Au Sahel, une transition vers l’énergie renouvelable

10 septembre 2024
Woman gazing at landscape with an orange sunset in the background

L'accès aux énergies renouvelables est essentiel pour libérer le potentiel énorme de la région du Sahel.

L’accès aux énergies renouvelables est devenu vital pour des centaines de millions de Sahéliens, confrontés à des défis majeurs en matière de lutte contre le changement climatique et de développement. Au Sahel, une région dotée d’un potentiel énorme, le PNUD s’est fixé l'objectif ambitieux de permettre à plus de 150 millions de personnes d’accéder à une énergie propre et abordable d'ici 2025.

Guinée : réduire le fossé énergétique 

Au milieu d’un décor montagneux à l’imposant couvert végétal traversé par de nombreux cours d’eau, les villages isolés de l’ouest de la Guinée, dans la région forestière, semblent évoluer à rebours du temps. Pourtant, sur cette terre dont la pluviométrie est abondante et qui regorge de ressources naturelles, plusieurs localités sont parvenues à combler la fracture énergétique grâce aux énergies renouvelables.

En Guinée, le taux d’accès au service énergétique est de 18,1 %, dont 47,8 % en zone urbaine et 2 % en zone rurale. La consommation étant concentrée en milieu urbain, les ménages ruraux n’ont presque pas accès à l’énergie.

Grâce à la construction de barrages hydroélectriques, des centaines d'habitants des villages de Firadou et Bolodou, séparés par une cinquantaine de kilomètres, bénéficient désormais d'une alimentation électrique continue.

« Désormais, nous avons des prises de courant chez nous pour charger nos téléphones et utiliser des appareils électroniques. Nous avons de la lumière pour mener nos activités dans la nuit. Nous pouvons même regarder la télévision pour nous informer ou nous divertir » , s’enthousiasme un habitant de Firadou. Ici, la centrale électrique mise en place en 2017 et agrandie en 2021 produit 43 KVA d’électricité, et 60 KVA à Bolodou selon la représentation du PNUD en Guinée.

Ces projets d’énergie renouvelables ont été initiés par des jeunes, las d’être déconnectés et voulant rétablir une justice énergétique pour leurs communautés. Des prototypes ont d’abord été fabriqués avec les moyens du bord, et par la suite, le PNUD a accompagné ces initiatives locales et les a fait évoluer.

« Plutôt que de se limiter à l’accès à l’électricité, nous nous sommes demandé ce qu’on pouvait faire de cette énergie. »
Mamadou Ciré Camara, chargé du programme Environnement et Développement durable du PNUD en Guinée

Alimenter la diversification de l’économie

« Plutôt que de se limiter à l’accès à l’électricité, nous nous sommes demandé ce qu’on pouvait faire de cette énergie. Grâce au bassin de retenue des barrages hydroélectriques, des sites de pisciculture ont été installés dans le but d’améliorer la sécurité alimentaire des populations. Des petits commerces de vente de boissons ou d’aliments réfrigérés ont également été créés » – Mamadou Ciré Camara, chargé du programme Environnement et Développement durable du PNUD en Guinée.

« L’énergie renouvelable crée des emplois pour la jeunesse. Je souhaite que les autorités et les bailleurs continuent de nous accompagner car beaucoup reste à faire. Nous avons les idées, mais pas toujours les moyens » , explique Fara Santos Kamano, électricien à la centrale hydro-électrique de Bolodou. 

La Guinée fonde sa stratégie sur un élargissement de l’accès aux énergies renouvelables, et notamment à l’énergie hydraulique, dans les zones rurales. Le potentiel hydroélectrique dans la production, le transport, la distribution, l’interconnexion, et la maintenance dans le secteur de l'énergie est estimé à 6 000 Mw pour une énergie annuelle garantie de 19 300 Gwh. Progressivement, plusieurs initiatives et investissements relatifs à l’aménagement hydro-agricole pour l’irrigation ou la transformation alimentaire seront mis en place. Cela concerne aussi le domaine de l’énergie solaire et du biogaz. Un levier de développement primordial pour le pays, qui entre dans la stratégie globale de réponse à la crise climatique.

Gambie : leader en matière d'énergie et de climat

En comparaison, la Gambie, le plus petit pays d'Afrique continentale, a déjà atteint l’auto-suffisance en ce qui concerne la production d’électricité et joue un rôle de premier plan dans la lutte contre le changement climatique. C’est un exemple pour les autres pays sahéliens.

Le pays d’environ 2,6 millions d’habitants est en train de construire un super parc photovoltaïque capable de produire 250 MW d’ici à la fin de 2025, non seulement pour répondre aux besoins domestiques, mais aussi pour fournir de l'énergie à ses voisins d'Afrique de l'Ouest. Des systèmes tournant à l’énergie solaire dans plus d’un millier d’écoles publiques et d’établissements de santé.

Les initiatives visant à la transition énergétique vers le renouvelable sont également portées par la société civile qui y voit un intérêt pour accélérer le développement des communautés. Un changement de mentalités et d’usages qui passe par la sensibilisation et la formation.

« Si nous étions capables d'utiliser au mieux l'énergie verte tout en exploitant correctement les ressources, nous construirions une véritable conscience écologique pour les générations futures. »
Malang Sambou, président de l’association Mbolo

Fandema : agir par soi-même

Dans le village côtier de Kartong au sud-ouest du pays, le projet « Fandema », qui signifie « agir par soi-même » en dialecte mandingue, permet à des centaines de jeunes femmes de se former dans les domaines de l’énergie renouvelable comme le photovoltaïque.

« Il y a une grande pauvreté énergétique et cela a un impact important sur la vie des personnes en Afrique, qui sont confrontés à des difficultés d’accès à l’eau et à l’électricité. Il est essentiel de faire participer les femmes à la transition verte, car cela améliorera leur quotidien ainsi que celui de leurs proches et leur permettra d’avoir plus de temps pour elles-mêmes », analyse Malang Sambou, président de l’association Mbolo qui pilote le projet.

« L'énergie renouvelable est le meilleur choix pour les bénéfices locaux en Afrique, par rapport aux combustibles fossiles. Si nous avions moins de dommages et de catastrophes dus à la crise climatique, l'économie n’en serait que meilleure. Si nous étions capables d'utiliser au mieux l'énergie verte tout en exploitant correctement les ressources, nous construirions une véritable conscience écologique pour les générations futures », conclut-il.

Parmi les anciens apprentis de Malang, des dizaines travaillent aujourd’hui dans des entreprises d’installation de panneaux solaires dans la région. Elles contribuent ainsi à l’amélioration de la vie quotidienne de milliers de personnes dans le pays et à la croissance de l’économie locale.