1,1 milliard de personnes vivant dans une pauvreté multidimensionnelle, près d'un demi-milliard vivent dans des pays exposés à des conflits violents. Nous devons accélérer l'action pour les aider. Nous avons besoin de ressources et d'un accès à des interventions spécialisées en matière de développement et de redressement rapide pour aider à briser le cycle de la pauvreté et de la crise ».

Les dix indicateurs de pauvreté multidimensionnelle montrent des niveaux de dénuement plus élevés dans les pays en guerre, ce qui souligne l’impact dévastateur des conflits sur les populations les plus vulnérables du monde. Par exemple, dans les pays touchés par des conflits, plus d’une personne pauvre sur quatre n’a pas accès à l’électricité, contre un peu plus d’une sur vingt dans des régions plus stables. Des disparités similaires sont flagrantes dans des domaines comme l’éducation des enfants (17,7 % contre 4,4 %), la nutrition (20,8 % contre 7,2 %) ou la mortalité infantile (8 % contre 1,1 %). L’étude révèle que les difficultés sont nettement aggravées − en ce qui concerne la nutrition, l’accès à l’électricité et l’accès à l’eau et aux installations sanitaires − pour des personnes pauvres vivant dans un contexte de conflit par rapport à des personnes pauvres qui vivent dans un environnement plus paisible.

C’est dans les pays les plus touchés par des conflits − qui souvent ont déjà les taux de pauvreté les plus élevés − que la pauvreté est souvent la plus élevée. Le rapport comprend une étude de cas approfondie sur l’Afghanistan, où 5,3 millions de personnes supplémentaires sont tombées dans la pauvreté multidimensionnelle au cours de la période agitée comprise entre 2015/16 et 2022/23. Des données sont maintenant disponibles qui permettent d’évaluer la situation post-conflit en Afghanistan et les résultats sont alarmants. En 2022/23, près des deux tiers des Afghans vivaient dans la pauvreté (64,9 %).

Sabina Alkire, directrice de l’OPHI, a déclaré : « Cette étude est la première d’une telle ampleur qui examine l’incidence des situations de conflit sur les personnes touchées par la pauvreté multidimensionnelle. Et les résultats donnent à réfléchir. En utilisant l’IPM à l’échelle mondiale, nous constatons que sur 6,3 milliards de personnes réparties dans 112 pays, 1,1 milliard vivent dans la pauvreté. De plus, 455 millions de personnes pauvres vivent dans des pays en proie à des conflits, fragilisés ou peu paisibles. Pour ces personnes, la pauvreté n’est donc pas la seule difficulté à laquelle elles doivent faire face. Par ailleurs, les niveaux de pauvreté sont bien plus élevés dans les zones touchées par des conflits. Selon la base de données sur les conflits de l’université d’Uppsala, plus d’une personne sur trois est pauvre (34,8 %) dans les pays en guerre, contre une personne sur neuf (10,9 %) dans les pays qui ne sont pas touchés par un conflit. Et malheureusement, la pauvreté recule moins vite dans un contexte de conflit − les pauvres sont ainsi les laissés-pour-compte de ces situations de crise. Ces chiffres nous obligent à réagir : il est impossible de mettre fin à la pauvreté sans investir dans la paix. »

En plus d’une analyse approfondie de la pauvreté dans les situations de conflit, le dernier rapport de l’IPM offre un aperçu nuancé du vécu des personnes pauvres et de l’évolution de la pauvreté dans le monde :

  • Sur 1,1 milliard de personnes pauvres, plus de la moitié sont des enfants âgés de moins de 18 ans (584 millions). À l’échelle mondiale, 27,9 % des enfants vivent dans la pauvreté, contre 13,5 % des adultes.
  • Une grande partie des 1,1 milliard de personnes pauvres n’a qu’un accès limité aux installations sanitaires (828 millions), au logement (886 millions) ou aux combustibles de cuisine (998 millions).
  • Plus de la moitié des 1,1 milliard de personnes pauvres vivent avec une personne sous-alimentée dans leur foyer (637 millions). En Asie du Sud, 272 millions de pauvres vivent dans un foyer qui compte au moins une personne sous-alimentée. En Afrique subsaharienne, ce chiffre atteint 256 millions.
  • Sur 86 pays disposant de données harmonisées, 76 ont considérablement fait reculer la pauvreté d’après la valeur de l’IPM sur au moins une période.
  • Sur les 17 pays dont les données tendancielles vont jusqu’en 2021/22 ou au-delà − ce qui englobe au moins une partie de la période pandémique (COVID-19) −, seuls neuf (le Bénin, le Cambodge, les Comores, le Royaume d’Eswatini, le Kenya, le Mozambique, les Philippines, la République-Unie de Tanzanie et Trinité-et-Tobago) ont enregistré une baisse significative de la valeur de l’IPM et de l’incidence de la pauvreté.

Depuis sa création en 2010, l’IPM est un outil d’analyse déterminant pour localiser les personnes les plus vulnérables dans le monde, c’est-à-dire les plus pauvres parmi les pauvres. L’indice révèle les tendances de la pauvreté dans les pays et leur évolution au fil du temps, permettant ainsi aux décideurs d’affecter des ressources de manière ciblée et d’élaborer des politiques plus efficaces.

Pour plus de précisions concernant l’indice de pauvreté multidimensionnelle 2024 − données sur les enfants vivant dans la pauvreté, tendances dans les zones rurales et urbaines, ventilation des données par région infranationale (1359), structure de la pauvreté à l’échelle continentale, nationale ou locale, etc. −, consultez les sites suivants : hdr.undp.org et ophi.org.uk

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À l'OPHI : Maya Evans | Responsable des communications, Oxford Poverty and Human Development Initiative | Courriel : maya.evans@qeh.ox.ac.uk | Skype : maya.evans3 

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