Les services de santé communautaire accélèrent les progrès dans la lutte contre la tuberculose en Angola
30 mars 2023
Quand elle a commencé à se sentir faible et en raison de ses difficultés pour avoir un deuxième enfant, Cristina João Pedro s'est rendue dans une clinique à Gabela, en Angola. L'infirmière, voyant son état de santé, a suspecté une tuberculose.
Cristina souffrait effectivement de turberculose. Elle a pris le traitement qui lui avait été prescrit, mais elle l'a arrêté lorsqu'elle a terminé les médicaments qu'elle avait et que sa toux s'est calmée. Lorsqu'elle s'est installée à Waku Kungo, une ville voisine, son état s'est aggravé. Cristina a consulté un guérisseur traditionnel, qui a également suspecté une tuberculose. Comme son état de santé déclinait, Cristina s'est rendue à l'hôpital public de Gabela.
« Je suis allée faire une radio et quand ils m'ont dit que j'étais très malade, je suis rentrée à la maison et j'ai commencé à pleurer. C'est à ce moment-là que j'ai réalisé que c'était une maladie très grave », a dit Cristina.
La tuberculose est la deuxième maladie infectieuse la plus meurtrière au monde. Pourtant, les services de lutte contre la tuberculose demeurent hors de portée pour bon nombre de personnes. Une éducation sanitaire limitée, des services de santé inadéquats et les frais de santé font que de nombreux patients ne sont pas diagnostiqués et ne bénéficient pas de traitement. La durée du traitement peut prendre plusieurs mois, ce qui augmente le risque de décès, de propagation de la tuberculose ou de résistance aux médicaments s'il n'est pas suivi jusqu'au bout.
Les services de santé communautaire de lutte contre la tuberculose sont essentiels dans les petites villes comme Gabela où les personnes vulnérables n'ont pas toujours les moyens de payer les frais de déplacement pour rejoindre les services de santé plus éloignés. Photos : PNUD Angola
L' Angola figure parmi les pays présentant la plus grande prévalence de tuberculose. La tuberculose demeure la troisième cause de mortalité chez les personnes âgées de 15 à 49 ans. La couverture sanitaire est faible, en particulier pour les personnes à faible revenu dans les zones rurales, 60 % des services antituberculeux étant concentrés à Luanda, la capitale. En 2020, les appareils GeneXpert utilisés pour diagnostiquer la tuberculose ont été orientés vers les tests COVID-19, ce qui a permis de répondre aux besoins urgents liés à la pandémie, mais aussi sans doute contribué à limiter le diagnostic des cas de tuberculose.
Néanmoins, l'Angola affiche des progrès. En 2022, le partenariat entre le gouvernement angolais, le PNUD et le Fonds mondial pour lutter contre la tuberculose a atteint 95 % de son objectif de notification des cas de tuberculose, ce qui indique clairement que les patients sont dépistés. Parmi ces cas, 80 % ont été guéris.
Ces progrès ont nécessité l'accompagnement de patients comme Cristina disposant d'une faible connaissance de la tuberculose et se sentant stigmatisées suite à un diagnostic positif. Avec l'association Development Aid from People to People ou ADPP, une organisation non gouvernementale locale, le PNUD soutient les services de santé communautaire de lutte contre la tuberculose dans la province de Kwanza Sul, où vit Cristina, et à Benguela, une province voisine.
ADPP travaille en étroite collaboration avec les communautés mal desservies pour soutenir les agents de santé communautaire qui informent sur la tuberculose. Ces agents de santé combattent la stigmatisation et les préjugés associés à la maladie qui peuvent retarder le diagnostic et perturber l'acceptation des traitement par les patients.
Ils effectuent également les dépistages, la recherche de cas contacts et orientent les patients vers les professionnels de santé. Ils font partie des communautés et constituent un lien vital entre les patients et les établissements de santé. Après le diagnostic, ils effectuent des visites à domicile et conseillent les patients et les aidants sur des moyens de prévention et de traitement efficaces.
Les patients sont orientés vers les centres de santé de proximité où ils peuvent bénéficier de tests de dépistage et de médicaments gratuits pour la tuberculose si le diagnostic est positif. Photos : PNUD Angola
De retour à l'hôpital de Gabela, Cristina a reçu une nouvelle ordonnance pour obtenir des médicaments contre la tuberculose qui n'étaient pas encore disponibles gratuitement. Elle s'est rendue compte qu'elle n'avait pas les moyens de se procurer ce traitement prolongé, malgré le soutien financier de son mari. À la recherche d'une solution gratuite pour obtenir des médicaments, elle est retournée à l'hôpital où elle a rencontré Josefa Pinheiro Segunda Jaime, agent de santé communautaire de la localité.
« Dès que je n’ai plus eu de médicaments, je suis retournée à l'hôpital et c'est là que j'ai rencontré Josefa, qui a regardé mon ordonnance. Elle m'a dit qu'à l'hôpital, ils fournissaient désormais des médicaments gratuitement et grâce à elle, je n’ai plus eu besoin d’acheter ces médicaments », se souvient Cristina.
Les agents de santé communautaires procurent les médicaments contre la tuberculose et effectuent des visites à domicile pour soutenir les patients durant leur traitement. Photos : PNUD Angola
Cristina a été guérie de la tuberculose l'année dernière. Avec le soutien de Josefa, Cristina s'est engagée à suivre son traitement au quotidien.
« Nous nous sommes mises d'accord sur un jour où je pouvais lui rendre visite à son domicile et je lui ai dit que je l’'accompagnerai dans la prise de son traitement jusqu'au bout. Je l'ai soutenue en apportant des médicaments chez elle et en faisant des visites régulières », a déclaré Josefa à propos de Cristina.
« Je n'ai rencontré aucune difficulté à la soutenir dans sa lutte contre la maladie car elle avait accès aux médicaments, c'est une personne responsable et son mari a aidé pour tout », a-t-elle ajouté.
Josefa renforce la lutte contre la tuberculose en Angola en dispensant une éducation pour la santé et des soins personnalisés aux patients. Son travail est coordonné avec Celestina de Carvalho Fortuna, qui supervise huit autres agents de santé communautaires dans la région d'Amboím. Celestina délivre des formations, apporte un soutien opérationnel et fait le lien entre les hôpitaux locaux et les agents de santé communautaires.
« Le meilleur moyen de lutter contre la tuberculose dans notre localité, c'est par l'information, l'éducation et la communication (IEC) car si nous communiquons efficacement, nous pouvons non seulement prévenir les cas de tuberculose à l'échelle des individus tout en éduquant toute la communauté », a déclaré Celestina.
Le travail de Celestina et Josefa est essentiel pour atteindre les personnes vulnérables qui n'ont pas facilement accès aux soins contre la tuberculose. Leur engagement permet de lutter contre la stigmatisation à l’égard des personnes atteintes de tuberculose et assure la coordination avec les responsables communautaires et les centres de santé de proximité pour encourager le dépistage et le soutien aux patients après un diagnostic de tuberculose.
Pendant plusieurs mois, les patients atteints de tuberculose sont encouragés à suivre leur traitement jusqu'au bout et à adopter les habitudes de prévention en ouvrant les fenêtres et à ne pas partager leurs couverts par exemple. Photos : PNUD Angola
Pour Cristina, ces soins sur mesure se sont avérés essentiels après plusieurs tentatives infructueuses pour finir seule son traitement contre la tuberculose. Elle se sent reconnaissante vis-à-vis de Josefa qui l'a informée sur la maladie. C’est maintenant au tour de Cristina de partager ce qu'elle sait avec les autres membres de sa communauté.
« Avec l'aide de Josefa et de mon mari, je me suis sentie plus en sécurité. Avoir deux personnes à mes côtés m’a fait beaucoup de bien. Si je n'avais pas eu ce soutien, je ne sais pas ce que je serais devenue. Maintenant, j'aide aussi les autres, je leur donne des conseils, leur dis ce qu'il en est et ce qu'est cette maladie. Les gens réagissent bien quand je partage ces informations sur la tuberculose avec eux », a remarqué Cristina.
En Angola, le gouvernement, le PNUD et le Fonds mondial travaillent de concert pour vaincre le VIH, la tuberculose et le paludisme pour un avenir plus juste, plus durable et une meilleure santé pour la population.
Ensemble, ces trois partenaires contribuent à bâtir un système de santé plus solide et plus résilient, capable de faire face aux défis sanitaires et de fournir des services de santé vitaux pour le futur.
En renforçant les services de santé communautaire, ce programme de lutte contre la tuberculose contribue durablement aux efforts de l'Angola pour promouvoir la bonne santé et le bien-être, ainsi que les objectifs de développement durable qui en dépendent.