Malgré les potentialités dont dispose le Bénin en matière d’énergies renouvelables, l’accès des populations à l’électricité surtout en milieu rural est limité. En 2016, le taux d’électrification est de 54,5% dans les zones urbaines et ne dépasse guère 7 % dans les zones rurales. La promotion de la biomasse comme source d’énergie renouvelable est une option fortement recommandée pour assurer l’accès à l’énergie des populations, notamment des couches les plus défavorisées et vulnérables. Le développement de la filière biomasse permettra aussi de renforcer le mix énergétique du Bénin et d’atténuer les effets néfastes des changements climatiques.
C’est dans ce cadre que le Projet de Promotion de la production durable de biomasse électricité au Bénin a été mis en place en février 2017 avec l’appui du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), du Gouvernement du Benin, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de la Communauté Electrique du Bénin.
D’un coût global de 29 622 602 $ US, soit plus de 14 milliards de FCFA, le projet vise à réduire les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) par la production d’électricité par gazéification des résidus de récolte non utilisés à travers le Partenariat Public Privé (PPP), à créer un environnement juridique, réglementaire et commercial favorable tout en renforçant les capacités institutionnelles, administratives et techniques dans le secteur.
Le projet envisage l’installation, à titre pilote de quatre (4) centrales d’ici à 2021, qui vont générer 4 MW d’énergie électrique. Ces 4 installations pilotes auront une production annuelle de 24.498 MWh sur 15 ans (la durée de vie des gazéificateurs), évitant ainsi l’émission de 329.981 tonnes de CO2. Il s’agira pour les promoteurs privés de produire de l’électricité à partir de la biomasse de résidus agricoles et de la vendre à l’Etat notamment la Société Béninoise d’Energie Electrique (SBEE).
Comment favoriser l’implantation de centrales de production de la biomasse par le secteur privé ?
Le projet Biomasse Electricité s’est investi d’abord dans la définition du cadre politique, institutionnel et légal favorable à l’installation des centrales de gazéification. Dans une approche inclusive, il a élaboré et soumis à l’adoption par le Gouvernement du document de politique de promotion de gazéification. Ce document définit les modalités de collecte, de transport et d’approvisionnement des centrales à gazéification en biomasse (résidus agricole, résidus de sylviculture, plantation spécifiquement dédiée) à partir des champs de production agricoles, des usines de transformation du bois, des centres de production sylvicole agréés.
Par ailleurs, une méthodologie pour l'évaluation environnementale, économique et financière des projets de centrales à gazéification de biomasse a été élaborée. Ceci permet de doter les structures de l’administration publique d’un outil unique qui permet d’apprécier objectivement les dossiers de projet de construction de centrales à gazéification de la Biomasse au Bénin.
Le projet a aussi défini ensemble avec les acteurs concernés des mesures d’incitation pour favoriser les investissements privés dans la gazéification au Bénin. Il travaille à mettre en place un guichet unique pour faciliter les formalités administratives et réduire les tracasseries administratives aux producteurs indépendants d'électricité à base des énergies renouvelables au Bénin ; et mettre en place et opérationnaliser un le Mécanisme de Soutien Financier (MSF) et un Fonds local de la Biomasse. Cet outil permettra d’aller au secours des producteurs indépendants une fois que la SBEE (acheteur) serait en défaut de paiement quand les Producteurs Indépendant d’Energie (ou IPP) auraient produit et injecté de l’énergie électrique issue de la gazéification sur le réseau de distribution de la SBEE.
Enfin, le projet a mis en place une base de données géoréférencées pour surveiller la disponibilité de la biomasse. En termes de disponibilité de la biomasse, environ 8 millions de tonnes de résidus agricoles sont disponibles chaque année dans le pays, mais seulement 55% sont utilisés dans les zones rurales à travers diverses activités, laissant près de 3,5 millions de tonnes de résidus en putréfaction dans les champs et incinérés à l’air libre par les producteurs agricoles à chaque saison. Or, le Bénin dispose de deux saisons chaque année, ce qui fait environ 7 millions de tonnes incinérés et émettant ainsi des milliers de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Avec 7 millions de tonnes, c’est au moins 12 MW d’électricité par an qui peuvent être générés.
Si les mesures incitatives sont appliquées, le potentiel énergétique de la biomasse sera exploité. L’objectif du Gouvernement du Bénin à l’échéance 2021 étant d’atteindre l'autosuffisance en matière énergétique avec une capacité installée totale de 600 MW qui comprend un bon niveau de mix énergétique où l’énergie renouvelable occupe une place importante.