L’OCDE et le PNUD lancent un programme pour aligner la finance mondiale sur le développement durable
12 novembre 2020
Paris, France - L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le PNUD lancent aujourd’hui un programme visant à aider les acteurs publics et privés à identifier et prioriser les investissements qui contribuent au Objectifs du développement durable (ODD).
Le « Cadre pour l’alignement de la finance aux ODD » (en anglais) présenté au Forum de Paris sur la Paix identifie des solutions pour orienter les milliers de milliards de dollars de l’épargne mondiale vers des investissements plus durables et résilients, et mobiliser davantage de fonds pour les pays les moins avancés, les petits États insulaires en développement et les pays en développement.
Avec une chute de 700 milliards de dollars des flux financiers externes reçus cette année, le déficit de financement des ODD dans les pays en développement est en passe d’exploser, menaçant des dizaines d’années de progrès dans la lutte contre la pauvreté et vers le développement durable. Pourtant, la masse financière disponible dans le système financier international pourrait suffire à inverser la tendance, si elle était mieux alignée avec les ODD : le déficit de financement des Objectifs – environ 2 500 milliards de dollars par an – représente à peine une fraction de ces actifs financiers mondiaux, y incluant des liquidités, des dépôts bancaires, des obligations, des actions, etc.
« Le système financier compte plus de 379 000 milliards de dollars d’actifs détenus par les banques, les investisseurs institutionnels et les gestionnaires d’actifs. En réallouer seulement 1,1% suffirait pour combler le déficit de financement croissant des ODD. Nous devons harmoniser les politiques tout au long de la chaine d’investissement pour mettre notre épargne et nos investissements au service de la transformation de notre monde, et renforcer la résilience du système, » affirme Angel Gurría, Secrétaire général de l'OCDE.
Ce Cadre, requis par la présidence française du G7 l’année dernière, a été établi en concertation avec de nombreux experts des secteurs privé et public. Il s’appuie sur un état des lieux des initiatives existantes pour formuler des mesures à la fois ambitieuses et réalisables, à destination des secteurs public et privé. Il recommande la mise en place de politiques publiques, de standards et d’outils qui maximisent la contribution des capitaux en quête de rentabilité à différents ODD sans porter préjudice aux autres.
Le Cadre est un document évolutif qui sera actualisé par l’OCDE et le PNUD grâce à un dialogue continu lors des forums économiques et financiers internationaux. Les progrès vers une finance plus engagée envers le développement durable et la mise en œuvre du Cadre seront discutés chaque année à Paris, comme prévu initialement en 2019 lors de la réunion des Ministres du G7 en charge de la coopération au développement.
« L’alignement sur les ODD est un premier pas, absolument nécessaire, pour mettre la finance au service de la prospérité, de la paix et du bien-être des personnes et de la planète, réduire les inégalités et sécuriser la valeur de long-terme des actifs mis en dangers par des chocs systémiques récurrents liés à une mauvaise gestion des biens publics mondiaux. La crise de la COVID-19 a renforcé les arguments en faveur de l’alignement en nous rappelant le coût de l’ignorance des risques systémiques, de l’interdépendance des pays dans leurs progrès vers la réalisation des ODD, et leur caractère indivisible. Comme le montre la COVID-19, l’échec dans l’atteinte d’un ODD aura des répercussions sur les autres, et nous affectera tous », a déclaré l’Administrateur du PNUD Achim Steiner.
Le Cadre est reconnu comme un instrument de référence dans la déclaration signée aujourd’hui à Paris par 450 banques de développement au sommet « Finance en Commun », le premier sommet mondial des banques publiques de développement. La déclaration affirme la volonté des banques de transformer leur stratégies, logiques d’investissement, et modalités de fonctionnement pour les aligner sur les principes de finance responsable et contribuer à atteindre les ODD et l’Accord de Paris sur le climat tout en répondant à la crise de la COVID-19.
« Il faut un cadre international commun aux acteurs, qui permette de s’assurer que les investissements publics et privés sont bien compatibles avec les ODDs et l’Accord de Paris.[…] Dans le contexte de la crise de COVID-19 , l’enjeu aujourd’hui est bien de faire en sorte que la « relance » de nos économies, partout dans le monde, soit bien « durable. », a déclaré Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d'État auprès du ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, chargé du Tourisme, des Français de l'étranger et de la Francophonie
Si le Cadre établit les fondements de l’alignement du système financier sur les ODD, le Ministère des Affaires étrangères français, l’OCDE et le PNUD reconnaissent que repenser et transformer le système financier nécessite une action collective. Ils appellent donc les communautés publique et privée ainsi que les plateformes internationales de discussion et de partenariats économiques et financiers, comme le G7, le G20, ou la COP26, à traduire les recommandations en plans d’action propres à leurs communautés.
Cette démarche devrait permettre de converger vers une stratégie mondiale cohérente qui appuie et aide à mettre en œuvre la stratégie du Secrétaire général des Nations Unies pour le financement de l'agenda 2030, et les conclusions présentées par les groupes de travail sur le financement du développement à l’heure du COVID-19 et au-delà.
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